Les outils de Vidéoconférence et plus largement
de Visiocommunications souffrent souvent d'une inadéquation
avec les besoins, la solution précédant
la nécessité d'utilisation et non l'inverse.
Pourtant, des applications à la fois très
étoffées et très utiles se répandent.
C'est le message que Jean-François Thau, patron
de Polycom Southern EMEA, a voulu faire passer durant
cette heure de conversation.
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Invité
: Jean-François Thau, Regional VP SEMEA
de Polycom (voir
sa fiche Carnet) |
Date
: Jeudi 7 novembre, 18h-19h05 |
Nombre
de questions posées : 63 |
Nombre de questions
retenues : 17 |
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Jean-François Thau : Bonjour à
tous.
Qu'est-ce qui marche bien comme
outils ?
Jean-François Thau : Vaste question !
Les solutions de travail collaboratifs vont de simples
logiciels à des solutions intégrées
voix/données/image.
Une chose est sûre, aujourd'hui : la technologie
n'est plus un obstacle ; c'est plus le projet applicatif
dans l'entreprise qui va être structurant.
La vidéoconférence, l'audioconférence
et la "data collaboration" sont fiables et accessibles
en termes de coût. A chaque type de besoin correspond
une solution.
Vous avez des exemples d'utilisation
avancée ?
Les grandes entreprises industrielles ont été
les premières à massivement adopter ces
technologies. La globalisation, l'entreprise éclatée
et les problématiques de management à
distance sont leur quotidien.
L'industrie automobile développe ces prototypes
en utilisant la visioconférence pour coordonner
les équipes R&D au niveau mondial. La coordination
des centres de production aéronautique utilise
les mêmes outils.
Dans l'environement médical, le diagnostic à
distance est devenu une obligation.
C'est vrai également de l'enseignement : certaines
régions en France ne disposent que de ressources
limitées dans des domaines pointus : ces technologies
permettent la mutualisation des ressources.
Plus récemment, les PME sont amenées à
partir à la conquête de l'Europe en contrôlant
leur coûts : la visioconférence est un
formidable outil de reporting et de coaching pour un
collaborateur ouvrant un bureau à l'étranger.
Cet catégorie d'entreprises - de 1000 salariés
- représentent aujourd'hui 40% de nos ventes.
Dans le cadre de la télémédecine,
précédemment évoquée , la
Datar et les régions ont financé l'équipement
des maternités en région pour qu'elles
puissent être reliées aux CHU spécialisés
dans les grossesses à risque et permettre, ainsi,
le maintien de la capacité médicale en
région.C'est un véritable succès
qui illustre comment la technologie est un instrument
de la "continuité territoriale" !
Quel est le bon argument à employer
auprès de ma DG pour "vendre" un projet collaboratif
?
Tout est question de mentalité et de volonté
: l'exemplarité et l'appropriation du projet
doit venir d'en haut ! Il s'agit donc d'identifier les
problématiques de votre entreprise et de démontrer
comment ces technologies peuvent être une réponse
en terme d'efficacité.
Deux exemples :
Vous êtes responsable des ventes et avez des collaborateurs
sur l'ensemble du terriroire : ce type d'outil va vous
permettre une réactivité ,une capacité
de coaching, de formation et de reporting, sans commune
mesure avec la traditionnelle réunion du Lundi.
La question n'est pas tant de savoir si ces outils vont
se substituer à ce que vous faîtes normalement,
mais beaucoup plus de savoir et d'identifier ce que
vous ne faîtes pas, et pourriez faire, avec de
telles solutions !
Un deuxième exemple : le recrutement. La pré-sélection
de candidats par cet outil est, à la fois, un
gain évident de temps, mais aussi une mise en
situation du candidat qui va vous permettre de valider
son attitude en situation inhabituelle : il n'est pas
forcément naturel de parler devant une caméra.
Comment calcule-t-on le ROI
d'un projet collaboratif ?
That is the question, mon cher Watson !
Plus sérieusement : les frais de transport économisés,
et le temps de déplacement, sont à peu
près faciles à chiffrer.
La question se complique quand on rentre dans la mesure
de la valeur ajoutée à votre secteur d'activité.
Un exemple : vous lancez un nouveau produit ; vous attendez
la réunion mensuelle suivante pour briefer vos
collaborateurs. Votre concurrent a, lui, fait ce lancement
15 jours avant avec ce type d'outils. A raison de deux
visites par jour de votre force de vente, à combien
imaginez-vous la perte,ou le gain, pour la société
équipée ou non ?
Voilà donc de quoi il s'agit. L'appropriation
du concept par les managers opérationnels est
donc déterminante dans ce processus de calcul.
Comment les utilisateurs potentiels
des outils de Visio s'approprient l'outil en général
? Avec difficultés ? Avec l'enthousiasme de la nouveauté
?
Les deux mon général !
La chose la plus difficile à faire est le "deuil
de son passé" ! Il fait parti du statut du cadre
de se déplacer !
Certaines générations de collaborateurs
refusent cet oeil de Moscou.
D'autres, au contraire, comprennent la valeur ajoutée
quotidienne de ce type d'outil dans la réalisation
de leurs objectifs et s'approprient, dès le départ,
les solutions !
Je trouve que les outils du
type workflow ou gestion des taches sont très contraignants,
ce qui ne me donne pas envie de les utiliser ... Qu'en
pensez-vous ?
Je ne vous cache pas que je suis plus un spécialiste
de la Visioconférence et Audioconférence
que des outils que vous mentionnez...
Là encore, je pense que c'est vraiment l'usage
-l'application- qui fait la véracité de
l'outil plutôt que le contraire !
Ca vaut le coup de former les
employés à l'usage des outils de TCAO ?
Oui, dans la mesure où vous répondez à
la question : a quoi ça sert !
Les collaborateurs, pour ceux que je connais, sont de
plus en plus dans une logique d'exigence par rapport
aux outils mis à leur disposition... Si votre
projet TCAO est un enjeu d'entreprise, alors OUI, formez,
expliquez, coachez...et donnez l'exemple.
Qu'est-ce qui a fait que la
Vidéoconférence a mauvaise image aujourd'hui dans les
entreprises ?
La Visioconférence n'a pas une mauvaise image...
Il y a les entreprises qui s'en servent et les autres
! Allez chez PSA, Valéo, L'oréal, Michelin,
Schneider, Aérospatiale... et dans des centaines
de PME en France, au Ministère des finances...Vous
trouverez des gens qui ne "peuvent plus s'en passer",
au même titre que leur PC ou FAX !
Quels sont vos clients en France
?
Polycom vend environ 300 systèmes de salle par
mois en France à travers un réseau de
partenaires -nous sommes dans un modèle 100%
indirect.
L'ensemble des grands comptes et grandes administrations
sont aujourd'hui équipées.
Mais le coût de ces projets
peut encore être un frein, notamment concernant la visioconférence.
Comment justifier son coût de mise en oeuvre, entretien
etc. ?
Le phénomène interressant, comme je le
mentionnais plus tôt, c'est la descente en profondeur
de ces technologies dans le "middle market". Les PME
représentent aujourd'hui 40% des placements !
Les coûts ont beaucoup baissés et les techniques
de leasing permettent des impulsions analytiques en
coûts de fonctionnement qui permettent de les
comparer directement avec les frais de déplacement.
Mais, une fois encore, la valeur ajoutée et le
ROI est ailleurs. Ces technologies, quand elles servent
la stratégie d'entreprise et sa compétitivité
sur ces marchés, génèrent des retours
quasi immédiats !
Combien coûte approximativement
ce genre de solution ?
Un systeme d'Audioconférence vaut 250 euros ;
les solutions de Visioconférence s'étalent
de 600 à 5.000 euros pour les systèmes entrée
de gamme...Certaines solutions plus sophistiquées
peuvent aller jusqu'à 15.000 euros.
Que pensez-vous de la société
concurrente WebEx ? Comment vous positionnez-vous par
rapport à eux ?
WebEx est plus un acteur complementaire que concurrent.
Il développe des solutions de WebConferencing
dont il est le leader. Nous arrivons de façon humble
sur ce segment avec une solution "WebOffice"qui s'intègre
dans notre architecture Polycom Office.
La capacité des réseaux est-elle
encore un obstacle à la visio-conférence ?
Là aussi, la réponse est à tiroirs...
La capacité des réseaux est suffisante
; l'adminitration de flux voix/données/images
est une autre affaire dans un environnement LAN/WAN
interconnecté avec firewall, gate keeper, etc.
Certaines évolutions concernant le QoS de certains
réseaux sont nécessaires !
L'intérêt, aujourd'hui, n'est-il
pas de coupler l'utilisation de la Visioconférence avec,
notamment, des solutions de data collaboration ? Est-ce
que Polycom envisage des dévelopements dans ce sens
?
Nous le faisons et, à tout dire, c'est notre
force sur le marché : le "Polycom Office" est
la première solution intégrée voix/données/images
homogène et indépendante de la couche
transport sur ce marché...
Polycom, ça marche ?
Et vous ?
Ce concept peut-il booster le
télé-travail ?
Très bonne question ! Nous sommes au coeur de
ce débat : existe-t-il un chainon manquant entre
un face à face pédagogique et une autoformation
via CD Rom ? Je pense que oui et que tout l'enjeu est
d'amener un "continium" de l'entreprise sur le poste
de travail du collaborateur "Remote ou Home Based"...
Les 35 heures et "L'entreprise éclatée"
accélèrent ce phénomène.
La Visioconférence appauvrit-elle
beaucoup la communication ?
Non ,elle l'enrichie... Lequel d'entre nous ne s'est
pas déjà fait la remarque, recevant un
e-mail de son patron deux bureaux plus loin : "quel
C.., il n'aurait pas pu me le dire en face !" L'image
rematérialise la communication d'entreprise !
Jean-François Thau : Ce chat est une
première pour moi ! Un grand merci à tous
pour la pertinence de vos questions... Imagement vôtre
! JFT.
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