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L'interopérabilité

Copie privée : un droit à télécharger ?

Les sanctions 
L'exclusivité reconnue aux auteurs et titulaires de droits voisins du droit de reproduction, communication et mise à disposition du public, ainsi que le dispositif de protection juridique des MTP, imposent en contrepartie de définir un certain nombre d'exceptions à ces mêmes droits. La directive donne ainsi une liste exhaustive des exceptions que les Etats sont autorisés à prévoir dans leur législation interne, parmi lesquelles l'exception de "copie privée", sous réserve qu'elle soit assortie d'une compensation équitable pour les auteurs et du respect du test dit "en trois étapes". Notion créée il y a plus d'un siècle par la Convention de Berne, l'exception de copie privée était d'ores et déjà inscrite dans la plupart des législations des pays membres de l'Union européenne, à l'exception notoire du Royaume-Uni.

La transposition de la directive européenne a été l'occasion pour certains pays de réduire le périmètre de la copie privée. Le pays le plus contraignant est sans doute l'Allemagne, dont la législation sur les droits d'auteur et droits voisins dans la société de l'information précise que la reproduction privée n'est pas autorisée lorsque la copie à partir de laquelle est effectuée le téléchargement a été mise à disposition du public d'une manière manifestement illicite.

En France, le débat qui a fait rage autour de la licence globale reposait sur un principe simple, mais erroné : autoriser la copie privée à partir de sources illicites, en contrepartie d'une redevance. Ce débat a été introduit à la suite de l'adoption d'un amendement au projet de loi, prévoyant l'impossibilité pour l'auteur d'interdire à une personne physique d'effectuer une reproduction de l'œuvre pour usage privé, à condition que cette reproduction fasse l'objet d'une rémunération pour copie privée. Or l'amendement ne précise pas que l'auteur ne puisse interdire le téléchargement d'œuvres mises en ligne de façon illicite (sans son consentement), ni ne précise le support du peer to peer.

Si elle prévoit une exception pour copie privée avec droit de rémunération pour les auteurs, la directive européenne ne prévoit aucunement de légaliser le peer to peer. Au contraire, puisqu'elle autorise les auteurs à prendre des mesures techniques de protection. La copie privée ne vaut donc que si la source est licite. En conséquence, toute copie même à usage privé et non commercial effectuée à partir d'une source illicite (réseaux gratuits de partage de fichiers sur Internet) est assimilée à de la contrefaçon. Donc sanctionnable. Ceci est valable dans les 25 pays européens.
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