JDN.
Quelles sont pour vous les grandes tendances des Cyber Lions 2005 ?
Hervé Cuviliez. La grande nouveauté, à mon sens, de ces
Cyber Lions 2005, c'est l'accent mis sur la création. Dans ses
premières années d'existence, le palmarès était motivé par les
prouesses technologiques. Aujourd'hui, grâce à la rapide évolution
des débits, les techniques sont clairement assimilées, ce qui
ouvre la porte à un nouveau défi pour les agences média online :
la qualité de la production. Les deux mots d'ordre sont combinaison
des médias et interactivité. Le jury a récompensé des créations
qui offrent la possibilité aux internautes d'interagir sur le
site, sur des produits ou dans des vidéos. Tous ces paramètres
sont autant d'éléments capables de convaincre le consommateur
de passer plusieurs minutes sur un site, ce qui est un acte
de relation forte avec la marque.
Pourquoi la France est-elle
absente du palmarès 2005 ?
Internet est un média en France qui commence à être reconnu,
mais qui n'est pas encore suffisamment investi par les annonceurs.
Ce n'est pas un manque de talents, au contraire. Les Lions de
la presse ont notamment récompensé de nombreuses agences françaises.
Nous avons donc des talents, des créatifs, mais pas les moyens
de productions nécessaires. Aujourd'hui, en
moyenne, seuls 4,6 % des plans média des annonceurs sont consacrés au Web,
alors que 50 % de la population française passe plus de
vingt heures par mois à surfer. Il y a là un véritable décalage,
et il devient urgent que les annonceurs prennent conscience
qu'Internet est un média
sur lequel il faut investir pleinement. Un travail d'évangélisation
que nous allons mener de front au sein de l'AACC Interactive.
Quels sont les pays aujourd'hui les
plus dynamiques sur le marché de la création publicitaire
en ligne ?
Pendant les premières années d'existence des Cyber Lions, les
Etats-Unis et la Grande-Bretagne dominaient largement le palmarès
de la création publicitaire sur Internet. Depuis deux ans, c'est
le Brésil qui remporte le prix du marché de l'e-pub le plus
dynamique. Un succès qui s'explique par deux facteurs : une
vraie culture de la création, d'un niveau élevé, qui entraîne
un cercle vertueux pour toutes les agences, et de faibles coûts
de production qui permettent d'investir plus facilement sur
ce média. Deux composantes qui commencent également à s'affirmer
dans les pays asiatiques, dont les créations sont de plus en
plus présentes parmi les lauréats. La France, et plus globalement
l'Europe, sont à la traîne. C'est un constat un peu douloureux,
mais je pense que le déclic Internet ne devrait pas tarder à
prendre de l'ampleur parmi les annonceurs. |