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e-Commerce : 2005, l'année des grandes manoeuvres |
Si la croissance est toujours au rendez-vous, + 35 à + 40 %, le commerce électronique a changé de braquet en 2005. Place aux grands groupes, aux grands moyens et aux sites d'intermédiation.
(16/12/2005) |
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Si 2004 a été pour l'e-commerce l'année
de la continuité et du renforcement des positions acquises,
2005 restera sans nul doute, du moins en France, celle des grandes
manoeuvres en vu des développements futurs et de la consolidation
du marché. Car si la progression des ventes en ligne
se maintient, elle commence à s'essouffler quelque peu
de ce côté ci de l'Atlantique.
Certes, le taux de croissance des ventes en ligne en France
reste encore, et de loin, supérieur à celui des
Etats-Unis. Alors que sur les neuf premiers mois de l'année,
l'US Census Bureau annonce une hausse de 28 % de l'e-commerce,
l'Acsel affiche, pour l'Hexagone sur la même période,
une progression de 50 % des ventes en ligne, tandis que
la Fevad enregistre une augmentation de 40 % sur les neuf
premiers mois de 2005. De bons chiffres donc, mais qui d'une
année sur l'autre, maturité du marché oblige,
fléchissent. Sur l'ensemble de l'année 2005, Benchmark
Group anticipe en effet une croissance du commerce électronique
de 35 % contre 44 % en 2004.
De fait, les marges de progression des e-commerçants
français se réduisent et la concurrence se fait
de plus en plus rude. Parallèlement, pour pouvoir proposer
des tarifs attractifs en négociant des prix d'achat avantageux,
la plupart des e-commerçants sont contraints de grossir
et de trouver de nouvelles ressources financières pour
asseoir leur croissance future qui demandera de moyens autrement
plus importants que ceux déployés jusqu'à
présents. Cette tendance a été particulièrement
sensible dans l'un des secteurs les plus dynamique du e-commerce,
le secteur high tech.
Pour financer sa croissance en Espagne et en Italie, deux marchés
à fort potentiel, Rue du Commerce s'est introduit sur l'Eurolist
le 29 septembre 2005, pour lever 10 millions d'euros. Grosbill,
autre pure player sur le secteur informatique, a finalement
opté pour l'adossement à un groupe industriel,
en l'occurrence Auchandirect, pour assurer sa croissance dans
les années à venir. Même chose pour MistergoodDeal
qui a été racheté le 16 novembre 2005 par
le groupe M6.
Cet exercice n'a toutefois pas profité à tout
le monde. Faute de trésorerie et de repreneur, Nomatica,
s'est mis en cessation de paiement après trois années
de rentabilité successives (2000 à 2003), et a
été placée, le 2 décembre dernier, en redressement
judiciaire par le tribunal de commerce de Toulouse. Objectif
: trouver un repreneur industriel d'ici à la fin du mois
de janvier 2006.
De son côté, LDLC, qui a également connu
un exercice 2004-2005 difficile puisque son résultat
d'exploitation ressort en baisse de 5,5 %, à 3,4 millions d'euros
sur cette période, continue à se diversifier.
Après avoir lancé en mars 2005, une enseigne généraliste
spécialisée dans la téléphonie, la hifi, la vidéo
et le home-cinéma baptisée Digifox.com, LDLC récidive
en décembre en lançant Dealtonic, un site de vente
privée et de mode.
Les
secteurs des produits high-tech et du voyage consolident |
Autre secteur phare frappé par les consolidations : celui
du voyage. Opodo, filiale du GDS Amadeus, a racheté coup
sur coup le groupe Karavel-Promovacances, en février
2005 pour 60 millions d'euros, et Vivacances, un site qui jusqu'à
présent appartenait à égalité à
Amadeus et au groupe Galeries Lafayette.
Autre grande tendance révélée en 2005 en matière d'e-commmerce
: l'explosion du commerce entre particuliers (CtoC). En juin
dernier, une enquête réalisée conjointement par la Fevad et
Médiamétrie soulignait la forte croissance du CtoC. Selon cette
étude, près de quatre internautes français sur 10 (39,4
%) déclaraient avoir utilisé, dans les six derniers mois, des
sites permettant de mettre en relation acheteurs et vendeurs.
Un succès que traduit l'audience d'eBay, qui au troisième trimestre
était le premier site de e-commerce français, avec 8,52 millions
de visiteurs uniques selon Médiamétrie. Autre succès
story, PriceMinister. Classé huitième site de commerce
électronique au troisième trimestre, avec 5,1 millions
de visiteurs uniques, la place de marché de produits
neufs et d'occasion a réussi à se hisser à
ce rang grâce à une politique de diversification
intense (en plus des produits culturels, le site propose de
la téléphonie mobile, des produits informatiques, de la photo/vidéo
numérique, de l'image et du son, de l'électroménager, des voyages,
des jouets, du textile, des collections, de l'automobile) et
à un tour de table de 7 millions d'euros bouclé
en février 2005.
Enfin, 2005 a été marqué par trois autres
phénomènes, moins importants, mais tout aussi
significatifs pour l'évolution du commerce électronique.
Le premier est le lancement par quelques marques de luxe telles
que Dior, Vuitton ou encore Jacomo, de leur boutique en ligne.
Le deuxième est le retour en force sur le Net de la grande
distribution. Moins au travers de la distribution alimentaire
qui n'a pas encore trouvé son rythme de croissance, que
via de nouveaux projets tels que le rachat de Grosbill pour
le groupe Auchan et un nouveau chantier pour Carrefour qui devrait
démarrer en mars 2006. Enfin, le tableau ne serait pas
complet sans la noria de sites de petites entreprises. Selon
Powerboutique et l'Acsel, cet ensemble a enregistré une
croissance de 153 % de son chiffre d'affaires sur un an au troisième
trimestre 2005.
Autant de tendances qui devraient déboucher sur de nombreux
défis en 2006. Le premier d'entre eux concernera la gestion
de la croissance. Il révèlera la capacité
des e-commerçants à gérer l'équilibre
financier de leur société en même temps
que son développement tant en terme d'acquisition, que
de diversification et d'internationalisation. Le deuxième
a trait, comme les FAI aujourd'hui, à leur capacité
à gérer correctement la relation client et notamment
les réclamations, ainsi que les retours. Au delà,
le mouvement de concentration déjà à l'oeuvre
devrait continuer dans les secteurs les plus concurrentiels.
Enfin, de profondes innovations en terme d'ergonomie, notamment
au niveau de la présentation des produits, devraient
se poursuivre parallèlement au développement du
haut débit et de la vidéo. |
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