Après des fabricants, des voyagistes, des éditeurs et des agences de presse, une maison de production de cinéma attaque Google en justice. Flach Film a en effet annoncé jeudi qu'elle assignait la filiale française et sa maison mère devant le Tribunal de commerce de Paris pour "contrefaçon et parasitisme". En cause, le service de partage vidéo du moteur de recherche qui diffusait gratuitement le documentaire Le monde selon Bush, réalisé par William Karel et produit par Flach Film.
Le film, indique le producteur, y était disponible en streaming et téléchargement. Il aurait été vu plus de 50.000 fois, précise-t-il, se référant au comptage de Google.
Si le documentaire a d'abord été diffusé sur France 2, puis au cinéma, il est également disponible en DVD et en VoD, sur le site des éditions Montparnasse. Le distributeur vidéo s'associe également à l'assignation. Les deux plaignants demandent plus de 600.000 euros de dommages et intérêts.
Le moteur se défend en rappelant le fonctionnement de son service de partage vidéo. "Nous ne somme pas éditeurs de contenu, mais une plate-forme ouverte aux internautes pour mettre en ligne des vidéos", explique-t-on chez
Google.
"C'est de l'hypocrisie, s'insurge le producteur Jean-François Lepetit. Google sait filtrer le contenu quand il s'agit de vidéos pédophiles ou incitant à la haine !".
Aux Etats-Unis, la société semble prendre davantage au sérieux les risques de procès pour des questions de copyright. Son service vidéo aurait déjà été mis en cause, et des informations, démenties, indiquaient que 500 millions de dollars seraient provisionnés pour d'éventuelles poursuites concernant YouTube, acheté en octobre (lire l'article en 10/10/06).
Le moteur de recherche a mis en place un mécanisme de filtrage à plusieurs niveaux. En interne, des employés vérifieraient depuis les Etats-Unis la légalité des contenus. Un travail qui serait également effectué par des algorithmes. Surtout, Google permet aux internautes de signaler tout contenu illégal. Par ailleurs, avant sa mise en ligne, une vidéo doit être déclarée libre de droits par l'internaute qui l'envoie. Jean-François Petit propose une autre mesure : la vérification systématique du copyright des films longs métrages envoyés par les internautes.
Le jeu du chat et de la souris |
Avant de porter plainte, Flach Film a d'abord signalé il y a deux mois à Google qu'il diffusait son documentaire. Le moteur a alors supprimé deux des trois liens incriminés mais en aurait laissé un, selon Jean-François Petit, ce qui le poussa aujourd'hui à porter plainte. "Jusqu'à présent, le retrait du contenu suffisait aux producteurs", s'étonne la porte-parole de Google.
Le film, visible sur d'autres sites de partage vidéos, est toujours disponible dans sa version italienne. Il aurait été supprimé puis de nouveau mis en ligne plusieurs fois. "C'est un jeu du chat et de la souris", indique le moteur.
Malgré tout, Jean-François Petit, qui se dit "fervent partisan des offres légales sur Internet", ne s'en prend pas aux internautes. "Je veux cependant leur faire comprendre que pour avoir les moyens de produire des films intéressants, je dois passer des accords commerciaux avec des distributeurs auxquels je garantis une exclusivité. Si l'on continue comme cela, dans un ou deux ans, la seule chose qu'on pourra pirater, ce sera les films des majors américaines."
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