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Evènement sportifs et vidéo : un modèle qui se cherche
Si les événements sportifs sont l'occasion de tester de nouveaux services, comme la vidéo sur Internet et sur mobiles, le modèle économique de la diffusion de ces séquences reste à définir.   (30/05/2006)
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Les premiers mois de la saison estivale 2006 seront résolument sportifs pour les internautes. Premier évènement pour se mettre en jambes, Roland Garros, suivi, quelque dix jours plus tard par les premières rencontres de la Coupe du Monde de football, puis par le Tour de France début juillet. Ces grands évènements sportifs qui rassemblent une large audience continuent de représenter pour les médias, les sites éditoriaux ou les opérateurs, de grands laboratoires pour le lancement de services innovants dédiés, conduisant chaque année à une convergence plus forte entre les différents supports télévisuel, Web et mobile.

En effet, pour relayer ces rencontres auprès du grand public, les sociétés n'hésitent plus à mettre en oeuvre une batterie de tests techniques grandeur nature. Ces grands rendez-vous leur permettent également d'étudier de manière concrète, à partir de retours chiffrés, les attentes et les usages des internautes et des utilisateurs de téléphones, afin de définir les tendances à venir. S'inscrivant à la suite des Jeux Olympiques et Paralympiques de Turin, cette succession d'évènements sportifs permettra entre autre aux éditeurs de sites ou aux opérateurs de téléphonie mobile d'évaluer la pertinence d'un modèle de services et de contenus vidéo payants, face à celui du sponsoring réalisé par des annonceurs friands de ces grands rendez-vous sportifs retransmis sur le canal Internet.

"Roland Garros représente pour nous un moment clé, car étant sur place, cet évènement sportif nous permet de réaliser des expérimentations techniques, afin de proposer à nos clients des services à valeur ajoutée", explique Samantha Woods, directeur des sports de la division contenus de France Télécom. Pour l'édition 2005 du tournoi de tennis, l'opérateur avait lancé en partenariat avec France Televisions, "Tennis Everywhere", un service audiovisuel de suivi des matchs de Roland Garros, distribués à la fois sur la télévision par ADSL, via le Bouquet Maligne TV, sur les téléphones mobiles avec Orange, ainsi que sur Internet, depuis le portail Wanadoo. Par ailleurs, Roland Garros avait également été l'occasion de tester la diffusion en haute définition via un encodage en temps réel au format MPEG 4.

Fort de cette expérience réussie lors de Roland Garros, France Télécom a reconduit son dispositif pour les Jeux Olympiques d'hiver de Turin en février dernier, via la mise en place d'un système multi-flux de cinq chaînes proposées en direct et en simultané sur Maligne TV, Wanadoo et Orange. "Dans le bouquet Maligne TV, nous avons ajouté une chaîne interactive de télévision qui permettait de mixer des informations issues d'une base de données présentant des fiches de présentation des athlètes, des données en temps réel sur les classements, en même temps que la visualisation d'une chaîne télévisuelle", ajoute Samantha Woods. L'ensemble de ces services a été reconduit pour la nouvelle édition des Internationaux de Tennis de Roland Garros, avec dorénavant, la possibilité pour les abonnés Maligne TV de suivre tous les matchs du court central en haute définition.

Les rencontres sportives pour expérimenter de nouveaux services en ligne
Pour Newsweb, l'éditeur du site Sports.fr, c'est la finale de la Coupe de France féminine de basket qui a représenté l'occasion d'expérimenter en direct, le dimanche 7 mai, la retransmission d'une rencontre en exclusivité sur Internet. "Nous avions passé des accords avec la FFBB et TPS, pour récupérer le flux et l'encoder à la volée afin de le diffuser en streaming sur Sports.fr, explique Alexis Caude, président du directoire de Newsweb. C'était le premier évènement à être diffusé en exclusivité en ligne. Cela nous a permis de faire un test, mais cette expérience a vocation à être développée de façon plus large pour la saison prochaine."

En effet, au-delà d'expérimentations techniques, les rencontres sportives, qui plus est lorsqu'elles sont internationales et largement médiatisées, permettent d'analyser les attentes des internautes en matière de services additionnels proposés sur Internet ou sur mobile. Les retours de ces différents dispositifs permettent aux opérateurs de dégager, chiffres à l'appui, les tendances à venir. "Pour Roland Garros en 2005, notre dispositif a rencontré un grand succès : 33 % des abonnés Maligne TV ont consulté les dispositifs vidéo, alors que généralement sur ce type de grands événements, l'audience est avoisine les 25 %. Sur le mobile, l'offre a également très bien fonctionné, car nous avons enregistré 30.000 demandes de VOD, alors que l'offre UMTS venait juste d'être lancée", indique Samantha Woods, directeur des sports de la division contenus de France Telecom.

De même, pour la Coupe d'Afrique des Nations, Orange proposait à ses abonnés la possibilité de suivre les matchs quasiment en direct, ce qui a permis à l'opérateur de tester l'appétence du suivi en live, ainsi que les comportements des usagers. "Nous avons enregistré un bon trafic, cela a été riche d'enseignements, mais nous ne voulons pas encore en dévoiler les conclusions", affirme Samantha Woods.

Newsweb se déclare également très satisfait de son expérimentation de service de streaming vidéo. Au total, plus de 26.000 internautes aurait consulté la vidéo. "Ce résultat est excellent, sachant que nous n'avions pas réalisé une grande communication autour de l'évènement. Nous systématiserons donc ce dispositif la saison prochaine pour le basket, mais également pour d'autres sports, étant donné qu'en contrepartie les investissements pour la production ne sont pas trop importants", déclare Alexis Caude, président du directoire de Newsweb.

La commercialisation de ces nouveaux services en question
Ces tests ne servent toutefois pas uniquement à mesurer l'appétence des consommateurs pour ces nouveaux services. Leur modèle de commercialisation est aussi en question. Sur les terminaux mobiles, l'heure est pour l'instant au modèle gratuit, la communauté des utilisateurs de téléphones mobiles 3G compatibles étant jugée encore trop restreinte et pas suffisamment mûre pour accueillir des services vidéo en premium. Sur Internet, en revanche, l'accès aux vidéos constitue un contenu premium par excellence. Et ce, notamment pour les sites des clubs de foot qui entendent bien diversifier leurs sources de revenus par ce biais (lire l'enquête du JDN du 08/03/05).

Toutefois, bien qu'en 2004, le sport paraissait représenter un terrain favorable au développement des services premiums, cette conviction semble avoir été quelque peu remise en question en 2005 outre-Atlantique. Les revenus des services premium dans la catégorie sport aux Etats-Unis ont en effet baissé de 2,7 % en 2005 remarque l'Online Publisher Association, alors qu'en 2004, ils avaient augmenté de 38 %, en 2003 de 26 % et en 2002 de 202 %. Autre enseignement de cette étude annuelle : 88,6 % des services premiums liés au sport tirent leurs revenus d'abonnements, dont 40,9 % sont annuels et 51,7 % mensuels. Des chiffres qui laissent penser que la cible privilégiée des services premiums sont des passionnés de sport qui les consomment tout au long de l'année et non de manière sporadique.

L'offre de vidéos premium peine encore à décoller
Au regard des résultats enregistrés par son dispositif Internet mis en place à l'occasion des Jeux Olympiques de Turin, France Télévisions Interactive n'est sans doute pas très loin non plus de ces conclusions. L'hiver dernier, les sites france2.fr et france3.fr proposaient en premium une formule intégrale offrant l'accès aux 5 canaux en direct, aux résumés et aux émissions de France Télévision pour 2 heures à partir de 1,69 euro l'accès, jusqu'à 20 euros en illimité. Un forfait illimité à 10 euros proposait par ailleurs un accès à la demande à l'émission et aux résumés du jour.

Or France Télévisions Interactive a vendu au total 2.327 forfaits VOD. "Pour donner un ordre de grandeur, ces services ont représenté quelque chose comme 10.000 euros, ce qui est n'est pas un mauvais chiffre, puisqu'il représente environ celui que nous avions réalisé lors de l'édition 2005 de Roland Garros. Mais il est vrai que nous nous attendions à un peu plus, car le dispositif pour le Tour de France 2005 avait généré des revenus trois fois plus importants", explique Laurent Souloumiac, directeur général de France Television Interactive.

Pour France Télévisions Interactive, cette petite performance a été attribuée au fait que les JO étaient moins grand public. Cependant, face au succès qu'ont enregistré les sites Web france2.fr et france3.fr, avec 1,12 million de visiteurs uniques et 6,22 millions de pages vues sur la période, cette petite performance des services payants témoigne d'une réalité : le premium peine à décoller lors des grands événements, surtout au regard des informations gratuites diffusées sur les sites.

Le sponsoring des séquences vidéo en préparation
Un constat qui intervient alors que le marché publicitaire se porte au mieux sur Internet, offrant la possibilité de financer les coûts de ces nouveaux services non pas par des abonnements, mais via des investissements publicitaires spécifiques. "Les événements sportifs se vendent à nouveau très bien sur Internet. Nous avons extrêmement bien vendu nos espaces publicitaires à l'occasion des JO. Nos revenus publicitaires en février 2006 ont été multipliés par 3,5 voire 4 par rapport à février 2005. En 2005, les revenus publicitaires en ligne liés à Roland Garros avaient été multipliés par 2 ou 3", confie Laurent Souloumiac, directeur général de France Televisions Interactive.

Résultat : pour le Tour de France 2006, la direction de France Télévisions réfléchit à rendre gratuit l'accès à la VOD et à financer ce service par du sponsoring. Ce sponsor compenserait ainsi le manque à gagner pour France Televisions Interactive, mais couvrirait également les coûts supplémentaires liés à la gratuité de l'offre vidéo en ligne. "Si nous ne pouvons pas le réaliser cette année, nous le ferons peut-être l'année prochaine, car en termes d'audience, la gratuité présente de grands avantages", précise Laurent Souloumiac.

En effet, pour des sites spécialisés dans le sport, tels que Newsweb, l'apport de services gratuits à valeur ajoutée tels que la vidéo en streaming, les résumés filmés, les interviews proposés en ligne, représente un contenu différenciant qui leur permettent d'attirer une audience plus large. "La logique pour notre portail est d'offrir aux internautes tout notre contenu de façon gratuite afin d'élargir notre bassin d'audience et de monétiser cette audience auprès de nos annonceurs en vendant la totalité de nos espaces publicitaires. Aussi, la vidéo constitue un produit d'appel, et notre volonté aujourd'hui consiste à habituer les gens à consulter la vidéo, plutôt qu'à la concevoir sur un mode payant", affirme Alexis Caude, président du directoire de Newsweb.

L'attribution des droits de Coupe du Monde limite le modèle premium
Un arbitrage qui semble avoir été totalement évacué du principal évènement sportif de cette année : la Coupe du monde de Football. En cause, le modèle d'attribution des droits. En effet, Yahoo est, pour l'heure, le seul à avoir acquis les droits de diffusion du foot pour Internet. Or, le portail, ne dispose pas de dispositifs techniques particuliers pour offrir la retransmission en ligne que ce soit sous un mode gratuit ou payant.

Résultat, les quelques sites qui proposeront des images, les diffuseront gratuitement. Ce sera le notamment de France Televisions Interactive, qui ne disposant ni des droits de retransmission télévisés ni de ceux sur Internet, pense ne proposer que les images des journaux télévisés de France 2 et France 3, ainsi que les "à côtés", tels que les interviews des différents joueurs et des coachs hors des enceintes sportives, comme le stipule la Fifa.

Un site complet hors vidéo sera toutefois lancé, avec un fil de brèves, des articles d'actualité, des informations sur l'équipe de France, ainsi que le scriptage des matchs en temps réel, plus un ensemble de forums et de votes. "Nous attendons néanmoins une forte audience, car à notre grande surprise, la Coupe du monde 2002 avait très bien fonctionné, nous avions enregistré sur cette période une audience multipliée entre 5 et 10", précise Laurent Souloumiac, directeur général de France Televisions Interactive.

Un modèle mixte d'accès aux offres vidéos
Newsweb, pour sa part, affirme être encore en négociation "auprès de détenteurs de droits", afin de pouvoir proposer de la vidéo en ligne de façon gratuite sur Sports.fr. "Nos espaces publicitaires ont déjà été intégralement vendus et nous travaillons dorénavant afin de proposer le sponsoring des vidéos en ligne par un annonceur voire deux en entrée et en sortie des vidéos", indique Alexis Caude, président du directoire de Newsweb, qui escompte une audience de 200.000 visiteurs uniques par jour, et qui espère pouvoir attirer sur l'offre vidéo la moitié d'entre eux.

France Telecom dispose de son côté de droits non exclusifs pour Internet d'extraits "in match", soit 4 minutes de vidéo en quasi-direct pendant le match qui seront accessibles via un programme d'abonnement, comme l'impose le contrat. Toutefois, les 4 minutes de résumé vidéo du match proposées après le coup de sifflet seront en accès gratuit. "Cela nous permettra de mesurer l'attrait des séquences vidéo sur Internet en payant et en gratuit. Pour la Coupe du Monde, notre volonté consiste à mélanger sur le Web des données en temps réel, du texte et de l'audiovisuel au sein d'un beau dispositif", explique Samantha Woods, directeur des sports de la division contenus de France Telecom.

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Sur le mobile, c'est SFR qui a remporté les droits de la Coupe du Monde pour la France, pour l'ensemble des 64 matchs. L'opérateur permettra donc à ses abonnés de suivre toutes les vidéos quasiment en temps réel, ainsi que l'accès aux archives vidéo de la Coupe de Monde de 2002. Cette diffusion sera offerte via la chaîne vidéo de SFR, et ne sera pas en accès payant au-delà du forfait vidéo. En revanche, Yahoo pense s'aventurer dans des services mobiles premium, avec notamment la possibilité de télécharger des logos et des sonneries, tandis que Orange compte réitérer son service SMS qui avait bien fonctionné en 2002. La vente de contenus sportifs sur Internet et le mobile cherche encore son modèle.
Solveig Emerard-Jammes Sommaire Le Net
 
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