Facebook est voué à l’échec

Lorsque le quotidien indien Economic Times m'a demandé de comparer Google et Facebook, cela m’a paru bizarre. Google explore un territoire inconnu et fait valoir ses droits sur les opportunités du prochain marché qui s’évaluent en billions de dollars. Alors que Facebook est voué à l’échec.

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Facebook est figé dans le passé et gratte les fonds de tiroir de ses clients pour justifier l’augmentation artificielle de ses actions en bourse. Il me semble que, à moins d’avoir la chance d’acheter la bonne entreprise, que Facebook est voué à l'échec.
J’écris ici cette chronique pour voir si quelqu'un n'est pas vraiment d'accord.
Je m'attends à ce que, dans quelques années, ma voiture électrique se conduise toute seule à l’aide du logiciel de Google. Oui, je parle des véhicules autonomes qui se conduisent tout seul et que nous avons vu dans des films de science-fiction : Google en fait une réalité. Ses voitures autonomes ont déjà parcouru un demi-million de miles sur les routes californiennes sans un seul accident et transformeront bientôt les déplacements dans les villes du monde entier (pour l’Inde, je n’en suis pas sûr ; seul Dieu peut apprivoiser ses conducteurs).
Grâce à Google Fiber, il se peut qu’un jour ma maison ait un internet à 1 000 Gigabits. Les ballons Wi-Fi de Google, appelés Google Loon, pourraient me fournir une connectivité lorsque je pars en randonnée en montagne. Je m'attends à ce que le successeur de Google Glass remplace mon ordinateur portable, l'iPad et la télévision, qu’il intègre la reconnaissance vocale et les gestes et me donne une expérience de ​​visualisation immersive en 3D.
Google lit déjà mes e-mails avant moi et, en analysant ce que je recherche sur Internet et les sites web que je visite, il sait ce que je pense. Il "sait" ce que les autres pensent de moi. Si mon illustre ami Ray Kurzweil réussit dans sa mission chez Google, Google va également comprendre mes désirs et mes besoins. Il prédira ce que je veux rechercher, où je veux aller et ce que je veux manger. Il comprendra ce que pense mon cerveau et deviendra mon assistant personnel.
Oui, ce sont les technologies que Google va probablement offrir au cours de cette décennie. Il fait le type de recherches pour lesquelles Xerox PARC était célèbre. Il pense même plus grand que Apple.

Cela contraste avec ce que nous pouvons attendre de Facebook : plus de publicité, plus de messages sponsorisés et gênants, plus d’immixtions dans la vie privée. Peut-être que Facebook va continuer à animer son historique et améliorer ses capacités de recherches. C’est certain qu’il va acheter ou copier plus de nouveaux produits tels qu’Instagram, Pinterest et Foursquare. Mais il ne développera aucune formidable technologie comme le fait Google : il n’en a tout simplement pas la culture ni l'ADN. Il s’agit encore du réseau social construit par son juvénile auteur.
Maintenant que Facebook est une entreprise publique, elle se trouve confrontée à une intense pression pour justifier l’augmentation artificielle de ses actions en bourse. Je m'attends à ce qu'elle essaye de tirer plus de revenus de ses clients existants qui, sans doute, seront encore plus frustrés par les annonces et les immixtions dans la vie privée. Ils finiront par l’abandonner pour les réseaux sociaux privés ou la prochaine grande innovation.

Facebook se retrouvera dans la même position qu’AOL et Myspace

La différence entre Facebook et Google est également visible dans leur responsabilité sociale des entreprises et la façon dont elles sont perçues.
Lorsque Google est devenue une entreprise publique, elle a réservé trois millions d'actions (qui valent maintenant près de trois milliards de dollars) à des activités philanthropiques et a engagé pour elles un montant supplémentaire de 1% de ses bénéfices. Elle a fait don d’actions à la communauté et, à l'aide du fonds philanthropique, à des solutions d’ingénierie destinées à la santé, la pauvreté, la nourriture et l'énergie. Un groupe appelé Google for Entrepreneurs guide et soutient les entrepreneurs dans différentes parties du monde. Le groupe a travaillé avec mon équipe à l’Université Singularity et à Stanford afin d’aider les femmes entrepreneurs.
Google fait cela depuis le début. Elle a construit une extraordinaire bienveillance  avec des développeurs et les communautés locales.
Facebook fait constamment l’erreur de s’aliéner ses propres clients en abusant de leurs informations et perd de sa bienveillance de manière exponentielle. En outre, l’entreprise n'a pas fait beaucoup de philanthropie ou d'entraide communautaire,  seulement quelques initiatives d’effets d’annonce pour obtenir bonne presse. Elle commence à soutenir des causes telles que l'immigration et l'accessibilité à Internet mais elle cafouille par manque de sensibilité et de délicatesse.
Par exemple, Facebook a essuyé les critiques de la Silicon Valley quand elle a lancé son groupe de défense des immigrants, le FWD.US. Elle a commencé à soutenir des causes douteuses prônées par des politiciens d'extrême droite. En dépit d'être un ardent partisan de la réforme de l’immigration, j’en ai fait le reproche à Facebook dans ma chronique du Washington Post. J'ai cité le légendaire investisseur en capital risque Vinod Khosla en demandant si FWD.US "s’adonnerait à la prostitution de la destruction du climat et autres valeurs pour obtenir l’embauche de quelques ingénieurs et obtenir une réforme de l'immigration".
Lorsque Microsoft a réussi, on l’a détesté. Son comportement égoïste, monopolistique et arrogant envers ses propres clients lui a valu le surnom douteux de "l’empire du mal". Les utilisateurs de Facebook n'aiment pas Facebook pour les  mêmes raisons. Mais Google a réussi à éviter cela : en dépit de ses intrusions dans la vie privée et ses parts de marché monopolistiques dans certains domaines, ses clients n'expriment aucune haine". Sa bienveillance le porte depuis longtemps.
Ainsi, Google et Facebook pourraient difficilement être plus différents.
Vous pouvez voir Facebook comme un exemple classique de ce qu’il ne faut pas faire quand vous réussissez et Google comme un modèle pour avoir une longueur d’avance.

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Traduction par Sylvie Ségui, JDN
Cette chronique traduite par le JDN a été publiée via le programme
Influencers de LinkedIn, où s'expriment près de 300 leaders d'opinion. Retrouvez la version originale en anglais ici.