Les sociétés high-tech participent à la reprise en Europe, illustrée par une hausse de 75 % des IPO au premier semestre, selon PriceWaterhouseCoopers (lire l'article du 26/07/05). Sur les quatorze IPO européennes du deuxième trimestre, cinq concernaient des sociétés high-tech. Parmi celles-ci, l'IPO de l'éditeur Internet britannique spécialisé dans les jeux de hasard PartyGaming, à Londres, a marqué l'année en levant fin juin 1,36 milliards d'euros. En France aussi, l'année 2005 a été sans commune mesure avec la précédente qui, hormis le succès d'Iliad Free et les débuts laborieux de Pagesjaunes, n'avait pas déchaîné les passions des investisseurs.
Cette année, l'augmentation des introductions en Bourse en France s'explique en partie par les changements intervenus dans le paysage des marchés boursiers, avec la création par Euronext d'Alternext le 17 mai (lire l'article du JDN du 23/05/05), et le regroupement le 21 février des premier, second et nouveau marché au sein d'Eurolist. Avec Alternext, inspiré de l'Alternative Investment Market (AIM) de Londres créé il y a dix ans, les entreprises Internet en développement ont trouvé un marché où s'implanter facilement. Ce marché présente en effet des règles et des coûts d'introduction allégés, tout en offrant plus de garanties aux investisseurs que l'ancien Nouveau marché (présentation annuelle des comptes, historique des comptes sur deux ans, minimum de capital flottant, accompagnement par un "listing sponsor").
Outre l'Eurolist et Alternext, les jeunes pousses peuvent toujours s'introduire sur le Marché libre, qui n'impose pas de contraintes, mais ne garantit pas non plus une protection aux investisseurs.
L'année 2005 a surtout été marquée par les arrivées de deux poids lourds Meetic et Rue du Commerce sur Eurolist, le marché principal de la Bourse de Paris. Des IPO qui témoignent du retour en grâce des valeurs Internet auprès des investisseurs, et qui symbolisent la réapparition d'une idée qui avait éclaté avec la Bulle : oui, Internet peut encore faire naître des success stories. En cela, ces introductions sont les moteurs d'une reprise basée sur la confiance, celle des investisseurs, mais aussi celle des entrepreneurs. Une confiance à la base du déblocage de la chaîne de financement, le cercle vertueux étant relancé par les nouvelles perspectives de sortie, dont la Bourse fait partie.
| Les sociétés high tech introduites en Bourse en 2005 |
| Société |
Marché |
Cours
d'introduction |
Cours
au 21/12/05 |
Evolution |
|
Meetic
|
Eurolist |
22,30 |
29,72 |
+ 33,3 % |
|
RueduCommerce
|
Eurolist |
15,60 |
16,52 |
+ 5,9 % |
|
Freelance
|
Alternext |
6,81 |
5,90 |
- 13,4 % |
|
Maximiles
|
Alternext |
8,05 |
9,20 |
+ 14,3 % |
|
Meilleurtaux
|
Alternext |
13,70 |
18,48 |
+ 34,9 % |
|
Sporever
|
Alternext |
14,25 |
15,55 |
+ 9,1 % |
|
Boursier.com
|
Marché libre |
7,15 |
9,50 |
+ 32,9 % |
|
Maporama
|
Marché libre |
4,05 |
3,80 |
- 6,2 % |
|
SeniorPlanet
|
Marché libre |
3,90 |
5,50 |
+ 41 % |
|
Source : Journal du Net, 2005 |
Rue du Commerce,
le site marchand spécialisé dans les produits high tech, qu'on croyait sur le point d'être racheté par un groupe industriel (le nom de PPR circulait depuis plusieurs mois), a finalement choisi les marchés financiers. Le titre a connu le 29 septembre une première journée boursière réussie, le cours de l'action, fixé à 15,60 euros, gagnant 11,54 % à 17,40 euros. 90 % des actions disponibles étaient réservées à des institutionnels. La somme levée devait servir un futur développement en Espagne et en Italie.
Le succès initial s'est confirmé sur le quatrième trimestre, puisque l'action vaut aujourd'hui 16,52 euros, soit un gain de 5,9 %.
| Rue du Commerce et Meetic en fer de lance |
Avec celle de Rue du Commerce, l'introduction de Meetic a été l'autre grosse opération du secteur Internet. Ses dirigeants avaient annoncé en décembre 2004 leur volonté d'aller sur le Second marché, mais après la fusion des trois marchés, c'est sur Eurolist que le site de rencontres s'est lancé le 13 octobre. Introduite à 22,30 euros, l'augmentation de 33,3 % de l'action du site a été encore plus forte que celle de Rue du Commerce. Le cours s'établissait le 21 décembre à 29,72 euros.
Ces deux succès du second semestre semblent indiquer que les investisseurs attendent une taille critique pour soutenir les entreprises Internet. En effet, les résultats ont été globalement plus mitigés pour les sept entreprises high tech, de taille plus modeste, introduites au premier semestre sur le Marché libre et Alternext.
Alternext a accueilli quatre sociétés high-tech en 2004, Meilleurtaux, Maximiles, Freelance et Sporever. Meilleurtaux fut la première valeur admise à la cote. La société de courtage en crédit sur Internet Meilleurtaux, qui possède aujourd'hui également des agences, a été introduite le 23 mai à 13,70 euros. Deux mois plus tard, le titre avait progressé de 15,3 % à 17,39 euros. Sa progression a ensuite ralentie pour atteindre 18,48 euros le 21 décembre, soit un gain de 34,9 %.
| Alternext a réussi à séduire les start-up |
Maximiles, le spécialiste des programmes de fidélisation en ligne, est entré sur Alternext le 29 juin à 8,05 euros. Après un recul de l'action de 6,2 % au milieu de l'été, elle termine l'année en hausse de plus de 14 % à 9,20 euros le 21 décembre. Quant à la société de services principalement informatiques Freelance, elle a dû repousser son introduction au 14 juillet à 6,81 euros en raison d'une demande insuffisante. Par la suite, malgré de bons résultats au premier semestre, le cours baissait de 19 % en une semaine. Aujourd'hui, la baisse de la valeur depuis son entrée en Bourse est de 13,4 %, à 5,90 euros (le 21 décembre). Sporever, lui, a connu un développement plus heureux malgré, là aussi, un ajournement de sa date d'introduction. Prévue initialement le 7 juillet, celle-ci fut repoussée au 12 puis finalement au 18 juillet, à 14,25 euros. Mais au final, l'augmentation constante du titre sur l'année a porté l'action à 15,55 euros (+ 9,1 %).
Enfin, en juillet, trois sites de taille plus modeste ont choisi la cotation sur le Marché libre : Seniorplanet, Maporama et Boursier.com. Le but de l'opération pour Seniorplanet, le portail des plus de 50 ans, consistait surtout à accroître sa notoriété et à créer un climat de confiance autour de lui, en plaçant 10 % seulement de son capital. Le 6 juillet, l'action fut introduite à 3,90 euros. Soutenue par une croissance de son activité, le titre a gagné 41 % à 5,50 euros.
Entrée en Bourse une semaine plus tard à 4,05 euros après une période de souscription débutée le 5 juillet, Maporama, qui réalise 73 % de son chiffre d'affaires à l'international, voulait de son côté financer la poursuite de son développement. La fin de l'année a été décevante pour le spécialiste de la localisation, qui perdait 6,2 % le 21 décembre, à 3,80 euros.
Boursier.com est la troisième valeur high-tech introduite sur le Marché libre en 2005. Le 18 juillet, le site d'information boursière ne plaçait que 0,2 % de son capital, avec une action à 7,15 euros. L'introduction en Bourse a jusqu'à présent été un succès puisque le titre vaut 9,50 euros, soit une hausse de 32,9 %.
2005 a également connu quelques ratés, comme celui de KDP Groupe. L'introduction, d'abord prévue sur Alternext à la rentrée, puis annoncée pour le 18 novembre sur le Marché Libre, n'est toujours pas effective. Après moultes péripéties, l'éditeur de la loterie gratuite Koodpo a maintenant reporté son entrée sur le Marché Libre à l'année 2006.
A l'heure actuelle, aucune introduction n'a été annoncée sur le secteur pour 2006. La reprise se confirme et la Bourse termine l'année de manière très positive, dépassant pour le moment les 4.700 points, mais reste à savoir si le développement des entreprises du secteur passera davantage par le marché ou par les opérations du fusions-acquisitions.
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