|
|
|
Le Wimax, technologie complémentaire à l'ADSL |
Limite de propagation du signal radio, coûts d'équipements élevés... Avant d'opter pour le Wimax, mieux vaut analyser les besoins d'une région. Bilan de la première expérimentation grandeur nature en France, en Pays des Vals de Saintonge.
(28/02/2006) |
|
|
En
savoir plus |
|
Pays
des Vals de Saintonge |
Annuaire
Haut débit en régions |
Dossier
Collectivités
locales |
Le
site
Valsdesaintonge.org |
|
|
Station de base Wimax : le pilône
d'Essouvert
|
|
|
|
|
Kézako
? |
|
Wimax :
(Worldwide interoperability for microwave
access) : norme technique basée sur le
standard international de transmission radio
IEEE 802.16. Permet d'émettre et de recevoir
des données dans les bandes de fréquences
de 2 à 11 GHz. |
LOS :
Line
of Sight,
en ligne de vue, signifie que de l'antenne
de l'utilisateur, on voit celle de la station
de base, sans obstacle. |
NLOS :
Non
Line of Sight, en
non ligne de vue, signifie qu'il n'y a pas de
vision directe entre les deux points. On peut
alors être presque en ligne de vue (NLOS
: Near Line of Sight - rideaux
d'arbres, légère déclivité du terrain...),
ou dans des situations où il y a de forts
obstacles en terme de relief. |
|
|
Equipement
intérieur d'une station de base Wimax
(4 secteurs)
|
|
|
|
|
Kézako
? |
|
Les classes de service :
Le Wimax a été conçu d'emblée pour offrir
différents services à des clientèles différentes,
à travers des outils de gestion du réseau.
La norme 802.16 définit la qualité de service
(QoS) à travers quatre classes de services :
UGS
(Unsolicited Grant Services) :
cette classe est conçue pour supporter un
débit de bits constant et garanti : c'est
donc un équivalent de ligne spécialisée.
RTVR
(Real Time Variable Rate) : à
destination des services temps réel comme
la vidéo MPEG ou la VoIP avec suppression
des silences.
NRTVR
(Non Real Time Variable Rate) :
à destination des services non temps réel.
Idem que précédemment, mais sans garantie
de temps de réponse.
BE (Best
Effort) : pas de garantie de débit
ou de temps de réponse. Cette classe de service
est l'équivalent des services grand public
ADSL. |
CPE (Customer
Premise Equipment) : équipement
Wimax de l'utilisateur, composé en
général d'une antenne extérieure,
d'un boîtier intérieur, les deux
reliés par une câble Ethernet. |
|
|
Antenne
extérieure, élément de l'équipement
client (CPE)
|
|
|
|
|
En
savoir plus |
|
|
|
Elément
du CPE : boîtier récepteur
à domicile
|
|
|
|
Espace rural du nord-est de la Charente-Maritime, le Pays
des Vals de Saintonge compte parmi les nombreux territoires
français situés en dehors du maillage technologique des
opérateurs télécoms, donc à l'écart de la couverture haut
débit nationale. S'il couvre 25 % de la superficie
du département, le Pays n'accueille en effet que 9 %
de sa population et ne compte aucun pôle urbain important.
En octobre 2005, 7 des 117 communes qui constituent le
Pays n'ont pas encore d'accès ADSL. La couverture pour
certaines autres communes est partielle. Par ailleurs, aucune zone
n'est dégroupée totalement et il n'y a aucun réseau alternatif
à celui de l'opérateur historique. Un espace encore sous-développé
en termes d'infrastructure haut débit, mais qui bénéficie
de la forte volonté de ses élus de relever le défi du
numérique.
En 2003, le Syndicat Mixte du Pays des Vals de Saintonge,
qui fédère les élus des sept communautés de communes,
se mobilise pour donner vie à un projet d'expérimentation
Wimax dans le cadre d'un partenariat avec la région Poitou-Charentes
sur le développement numérique des territoires. Cette
technologie alternative d'accès haut débit sans fil est
identifiée dès 2003 comme la plus pertinente au vu du cadre territorial du Pays, des financements mobilisables
et des délais. A cette période cependant, le Wimax est
quasi-inconnu en France et, entre
la recherche de partenariats industriels, le choix des
technologies et la faisabilité réglementaire, le montage du projet aura duré
près de deux ans (lire l'article
du 03/09/04).
Début 2005, la licence expérimentale étant délivrée par l'Arcep (Autorité
de régulation des communications électroniques et des
postes), les partenaires trouvés - TDF
pour les aspects radio et la mise à disposition de pylônes,
e-Qual pour l'opération du réseau, avec le soutien technique
d'Intel -, le projet est enfin sur les rails. L'expérimentation,
qui devait se dérouler initialement d'avril à août 2005,
a été prolongée sous la bienveillance de l'Arcep jusqu'au
31 janvier 2006. Retour sur dix mois de tests Wimax en
grandeur nature.
Une première station de base est implantée au pylône TDF
des Essouverts, situé à 109 mètres d'altitude et haut
de 71 mètres. Le pylône donne en vue dégagée sur toute
la partie ouest du territoire La station de base utilise
quatre secteurs de 90 degrés, chacun utilisant un canal de 3,5
Mhz. Une seconde microstation de base est implantée au
pylône des Naudines, à environ 15 kilomètres de la première.
Elle dispose d'un seul secteur omnidirectionnel. Les deux
stations de base sont en ligne de vue et reliées par une
liaison point à point Wimax. Le raccordement au réseau
Internet doit se faire à partir du siège d'e-Qual au Futuroscope
de Poitiers, via une liaison backbone à partir des Essouverts
de type Transfix (2 Mbits/s) de France Télécom.
Les élus du Pays des Vals de Saintonge ont alors sélectionné
30 testeurs permanents selon deux critères :
la nature des besoins en haut débit, soit un panel composé
à parts égales de particuliers, d'entreprises et de collectivités
locales, et l'emplacement géographique, l'objectif étant
de disposer de sites de test implantés en milieu urbain,
dans des petites communes, dans des endroits isolés, en
milieu dégagé ou au contraire arboré. Sur chaque site
de test a été installé un équipement client (CPE) qui
comprend un élément externe (antenne et gestion radio),
relié par un câble Ethernet à un petit boîtier interne,
qui lui-même dispose d'une prise Ethernet pour liaison
au réseau local ou au PC de l'abonné. Soit un total de
160 postes informatiques connectés au réseau Wimax du Pays
des Vals de Saintonge.
Cette première phase d'installation des équipements du réseau
et des testeurs s'est achevée début mai 2005. Place alors
aux tests. "Cette expérimentation avait pour ambition
de répondre à trois questions : le Wimax est-il une
technologie complémentaire, ou bien alternative à l'ADSL,
dans le contexte de territoire qui est le nôtre ? Si elle est complémentaire, à quel niveau de complément
on se situe ? Et enfin, si de l'expérimentation on
peut tirer quelque enseignement pour un déploiement plus
large sur l'ensemble du territoire", rappelle Rémy Prin,
chargé de missions TIC au Pays des Vals de Saintonge.
Première conclusion du test, en ce qui concerne la portée
du signal radio : quand l'utilisateur est à moins
de 10 kilomètres de la station de base, la réception du
signal est correcte ; quand le testeur
se situe entre 10 et 15 kilomètres, il peut y avoir propagation,
mais pas dans tous les cas ; au-delà de 15 kilomètres,
la propagation est beaucoup plus aléatoire. En situation
de NLOS, le signal se propage à moins de 5 kilomètres
de la station. Au-delà, tout dépend de la taille de l'obstacle.
Avec la technologie Wimax, le changement de modulation
des fréquences doit a priori permettre de garder la connexion
autant que faire se peut, en dépit de la variation du
signal radio. Autre grand avantage : le Wimax a été conçu
pour gérer des classes de services différentes sur le
même réseau. Le tout permettant de parler de "débit garanti" montant et descendant, contrairement à l'ADSL ou au
Wi-Fi. Toutefois, une station de base Wimax, constituée
de quatre secteurs de 90°, chacun utilisant un canal de
3,5 Mhz, offre un débit maximal de 70 Mbits/s. Soit un
débit par secteur d'environ 12 Mbits/s, à partager entre
les abonnés. Pour offrir un débit garanti de 1 à 2 Mbits/s
à chaque utilisateur, chaque secteur ne doit pas couvrir
plus de 200 utilisateurs, entre 50 et 100 pour un débit
équivalent à 15-20 Mbits/s.
Deuxième conclusion donc de l'expérience, en ce qui concerne
les débits : les testeurs qui disposaient d'une connexion
stable étaient satisfaits. Par contre, ceux qui avaient
un signal faible et/ou instable ont parfois constaté des
lenteurs. "Globalement, on voit que le Wimax permet des
débits relativement importants, de l'ordre de 2 à 6 Mbits/s,
pour peu que les conditions de propagation soient bonnes.
Comme ces conditions sont primordiales, on voit que les
engagements commerciaux avec une telle technologie ne
seront pas simples à tenir", explique Rémy Prin.
Début février, au terme de l'expérimentation, le Pays
des Vals de Saintonge a réalisé une enquête de satisfaction
auprès des testeurs, dont un quart environ disposait d'un
accès ADSL haut débit (de l'ordre de 2 Mbits/s) auparavant.
Ainsi, quand la connexion est de qualité correcte, la
satisfaction est générale. La plupart des testeurs ont
relevé la fiabilité d'usage et la facilité de ce qu'apporte
le haut débit pour ceux qui n'en avaient pas. Quand, par
contre, la connexion est instable, c'est logiquement l'insatisfaction
qui ressort, à cause des coupures répétées notamment.
En termes financiers, construire un réseau Wimax nécessite
des stations de base, des CPE pour les clients, des points
hauts pour placer les stations de base, et de raccorder
les stations à un réseau de collecte. Le coût d'une station
de base est d'environ 10.000 euros par secteur. Le prix
des stations de base n'a pas baissé de manière significative
depuis un an, et des technologies nouvelles vont y être
intégrées à court terme, ce qui ne favorisera pas la baisse,
estime Rémy Prin. Toutefois, avec le Wimax mobile et l'extension
du marché, les prix baisseront sans doute. Mais le prix
est à croiser avec la densité nécessaire de stations."
Les CPE, en revanche, ont déjà baissé, de 700 euros il y
a un an à environ 400 euros, avec une prévision
autour de 200 euros fin 2006. La problématique ici est
surtout celle de l'installation chez les particuliers
qui, en l'état actuel, est d'une demi-journée, donc très
coûteuse, et nécessite des services compétents de proximité.
"Les différences d'investissements avec l'ADSL ne sont
pas très significatives. Par contre l'installation des
CPE est encore très pénalisante, et sans doute les études
de terrain d'éligibilité d'un site à un autre sont aussi
à prendre en compte", poursuit le responsable TIC du Pays
des Vals de Saintonge.
Au total, l'expérimentation du Pays des Vals de Saintonge
a coûté 200.000 euros. Un investissement financé à 40 %
par la DATAR (désormais DIACT, Délégation interministérielle
à l'aménagement et à la compétitivité des territoire),
à 10 % par le FEDER (Fonds européens de développement
régional), à 25 % par le Pays et à 25 % par
le conseil général de la Charente-Maritime.
"Le Wimax est selon moi une technologie intéressante pour
completer l'ADSL en termes d'aménagement du territoire
numérique, conclut Rémy Prin. Mais à condition d'analyser
de manière très fine et précise en amont les besoins des
utilisateurs et la géographie du terrain. D'où le rôle
moteur et essentiel des collectivités locales dans l'exploitation
d'une licence Wimax."
Depuis le 31 janvier dernier, tout signal Wimax a cessé
de se propager en Pays des Vals de Saintonge. L'avenir
de cette technologie dans ce territoire est désormais
entre les mains de la région Poitou-Charentes qui, a déposé
une demande de licence régionale Wimax auprès de l'Arcep
(lire l'article
du 09/02/06). L'attribution définitive des licences
est prévue pour juillet 2006. Un choix dont dépend le
projet d'aménagement du territoire numérique du département
de la Charente-Maritime, qui a lancé à l'automne 2005
un appel d'offre pour la construction d'un réseau haut
débit via une délégation de service public. Ce projet,
qui comprend un volet Wimax, définit trois zones prioritaires :
la Haute-Saintonge, la Saintonge Romane, et
le Pays
des Vals de Saintonge. |
|
|
|