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Les opérateurs : freins au développement du multimédia mobile ?
Accès aux sites mobiles, obstacles à la promotion des services, barrières aux MVNO : les opérateurs étaient au coeur des débats lors du Forum sur les usages du mobile organisé par Benchmark Group, éditeur du JdN, le 7 décembre dernier. Zoom sur la question du décollage des services multimédia.   (01/02/2007)

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Etude Benchmark : Marketing et relation client sur mobile
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Seulement 27,9 % des abonnés à une offre de téléphonie mobile utilisent l'Internet mobile, selon l'Arcep. Quand il s'agit d'expliquer ce désintérêt relatif, de chercher les moyens de faire progresser les usages et de développer l'ensemble du secteur, les regards se tournent naturellement vers les Orange, SFR et Bouygues Telecom, qui à travers leurs portails et Gallery sont le passage obligé vers l'Internet mobile.

Gallery, un passage obligé et semé d'embûches
De fait, le "off portal", c'est-à-dire l'accès direct à un site via son url ou un moteur de recherche, n'est pas développé et surtout pas rentré dans les habitudes des mobinautes, contrairement au portail Gallery. Pour Xavier Marvaldi, directeur général de M6 Web, "l'Internet mobile n'est pas suffisament ouvert en France." Les trois opérateurs contrôlent en effet le service Gallery, à travers l'Association française du multimédia mobile (AFMM). Par l'intermédiaire d'une charte de parution imposée aux éditeurs, ils sélectionnent les sites présents, notamment pour la protection des utilisateurs. "C'est dans notre intérêt et celui des éditeurs", affirme Laurent Herbillon, directeur du développement des services et innovations de Bouygues Telecom.

Mais les éditeurs se plaignent des lourdeurs administratives liées à cette charte, chaque fois qu'ils proposent un site Wap ou i-mode aux opérateurs. L'un d'entre eux, intervenant au Forum Benchmark, faisait part de son expérience difficile, évoquant le choc du service juridique de son entreprise lorsqu'il a pris connaissance des trois énormes contrats différents pour chacune des versions de Gallery. Quand le passage obligé se mue en saut d'obstacles, les annonceurs ont toutes les raisons de grincer des dents.

Les abonnés restent la propriété des opérateurs
Si au moins la contrepartie du filtrage des portails consistait à partager une partie de l'information sur les clients détenue par les opérateurs, la pilule serait moins difficile à avaler. Mais agences et annonceurs déplorent le fait de ne pouvoir obtenir les informations nécessaires pour déployer des campagnes de marketing mobile. "D'une manière générale, les opérateurs ne nous communiquent pas le numéro de leurs clients, mais un alias temporaire sur SMS+ en particulier, regrette Franck Deville, directeur du développement d'Index Multimedia. Cela ne favorise pas la constitution de bases opt-in qualifiées d'utilisateurs qui nous permettrait de mieux cibler les clients, par centres d'intérêt, âge, critère géographique, etc. Au contraire, cela nous oblige à continuellement ré-acquerir les mêmes clients avec de la publicité généraliste, moins ciblée et donc moins efficace." Une demande d'ouverture que réclame également Marc Montaldier, de la Marketing Mobile Association (lire l'interview).

Au coeur des enjeux : les moyens d'accès au consommateur
La publicité semble être au cœur de la problématique du développement des services mobiles. Les opérateurs sont plutôt sceptiques sur cette question, soucieux de ne pas rebuter leurs abonnés. "On ne peut pas faire de la publicité sur mobile comme sur un autre média, affirme Laurent Herbillon de Bouygues Telecom. Si l'on apporte les mêmes formats, cela sera perçu comme intrusif." La publicité ne trouve grâce aux yeux des opérateurs que si elle s'accompagne d'un "bénéfice clients identifié". Exemple : le sponsoring de contenus pour en faire baisser le prix d'accès (le modèle totalement gratuit n'est pas à l'ordre du jour, en raison justement de la taille limitée du marché de la publicité mobile). Les opérateurs estiment donc nécessaire d'inventer et de tester de nouveaux formats.

Le sponsoring pour diminuer le coût d'accès aux contenus

De leur côté, les fournisseurs de services, annonceurs et agences en appellent à plus d'ouverture sur la publicité. "Cela serait une étape importante vers le développement de services, en permettant l'émergence de nouveaux modèles économiques", explique Frédéric Campart, directeur marketing de Jet Multimédia, qui fournit des solutions de marketing mobile. Il cite notamment le portail Gallery, dans lequel la commercialisation de publicités n'est pas autorisée. "Pour faire de la publicité aujourd'hui sur mobile, il faut passer par le portail opérateur." Les budgets consacrés à la publicité sur mobile sont aujourd'hui limités, puisque les annonceurs interrogés par Benchmark Group indiquent un budget moyen de 11.500 euros par campagne.

Avec l'arrivée de moteurs de recherche sur mobile, la publicité sous forme de liens sponsorisés - moins intrusive que des bannières, par exemple - devrait toutefois se développer. En partenariat avec Microsoft, Bouygues expérimente cette solution, qui apporterait selon l'opérateur plus de pertinence à la publicité.

Les MVNO dans l'impossibilité de tirer le marché
Parallèlement aux difficultés rencontrées par les éditeurs de services et les annonceurs face aux trois opérateurs principaux, les opérateurs virtuels (MVNO), qui utilisent les réseaux des opérateurs et se multiplient actuellement (ils auraient représenté 40 % des ventes au troisième trimestre, selon l'Arcep), participent peu au développement du marché des services multimédias. Orange, SFR et Bouygues Telecom, qui considèrent les MVNO comme leur co-propriété, rendent par exemple très cher l'accès au réseau de données. "Pour les MVNO, la TV mobile est un marché fermé pour l'instant, affirme Jean-Louis Constanza de Ten. Les opérateurs bradent la bande passante au grand public mais la vendent très cher aux MVNO."

Les signes d'ouverture et les pistes de coopération
Face à toutes ces critiques, certains prennent la défense des opérateurs. "Ils ont des coûts d'acquisition gigantesques, affirme Laurent David, directeur de Nokia Multimédia, qui explique par ailleurs que les opérateurs français ne sont pas des opérateurs 'tuyaux', mais à valeur ajoutée, avec fourniture de services." D'autres rappellent la responsabilité juridique des opérateurs pour expliquer le contrôle des contenus mobiles. Par ailleurs, les opérateurs joueraient un rôle positif dans l'arrivée de nouveaux services sur le Wap ou l' i-mode, en conseillant les éditeurs. Ainsi, quand Meetic a voulu décliner son service de rencontre sur l'Internet mobile, l'entreprise a suivi les conseils des opérateurs pour proposer un tarif entre 2 et 4 euros, et non les 30 euros demandés sur le Web.

Les moteurs de recherche mobiles ont un rôle à jouer
D'une manière générale, les opérateurs semblent prêts à ouvrir les règles du jeu. "Nous savons que le rôle des portails d'opérateurs va diminuer", affirme Emmanuel Vacher, directeur des services multimédias mobiles d'Orange. Chez Bouygues, on explique avoir toujours été pour l'ouverture. "Dans notre portail, tous les éditeurs sont les bienvenus, affirme Laurent Herbillon. Il n'y a pas de présence exclusive." Autre signe du changement, des opérateurs se disent prêts à ouvrir Gallery à la publicité.

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 Frédéric Campart
 Franck Deville
 Xavier Marvaldi
Comme cela se passe sur le Web, la visibilité des sites mobiles dépend beaucoup des moteurs de recherche. Pour ne pas "enfermer l'utilisateur", Bouygues a ainsi fait de Windows Live Search son moteur officiel. Celui-ci recherche dans l'ensemble de l'Internet mobile, en commençant par les sites de son portail, puis ceux de Gallery, avant de renvoyer vers des sites conçus pour le mobile, mais hors portail. Google, avec lequel l'opérateur est partenaire depuis plus d'un an, n'est plus que moteur non officiel, limité au hors portail.

Enfin, le développement annoncé de nouveaux moyens d'accès à l'Internet mobile, comme le code barre 2D (voir le diaporama) ou le Bluetooth notamment, devraient également faire baisser le poids des portails d'opérateurs et de Gallery.
 
 
Baptiste RUBAT du MERAC, JDN Sommaire Mobile
 
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