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INTERVIEW
17/11/2007
Bernard Benhamou (Délégué aux usages de l'Internet) : "Nous devons anticiper la mise en place de nouvelles technologies"
Quel sera votre rôle ? L'objectif de ma mission, tel qu'il a été fixé par la Ministre Valérie Pécresse, est de coordonner l'ensemble des actions de développement des usages de l'Internet. Cette coordination s'effectuera auprès des pouvoirs publics, en concertation avec les collectivités territoriales et l'ensemble des acteurs industriels et associatifs. Car si le marché du haut débit en France est l'un des plus dynamiques en Europe, voire dans le monde, nous sommes en retard en termes de taux de connexions par rapport au Royaume Uni, à l'Allemagne et plus encore face aux pays scandinavie. On ne parle presque plus de la fracture numérique, mais elle existe toujours, tant d'un point de vue géographique que social ou culturel. Pour évoquer les communes non couvertes par le haut débit on parle de "zones blanches", mais ces zones blanches existent aussi au sein de la population française Il convient aussi de les réduire. Mon rôle consistera aussi à créer des partenariats avec les acteurs industriels, associatifs ainsi qu'avec les collectivités territoriales pour aller plus loin en termes de connexion et d'usages de ces technologies.
Dans quel cadre inscrivez-vous votre démarche ? Nous sommes à l'aube d'une profonde mutation. Le deuxième milliard d'individus connectés à Internet -il y en a 1,2 milliard aujourd'hui, connaîtra un paysage informationnel très différent de celui que nous connaissons. Ces nouveaux utilisateurs seront connectés par bien d'autres outils que des ordinateurs. Il y aura tout d'abord les mobiles, puis les équipements domestiques et enfin les objets de tous les jours. C'est ce que l'on nomme parfois l'Internet des objets. Il faut que chacun profite de ces mutations tant d'un point de vue social, culturel qu'économique. C'est aussi l'enjeu de cette mission que d'aider l'ensemble des acteurs de l'Internet à aborder ces évolutions technologiques. Ces mutations vers l'Internet mobile, puis vers l'"Internet des objets" constitueront en effet d'importants gisements d'opportunités pour l'ensemble du secteur des technologies mais aussi pour la croissance de l'économie française tout entière.
Quels moyens comptez-vous mettre en uvre ? Des mesures sont déjà annoncées, comme le don d'ordinateur par les entreprises qui jusqu'ici ne pouvaient pas se faire pour des raisons fiscales. Par ailleurs, il conviendra de créer et d'étendre les mesures d'aides à l'acquisition d'équipement et des connexions à de nouvelles catégories de la population. Mais il ne s'agit pas d'effectuer pour l'ensemble de la population des copier-coller des mesures existantes. L'ensemble des catégories sociales professionnelles devront faire l'objet de mesures spécifiques. Par exemple, les étudiants ont un besoin d'accès à des technologies mobiles que n'ont pas forcément les personnes âgées. Le développement de l'Internet passe certes par l'équipement, mais aussi par l'accès aux réseaux et la formation aux technologies. Accéder aux réseaux a un coût : les dépenses liées aux communications au sens large sont devenues le troisième pôle de dépenses des ménages. Mais un ordinateur et un accès Internet ne servent à rien si l'on ne forme pas ou si l'on n'accompagne pas les usagers. Cette dimension de formation et d'accompagnement des utilisateurs a en effet trop souvent été négligée dans le passé.
Et ensuite ? Il est encore tôt pour entrer dans les détails des actions que nous mènerons. Mais nous devons aussi anticiper la mise en place de nouvelles technologies, comme l'opportunité que nous offre le dividende numérique de proposer à moindre coût un Internet mobile à haut débit sur l'ensemble du territoire, et donc de la population. Aux États-Unis, on parle de "fréquences en or pour évoquer ces fréquences libérées par l'arrêt de la télévision analogique ", et ce n'est pas une exagération au vu des marchés qui seront visés. La France et l'Europe bénéficient d'un marché unifié autour des communications mobiles qui est l'un des plus développé dans le monde. Il nous faut en profiter pour aider à créer l'Internet de demain
Et anticiper de nouveaux usages ? Sans doute. Mais il faut espérer que ces usages seront aussi simplifiés. Et que les nouveaux connectés ne feront plus face à la complexité des technologies comme c'est encore le cas aujourd'hui. Nous avons trop tendance à sous-estimer le bagage technologique que nous avons acquis, péniblement, au cours des années. Et donc, la difficulté pour un individu de se former aux technologies.
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