Le séjour sur mesure, une activité réservée aux grandes agences de voyages en ligne disposant de marques fortes ? Pas si sûr. C'est du moins le pari que Karim Loukil, ancien directeur général du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient chez Nouvelles Frontières, a décidé de faire en lançant, en septembre 2005, un site baptisé Voyagechic.com. Positionné sur le haut de gamme, celui-ci s'adresse principalement à une population d'internautes urbains, aux femmes en raison de leur rôle prescripteur dans le domaine du voyage, et surtout à des CSP + pour lesquels la contrainte financière n'est pas le critère principal dans le choix d'un voyage et qui représente une part négligeable des cyberacheteurs.
Toutefois, Karim Loukil ne veut pas pour autant cantonner son site à une cible trop restreinte.
"Le haut de gamme tel que nous le concevons, ne veut pas dire forcément luxe, prévient-il. Chic ne veut pas non plus obligatoirement dire cher et ostentatoire. Cela équivaut davantage pour moi à un standard de qualité qui n'est ni confidentiel, ni exclusif." Conséquence, le site ne référence que des hôtels de quatre à cinq étoiles qui appartiennent pour beaucoup à des grandes marques de l'hôtellerie avec lesquelles Voyagechic a signé des contrats. Aujourd'hui, le site propose 800 établissements en ligne mais déclare disposer d'une base de 2.000 hôtels qui seront progressivement mis en ligne au fur et à mesure du développement du site et du changement des saisons.
Au delà, proposer des produits haut de gamme impliquait également pour le directeur général et fondateur de Voyagechic.com de pouvoir proposer un mode de vente particulier permettant aux internautes de choisir leur hôtels, leur billet d'avion, la durée de leur séjour et les prestations consommées sur place. D'où l'idée de construire le site autour de packages dynamiques. "Nous proposons également des promotions, mais ce n'est pas ce qui fonctionne le mieux sur le site", admet Karim Loukil.
Pour pouvoir développer un tel projet, gourmand en temps et en compétences techniques, Karim Loukil s'est entièrement reposé sur la société Travelsoft qui a également développé le moteur de recherche du portail du Ceto (Lire l'article du JDN du 02/10/03). Celle-ci a non seulement développé l'architecture du site, mais a également pris en charge les discussions avec les GDS (Galileo, Amadeus, Sabre) ainsi qu'avec Go Voyages pour son moteur de recherche aérien sur les charters. Elle s'est également chargée des négociations avec Accovia, un système de réservation permettant d'assembler automatiquement des forfaits, ainsi qu'avec les banques pour intégrer une solution de paiement en ligne.
Le résultat est un site relativement simple qui permet aux internautes après avoir choisi une destination, un type d'établissement ou une thématique, de choisir un hôtel puis de demander un devis. Ils peuvent alors modifier le nombre de nuitées, préciser le nombre de personnes voyageant, la date du départ, puis choisir un avion, les offres apparaissant par ordre de prix. Le processus se termine par une page récapitulant les choix effectués et permettant aux internautes de rajouter quelques prestations.
Depuis septembre, le site a enregistré 65.857 visiteurs uniques en cumul (source Urchin) et revendique un panier moyen de 1.900 euros TTC, les quatre destinations phare étant
les Maldives, les Seychelles, la Republique Dominicaine et le Maroc. Des résultats obtenus uniquement grâce à du référencement naturel sur des mots clés évoquant des destinations, des liens sponsorisés et du marketing viral soutenu par une campagne de flyers déposés dans des endroits fréquentés par une clientèle urbaine et féminine (salon de coiffure, boutique de déco, etc.).
"Au total, nous avons dépassé nos objectifs de 20 % par rapport à notre business plan", déclare
Karim Loukil. Mais les dépenses sont lourdes. Le projet a nécessité un budget de 500.000 euros et le site emploie pour l'instant six personnes. Aussi pour pouvoir continuer à se développer, la société a initié un tour de table et compte lever 1 million d'euros au cours du premier trimestre 2006. Au delà, elle travaille également à la mise en place d'une solution en marque blanche destinée à être intégrée à des sites d'agences de voyages afin de renvoyer du trafic sur Voyagechic.com. La rentabilité n'est donc envisageable que sous trois ans.
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