Les spécifications du W3C ne sont pas toujours respectées par les concepteurs de sites, qui ne testent pas toujours leurs pages sur plusieurs navigateurs. A long terme, pourtant, l'intérêt de chacun est de suivre les standards.
(22
janvier 2004)
Plus qu'une association d'acteurs, le W3C véritablement
devenu, depuis deux ans, un label légitimant pour tout logiciel d'aide
à la création de pages Web. En clair : qui ne suit pas les recommandations
du W3C n'a guère de chance de se faire une place dans la trousse à
outils des développeurs.
Si les premiers concernés, les créateurs de navigateurs Web, ont
tendance à traîner la patte quand il s'agit de suivre les standards
édifiés par le consortium, d'autres ont pris la bonne direction
: Macromedia Dreamweaver, notamment, a été le premier outil majeur
à suivre ces recommandations, autant que faire ce peut (grâce à
la DW
Task Force du WaSP), et à permettre aux développeurs de construire
plus rapidement des sites valides.
De fait, on voit de plus en plus souvent des sociétés renommées
faire table-rase de leur conception du Web et offrir à leurs visiteurs
un site conforme aux spécifications...
Etat des lieux
Mais quel intérêt ? En quoi ces standards (qui n'ont rien d'une loi)
peuvent aider un site à vendre plus, à être mieux vu/plus
visité, ou au moins à permettre à son propriétaire
de faire des économies ?
Nombreux sont ceux qui préfèrent s'arranger pour avoir un site qui
fonctionne sous Internet Explorer et Netscape, plutôt qu'un site certes
conforme aux standards, mais qui ne s'afficherait qu'avec IE5+, Netscape étant
alors incapable d'afficher correctement la mise en page.
Du point de vue des développeurs, qui en majorité ont appris le
HTML en regardant le code source des autres sites, se mettre aux standards Web
signifie perdre un temps précieux à apprendre les langages XHTML,
CSS, DOM... Pour au final devoir construire un site plus modeste par faute d'une
bonne connaissance de ces standards, alors qu'il est tellement plus simple et
rapide de travailler, disons, avec des tableaux et des images découpées,
avec un peu de JavaScript... Les standards ne seraient-ils qu'une perte de temps
pour un résultat moins intéressant ?
Une analogie
L'explication peut se limiter à une simple analogie : le langage. Expliquons-nous
: la culture, la mode, l'environnement ou l'habitude nous conduisent tous à
utiliser, par exemple, argots, verlan, simplifications, ajouts, et il y a de bonnes
chances que ceux à qui nous parlons au quotidien nous comprendront malgré
ces "libertés" prises avec la linguistique.
En revanche, il y a fort à parier que celles-ci risquent de nous fermer
la porte de discussions avec d'autres groupes, qui ne partagent pas les mêmes
codes.
Il en est de même, peu ou prou, pour les standards Web : chacun est libre
de créer une page de la manière qu'il veut, et son navigateur ou
celui de son employeur pourra probablement le lire; mais quid de celui qui utilise
un navigateur plus/moins strict, ou un système d'exploitation différent,
ou qui est mal-voyant, ou qui utilise son téléphone mobile ou son
PDA ?
Dans la plupart des cas, si le site est construit sans attention aux standards,
il ne sera pas accessible à ces visiteurs. Et ce sera pas la faute du concepteu,
pas de l'outil...
Le W3C, dans cette optique, cherche à normaliser les usages en cours, à
les affiner, et à exposer leurs points de vue pour les voir appliquer.
En ce sens, une Recommandation peut être vue comme un dictionnaire : personne
n'est obligé de s'en servir, mais...
Le rôle
de l'Académie Française se rapproche ainsi singulièrement
de celui du W3C : "[...] l'Académie a travaillé dans le passé à fixer
la langue, pour en faire un patrimoine commun à tous les Français et à tous ceux
qui pratiquent notre langue. Aujourd'hui, elle agit pour en maintenir les qualités
et en suivre les évolutions nécessaires. Elle en définit le bon usage. Elle le
fait en élaborant son dictionnaire qui fixe l'usage de la langue, mais aussi par
ses recommandations et par sa participation aux différentes commissions de terminologie."
Mais à l'usage de standards Web s'opposent l'attitude plus pragmatique
qui consistent à dire :"le standard de facto est celui du navigateur
le plus en vogue, il est donc inutile d'aller dans une autre direction".
Chacun cherche son HTML
Prôner l'usage strict et systématique des standards est une stratégie
de long terme : d'une part la vaste majorité des sites actuellement en
ligne ne se conforment pas à ces standards; d'autre part la dernière
version majeure d'Internet Explorer (pour ne pas le citer) date de 2001 et la
prochaine n'est pas attendue avant celle de Windows, c'est-à-dire Longhorn
en 2005. Malgré les efforts d'autres navigateurs, comme Mozilla/FireBird,
Opera ou Safari, il y aura toujours des sites conçus sans attention aux
standards du W3C.
Tout comme l'Académie Française existe depuis siècles (1635)
sans pour autant que les Français ne se gênent de parler leur langue
comme bon leur semble.