Journal du Net > Développeur  > Client Web >  Client Web > Chat > Daniel Dardailler (W3C)
Chat
 
11/10/2007

Daniel Dardailler (W3C) : "L'accessibilité Web implique de séparer clairement la forme et la fonction de l'application"

Web sémantique, interfaces riches, formats d'image, le directeur des relations internationales du consortium de standardisation a répondu aux questions des lecteurs sur les enjeux du W3C aujourd'hui.
  Envoyer Imprimer  

 
Daniel Dardailler (W3C)
 
 
 

 

Web Services, sémantique, requêtes XML... Le champ d'intervention du W3C s'est beaucoup élargi depuis sa création. Comment définissez-vous aujourd'hui vos objectifs ?

Nos objectifs sont toujours les mêmes. Mener le Web a son plein potentiel, c'est-à-dire développer des technologies de bases pour le Web. Ces technologies évoluent, et l'audience s'élargit aussi. Le W3C est passé de quelques groupes de travail a plus de 60 de nos jours. Et au-delà des technologies se rajoutent des problématiques plus politiques, sur la gouvernance de l'Internet, le rôle des Open Standards, du libre. La popularité de nos directives WAI a généré un intérêt de la part des gouvernements qui s'étend au reste de nos travaux. Je pourrais en écrire des pages (voir sur w3.org pour les détails).

Quels sont vos liens avec les autres organismes de standardisation ? Je pense notamment à l'OASIS ?

Nous maintenons des liaisons, formelles ou pas selon l'organisme, avec tous nos "pairs". Il y a une page Liaisons depuis notre home page avec la liste complète. OASIS est membre du W3C, et nous travaillons ensemble pour essayer de faire des technologies complémentaires. Il y a tellement de langages, de formats, de formalismes à établir dans la société en ligne, que la compétition est assez limitée finalement.

Comment se partagent les tâches entre W3C et OASIS ?

Historiquement, le W3C s'occupe des fondations du Web, XML, Web Services ( etc.), et OASIS (à l'origine SGML Open) s'occupe des langages verticaux au dessus. Mais nous sommes dans un domaine en pleine évolution ou la différence entre fondation et vertical n'est pas bien établie.

Quelle est votre méthode de travail pour élaborer les spécifications WAI ? Vous réalisez des tests avec des personnes handicapées ?

Mieux que ça. Ils participent à l'élaboration des spécifications, à la phase de définition des besoins pour commencer, et la période de tests des spécifications fait partie intégrante du cheminement d'une spec vers l'étape finale de Recommendation W3C. Mais il faut comprendre que les directives WAI ne sont qu'une pierre dans l'édifice. Si le navigateur ou la technologie d'assistance ne suit pas, l'accès ne sera pas complet.

 
Cécile Genest © Benchmark Group
 
"Nous sommes conscients que le niveau de précision de WCAG 1.0 n'est pas toujours suffisant pour mettre en place une plate-forme de certification solide"

Que pensez vous des labels élaborés au niveau français et européen sur l'accessibilité des sites Web ?

Depuis plusieurs années, WAI participe a l'effort international pour mieux comprendre en quoi la certification peut aider la qualité sur le Web. Mais nous ne sommes pas les leaders, car notre communauté, avant tout commerciale, voit la certification par une tierce partie avec un peu de crainte. Nous sommes aussi conscients que le niveau de précision de WCAG 1.0 n'est pas toujours suffisant pour mettre en place une plate-forme de certification et de validation solide. Vivement WCAG2. Pour plus de détails sur les diverses politiques d'application de nos travaux, voir w3.org/wai/policy.

Où commencent les limites de l'accessibilité Web ? On ne peut pas adresser toutes les formes de consultation ?

Ce qui est important c'est de bien séparer la forme de la fonction d'une application Web. Pour sélectionner une ville de départ par exemple, on peut utiliser une liste déroulante, un menu vocal, une carte 2D, etc. Mais dans tous les cas, la fonction est la même : on choisit une ville. Une personne qui ne peut pas utiliser de pointeur graphique, comme une souris, ne pourra pas utiliser la carte, ou une personne sourde le menu vocal, mais ils doivent tous être capables de choisir une ville sur le Web.

Pouvez-vous nous parler de GRDDL ? En quoi est-ce une nouvelle avancée pour le sémanique Web ?

GRDDL est le lien qui convertit les données exprimées dans un format XML (tel que XHTML) en données pour le Web sémantique. C'est donc une avancée vers plus de sémantique, ce qui est le but du sémantique Web. Voir sur http://www.w3.org/2007/07/grddl-pressrelease.html.fr pour plus de détails.

Vous travaillez beaucoup sur les notions de meta données, d'ontologie... Des concepts manipulés par les moteurs de recherche... Travaillez-vous en lien avec des acteurs de ce marché ?

Google est membre du W3C. Les langages du Web Semantique sont une plate-forme de choix pour rajouter de la richesse a la recherche sur l'Internet. Nous n'avons pas de groupe de travail sur la recherche sur l'Internet cependant. Les choses marchent suffisamment bien dans ce domaine.

Il existe des nouvelles manières de représenter des contenus sur le Web. Je pense notamment à la cartographie. Vous intéressez-vous à ces nouvelles démarches ?

Notre démarche est de permettre ce genre de nouvelles interfaces, à travers la création de langages comme HTML, CSS, SVG, PNG, etc. Mais nous n'avons pas de groupe de travail dédié à la cartographie. Nous avons néanmoins des liaisons avec le consortium Open Geospatial Consortium. C'est un domaine vertical pour nous. Mais tout ça n'est pas écrit, si suffisamment de membres W3C veulent nous faire travailler là-dessus, nous le ferons volontiers.

 
Cécile Genest © Benchmark Group
 
"Tim Berners-Lee a créé le Web gratuit, et il entend bien que ça le reste"

Quelle est votre position dans le débat sur les brevets logiciels ? vous êtes pour ou contre ?

Nous n'avons pas de position sur le débat général des brevets logiciels, en faut-il ou pas. Le W3C a mis en place il a quelques années une politique sur les brevets associés a ses standards qui préconise des formats sans royalty, et donc implémentable par tous, y compris le logiciel libre. Notre directeur Tim Berners-Lee a créé le Web (http, HTML, URL) gratuit et il entend bien que ça le reste.

Lorsqu'on est développeur indépendant, est-ce possible de collaborer aux travaux du W3C ? Quels sont les critères pour en faire partie ?

Nous avons un mécanisme de participation aux groupes de travail ouvert aux experts indépendants, qui leur donne le même accès qu'un membre pour les travaux techniques, et il y a beaucoup de groupes qui sont complètement ouverts, HTML, WAI par exemple. Chaque groupe maintient aussi une liste de discussion publique et doit publier quelque chose au public tous les 3 mois.

Vous faites partie depuis 2002 de l'ERCIM. Quel bilan faites-vous de cette nouvelle organisation ? A-t-elle contribué à renforcer la dynamique des projets européens du W3C ?

L'ERCIM, au même titre que le MIT aux Etats-Unis ou Keio au Japon, est un organisme d'accueil du W3C, en Europe. C'est un organisme spécialisé dans la synergie entre organismes de recherche informatique européen, et qui anime des groupes de travail dans des domaines du Web, évidemment. Nous gérons nos projets européen avec l'ERCIM. Peu de gens se soucient de notre structure administrative/logistique.


JDN Développeur Envoyer Imprimer Haut de page

Sondage

Adobe parviendra-t-il à percer avec sa nouvelle suite de création Web Edge ?

Tous les sondages