Journal du Net > Le Net  >  Ces acteurs du Web français qui tentent leur chance en Chine
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S'adapter au contexte réglementaire et social

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Les contacts sur place seront nécessaires pour franchir les principales barrières à l'entrée en Chine : la langue, évidemment, et le cadre réglementaire, extrêmement compliqué et fluctuant. "Les règles sont beaucoup moins normalisées, plus floues et les lois moins précises, constate Marc Simoncini. C'est un pays dans lequel on doit plus qu'ailleurs baser les relations sur la confiance. Ce n'est pas un contrat qui vous protègera, en Chine !" Rien n'est donc jamais acquis, comme le montre l'expérience de Meetic : en juillet dernier, le site a fait face à un changement de réglementation subit de China Mobile qui a durci les règles d'abonnement au Wap, ce qui a affecté le chiffre d'affaires : le premier mois doit désormais être gratuit puis, en cas d'abonnement payant, le désabonnement est automatique chaque mois à moins que l'abonné envoie deux SMS pour confirmer son abonnement…

La principale difficulté : le cadre réglementaire
La Chine regorge de subtilités. Par exemple, comme l'explique Patrice Nordey, qui dirige le département Asie de l'Atelier BNP Paribas (qui prépare la création d'un bureau à Shanghai d'ici à fin 2007), pour disposer d'un nom de domaine en .CN, il faut impérativement faire un joint-venture avec une société locale. De même, tous les éditeurs de contenus sur Internet doivent disposer d'une licence spéciale, qui garantit que le site se soumet à la réglementation locale. Or, pour obtenir cette licence, il serait impératif d'être lié à une entreprise chinoise, même si les textes ne sont pas si explicites…

Au regard de ces difficultés, l'adaptation des contenus, des services et des sites ne semble pas un obstacle insurmontable. Meetic Chine, par exemple, ressemble beaucoup au site français. Seuls certains points du formulaire d'inscription diffèrent. En termes de webdesign, Thomas Chabrières ne relève que peu de différence. "Le design des sites est généralement plus kitsch, et il faut prendre en compte certaines particularités, comme le fait qu'à chaque lien, on ouvre une nouvelle page." Les adaptations des modèles économiques sont en revanche plus ardues. Tout d'abord, l'Internet chinois est aujourd'hui en grande partie gratuit. TaoBao, le eBay chinois, ne facture pas de frais d'insertion, par exemple. Meetic est pour l'instant gratuit en Chine. Par ailleurs, très peu de Chinois possèdent une carte bancaire. Enfin, Dan Serfaty ajoute que la pratique des incentives est très répandue en Chine. Il est très fréquent que les sites Web offrent ainsi des cadeaux à leurs membres ou leurs clients.

Fidéliser les salariés : un véritable casse-tête
Une fois les bons partenaires trouvés et le site lancé, les épreuves ne seront toutefois pas terminées. L'ultime challenge, en Chine, consiste en effet à trouver des collaborateurs, et surtout à les fidéliser. "Fidéliser les salariés nécessite un process d'encadrement extrêmement fastidieux. Il faut toujours être là, dispenser formations et bonus en continu… Ici, il n'existe pas de loyauté à l'entreprise, seulement aux individus", observe Thomas Chabrières, qui a recruté la majorité de son équipe par bouche à oreille et ne déplore à ce jour aucune défection. Dan Serfaty confirme ce casse-tête : "le turnover est incroyable dans l'informatique et le Web. Il tourne autour de 35 à 40 % !" Ce qui pour le réseau professionnel est plutôt une opportunité. "Trouver des employés qui ne sont pas des mercenaires est un énorme problème, ajoute Marc Simoncini, car les entreprises étrangères investissent un maximum sur place en ce moment et chassent les meilleurs profils." La solution : un management chinois, de bonnes relations et… des stock options.
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