"C'est avec une boule au ventre [
] que je me tourne vers vous pour vous annoncer laconiquement, que je viens de signer la vente de Lafraise à Spreadshirt", écrit Patrice Cassard, fondateur de Lafraise sur son blog. L'annonce a fait l'effet d'une bombe hier, dans la communauté des graphistes et des clients du blog marchand de T-shirts personnalisés. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs posté pour l'occasion un petit mot d'encouragement ou de désespoir. Mais après 3 ans passés à lancer la société, le fondateur qui ne se sent pas l'âme d'un gestionnaire, souhaitait passer à autre chose, et est persuadé que la société allemande pourra facilement prendre le relais et développer les projets qu'il nourrissait pour Lafraise.
"J'ai lancé Lafraise il y a 3 ans, car je venais d'arriver sur Saint-Etienne, je recherchais du travail.J'ai voulu tenter l'aventure de la création de ma propre entreprise, explique Patrice Cassard. En revanche, devenir un gestionnaire ne m'intéresse pas outre mesure, et aujourd'hui j'ai choisi la liberté de pouvoir faire autre chose". Son choix s'est porté sur Spreadshirt, une start-up qui s'est lancée en France il y a plus d'un an (lire l'article du 06/03/06). Les raisons de ce choix, outre l'entente sur le montant d'une vente qui est tenu confidentiel : Spreadshirt a extrêmement bien compris le mode de fonctionnement du site et fera son possible pour en conserver l'esprit communautaire, selon Patrice Cassard.
Même son de cloche chez l'acteur allemand. "Nous sommes là pour prendre le relais, nous comptons offrir le même service, la même qualité, et le même principe de fonctionnement de Lafraise, affirme Emmanuel Levy, directeur France de Spreadshirt. Nous voulons en plus, développer de nouveaux services que Patrice Cassard avait dans les cartons et qu'il ne pouvait pas réaliser dans l'immédiat." Lafraise, dont le chiffre d'affaires sur le mois de juin était de l'ordre de 210.000 euros, avait atteint un stade de développement pour lequel la demande était devenue trop importante, et impliquait la création d'une équipe.
Durant la période de trois mois au cours de laquelle le fondateur va passer le témoin à Spreadshirt, le nouveau propriétaire du site compte travailler au développement de nouveaux services, comme le lancement d'une version de La Fraise sur l'univers enfant, ou comme l'ouverture d'une boutique Lafraise à Paris. "En effet, la diversification de la gamme de produits devenait impérative et la création d'une boutique est une excellente idée. Mais cela était complexe à mettre en place, c'est pourquoi elle ne constituait pas pour moi une priorité", indique Patrice Cassard.
| Diversification de la gamme et ouverture d'une boutique Lafraise à Paris |
De son côté, Spreadshirt a inauguré à Berlin, il y a un mois sa toute première boutique qui présente les créations des gagnants du Derby, la compétition permanente de graphistes, organisée depuis mars dernier par l'acteur allemand. Des ordinateurs sont également proposés en libre service pour se connecter aux sites. A terme, cette boutique s'ouvrira également aux objets personnalisés au-delà des T-shirts. De quoi donner des idées à Spreadshirt pour la création de la boutique aux couleurs et à l'enseigne de LaFraise.
D'autre part, pour garantir aux habitués de LaFraise la continuité de leur site, Spreadshirt envisage de choisir quelqu'un très proche de la communauté, voire issu des Lafraisiens, pour assurer l'animation du blog, via des posts quotidiens, des commentaires, la gestion de la sélection des créations. "Bien sûr, il ne faudra pas reprendre le même ton, mais s'il est lui-même, sa tâche ne sera pas si difficile. Il lui suffira de ne pas avoir peur et de se lancer", se convainc Patrice Cassard. L'important étant surtout de bien suivre les informations remontées par le blog, par mail et par téléphone.
En ce qui concerne l'outil de production, le site Lafraise qui tourne actuellement sur OS Commerce sera intégré au back-office de la plate-forme de Spreadshirt, développée en interne. Dans un second temps, la production passera ensuite par le centre de production allemand. "En matière de technique d'impression, il n'y aura pas de changement. Nous proposons l'ensemble des techniques d'impression possibles allant du flocage, à la flexographie, en passant pas la broderie, l'impression numérique ou la sérigraphie", assure Emmanuel Lévy. Pas d'inquiétude non plus à avoir du côté des frais de port, car il n'y a pas de différence de prix entre l'envoi de France en France, et l'envoi d'Allemagne en France.
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Spreadshirt a levé des fonds auprès d'Accel Ventures
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Pour financer ce rachat, Spreadshirt puisera dans la réserve qu'il s'est constituée en levant des fonds le 17 juillet dernier auprès de Accel Ventures, une opération que la maison mère en Allemagne préparait depuis mars 2006 et sur laquelle elle avait choisi de rester discrète. Si en France, cette levée de fonds permet de consolider sa présence sur le marché, elle répond principalement à une volonté d'expansion à travers le monde. "Notre ambition consiste à devenir l'acteur global de la personnalisation et du merchandising de vêtement et d'objets", rappelle le directeur France.
Cette levée de fonds dont le montant n'a pas été communiqué vise principalement à soutenir la politique d'ouverture de nouveaux marchés, notamment en Asie. L'acteur allemand s'appuyait déjà sur un bureau au Japon, et a ouvert il y a un mois un site en Chine. SpreadShirt ne compte bien sûr pas s'arrêter là et il est fort probable que le développement de la région asiatique suive la même recette que celle utilisée pour s'implanter sur le marché américain, via Spreadshirt Inc, qui dispose de son propre centre de production.
Pour autant, en France, Spreadshirt ne se détourne pas de son développement complémentaire en BtoB, via différents partenariats signés auprès d'annonceurs. Le bureau français a récemment ouvert des boutiques pour Club Internet et AOL. Ces deux FAI offraient és en marque blanche depuis leurs portails la possibilité de créer des T-shirts personnalisés pour la Coupe du Monde et dorénavant pour le Tour de France. Pour pouvoir mener à bien l'ensemble de ces projets, l'équipe française compte s'étoffer d'ici la fin de l'année et passer de 4 à 8 collaborateurs.
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