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11/12/2007
Les FAI invités à entrer dans le jeu du football français
Ne pas mettre tous ses ufs dans le même panier. Tel est le mot d'ordre de la Ligue de football professionnel (LFP), concernant les droits de retransmission du football français. Après dix-huit mois de travaux préparatoires, la LFP a finalement présenté, vendredi 30 novembre, les 12 lots qui forment l'appel à candidatures pour la retransmission du championnat de ligue 1 de football. Ces droits seront acquis pour une période de quatre saisons sportives, allant de 2008 à 2012. Les offres qualitatives des candidats seront remises le 22 janvier 2008 et les offres financières le 31 janvier. Les résultats de l'appel d'offres seront connus le même jour.
Lors du précédent appel d'offres, seuls cinq lots avaient été proposés pour la télévision et un pour le mobile, le tout pour une durée de trois ans. Canal+ avait alors déboursé 650 millions d'euros par saison pour acquérir l'exclusivité des retransmissions télévisées, soit plus de la moitié des ressources du football français.
Or la chaîne cryptée estime aujourd'hui que la somme qu'elle verse est trop importante par rapport à la qualité du produit diffusé. Face à cette trop grande dépendance financière, la ligue cherche donc à séduire d'autres acquéreurs potentiels en doublant le nombre de lots mis en vente. Au premier rang : les opérateurs télécoms et les fournisseurs d'accès à Internet.
Pour stimuler cette nouvelle concurrence, la LFP n'a pas hésité à faire coup double. A la fin du mois de novembre, le Conseil d'Etat a validé un projet de décret gouvernemental permettant un allongement des droits de retransmission du football à quatre ans, afin de "recréer" un contexte favorable à la concurrence. La démultiplication des lots doit également permettre de susciter la convoitise de nouveaux venus.
Ces lots (voir tableau) peuvent être séparés en trois grandes familles. Les lots "premium", pour lesquels Canal+ apparaît comme le candidat naturel. Non seulement il s'agit des seuls lots pour lesquels l'acquéreur assurera lui-même la production des images, mais ces lots correspondent à l'offre la plus alléchante, dont la chaîne aura besoin pour garder ses abonnés amateurs de foot. Ensuite, les lots "magazine", dont le nombre a été multiplié par deux avec l'apparition d'un magazine du lundi et d'un autre en vidéo à la demande.
Enfin les lots "fan" sont les plus susceptibles d'intéresser les FAI désireux de proposer une offre de football. Ces lots devraient permettre de monter un service à un prix raisonnable, mais sans exclusivité. Les diffusions en direct et en léger différé, ainsi que l'exploitation en VoD seront possibles pour ces lots.
Explicitement visés, les opérateurs et FAI ne s'avouent pas pour autant pressés d'afficher d'éventuelles prétentions. Didier Lombard, le PDG de France Télécom, avait dans un premier temps fait savoir que les droits étaient trop chers pour sa filiale Orange, déjà détentrice du lot mobile. Or la nouvelle division des droits annoncée par la LFP pourrait changer la donne.
Si le groupe n'envisage pas d'acquérir des droits pour un match intégral en prime time, il pourrait cependant tenter de conserver son lot mobile. Ce dernier comprend les droits de diffusion en direct des matches de l'après-midi, ainsi que des résumés ou des extraits à la demande. D'autant que si Orange envisage d'être candidat à la télévision mobile personnelle (voir le reportage Coup d'envoi de la télévision mobile personnelle, du 25/09/07), l'opérateur aura besoin de contenus pour alimenter son offre.
Free et Neuf Cegetel, de leur côté, ne souhaitent pas encore faire part de leurs intentions. Chez Neuf Cegetel, on explique notamment qu'il est encore "un peut tôt" pour se prononcer. Le groupe, qui revendique 600.000 abonnés pour son bouquet Neuf TV, estime pour l'instant que ce type d'investissement est considérable et qu'il faut savoir comment l'amortir avant de décider de se lancer ou non dans l'appel d'offres. "Pour l'instant, nous essayons déjà d'agréger des contenus, nous n'avons pas encore vocation à en produire", indique un porte-parole du groupe. Reste que personne ne souhaite fermer la porte par principe. "Nous rentrons dans une phase d'observation", indique un opérateur. "D'ici le mois de janvier, chacun attendra que les autres fassent le premier pas avant de révéler ses intentions."
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