Vente en ligne de médicaments, le recul du gouvernement

Alors qu'il vient d'autoriser la vente de médicaments en ligne, le gouvernement recul au risque de tuer dans l'oeuf cette nouvelle filière.

Coup de théâtre ! Quelques semaines après avoir annoncé l’autorisation de la vente en ligne de médicaments non remboursés par des pharmaciens d’officine, le gouvernement annonce qu’il est en train d’élaborer un « code de bonnes pratiques » de la délivrance sur internet. Code qui peut paraître tout à fait légitime au premier abord, mais dont les premières mesures paraissent totalement incohérentes avec la vision que l’on se fait du e-commerce. Dans sa version actuelle, il prévoit en effet que les médicaments vendus sur internet devront l’être au même prix que dans une officine. A ce prix devront obligatoirement s’ajouter les frais de port. Enfin, les pharmaciens devront avoir en stock physique dans leur officine tous les produits qu’ils proposent à la vente sur la toile. Après avoir fait un pas en avant pour autoriser le développement de cette nouvelle pratique de délivrance, le gouvernement recule avec la mise en place de mesures extrêmement restrictives et dissuasives, au risque de tuer dans l’œuf cette nouvelle filière.

Les bénéfices potentiellement apportés par la vente sur internet aux patients et consommateurs seront quasi inexistants dans le modèle que propose aujourd’hui le gouvernement. La baisse des prix que les pharmaciens souhaitaient proposer à leurs clients internet est désormais interdite. Acheter sur internet pour payer moins cher, stimuler la concurrence au bénéfice du consommateur : « Non ! » répond le gouvernement. En ces temps de crise du pouvoir d’achat et d’augmentation générale des prix du quotidien, la mesure est mal venue. Elle cherche clairement à décourager les consommateurs, sans réelle explication. Elle va aussi pénaliser les personnes isolées ou à mobilité réduite, pour qui la commande sur internet représente une réelle avancée. Ces mesures ont été prises sans même prendre en considération les consommateurs, pourtant en première ligne de ces évolutions.

Proposer des médicaments plus chers sur internet n’a aucun sens économique pour les pharmaciens désireux de dynamiser leur activité en se tournant vers de nouvelles opportunités de croissance. L’augmentation des prix pénalise outrageusement les sites des officines françaises et représente une véritable aubaine pour les sites étrangers, dont je rappelle que la moitié des médicaments qu’ils vendent sont des contrefaçons. D’autre part, l’obligation d’avoir tous les produits proposés en stock sur internet est un non sens absolu. L’avantage de la vente en ligne est, par exemple pour les officines de village ou les petites officines en ville, de proposer à leurs clients un éventail de produits beaucoup plus large que ce qu’ils peuvent avoir en stock. Ainsi, éviter aux clients, de se déplacer deux fois : une fois pour commander, une fois pour venir récupérer le produit.

Un dernier point important : de nombreuses initiatives ont vu le jour pour permettre la délivrance par internet. Quelques officines ont d’ors-et-déjà développé leur site internet et profitent déjà de l’essor de l’activité. D’autres alternatives, comme le site 1001pharmacies.com, véritable plate-forme de vente en ligne pour les pharmacies françaises, se développent avec succès. Restreindre à tel point leur champ d’action va sans aucun doute tuer une filière prometteuse et créatrice d’emplois sur le sol français, au bénéfice d’obscurs sites étrangers.

La vente de médicaments en ligne représente une avancée à la fois pour les patients et les pharmaciens d’officine. Cependant les dernières mesures prises par le gouvernement, difficilement compréhensibles, sont en décalage total avec la réalité et vont à l’encontre des besoins des principaux intéressés. Elles vont pénaliser les patients ayant un faible pouvoir d’achat, ainsi que les officines les plus petites et les plus isolées qui sont aujourd’hui de plus en plus touchées par des difficultés financières.