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Jean-Hervé Lorenzi © Marie
Bruggeman, L'Internaute Magazine
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On parle de "crash" à propos de la crise boursière.
Qu'en est-il ?
Jean-Hervé Lorenzi - La crise de 1929 comme celle de 1987
étaient des crises très explicites. Elles correspondaient à la hausse
brutale des taux d'intérêt. On pourrait parler de rupture d'anévrisme. Aujourd'hui,
il s'agit plutôt d'une lente difficulté dont personne ne connaît ni
l'ampleur ni le terme.
En quoi les banques centrales américaines et européennes
peuvent elles stopper cette crise ?
Les banques centrales jouent un rôle majeur en permettant
à des banques qui manqueraient de liquidités d'en disposer. Ceci ne permet
pas de résoudre le vrai risque que tout le monde à en tête, à savoir
le "crédit crunch", c'est à dire la limitation forte du crédit offert aux
entreprises et aux particuliers. Pour résoudre ce problème, il faut permettre
aux banques de récupérer progressivement les produits titrisés tels les subprimes
dans leur bilan ; et de les aider au fur et à mesure de cette récupération
à ne pas avoir de difficultés majeures dans leurs comptes.
"Les banques centrales sont des facilitateurs
de solution, et les gouvernements des apporteurs de solution." |
Ceci n'est pas du ressort des banques centrales mais plus
généralement des gouvernements. En un mot, les banques centrales sont des
facilitateurs de solution, et les gouvernements des apporteurs de solution.
C'est la raison pour laquelle on peut comprendre que la Fed et la BCE aient
des attitudes différentes. Elles savent qu'elles ne sont pas les détenteurs
de la solution. En revanche, elles peuvent participer à la résolution et
donc leurs politiques sont influencées par la conjoncture spécifique des
USA et de l'Union européenne. Aux Etats-Unis : crise majeure dans l'immobilier,
blocage de la croissance donc politique agressive de la Fed. En Europe :
léger ralentissement, risque d'inflation et donc politique plus prudente.
L'une et l'autre vont évoluer dans les semaines et les mois qui viennent,
sans jamais, contrairement à ce que l'on pense, être au cur de la solution.
Quels sont les canaux de transmission de la crise
financière à l'économie réelle ? Peut-elle se propager à
d'autres secteurs ?
Les canaux sont très simples. Les banques vont avoir à
récupérer dans leurs bilans des produits de qualité très médiocre, notamment
les subprimes qui avaient été sortis du bilan des banques par le talent de
montages financiers, notamment les titrisations. L'obligation est faite aux
banques à ce moment là d'injecter des montants de fonds propres correspondants
à ces produits ; c'est à dire à des engagements. Ceci amènera les banques,
obligées de renforcer leurs bilans, à limiter les crédits qu'elles vont fournir.
C'est ainsi qu'elles vont moins prêter et plus cher. Le canal monétaire réel
aura un impact d'autant plus grand que "les régulateurs bancaires" obligeront
les banques à provisionner de manière plus importante.
Aux Etats-Unis, l'impact de la crise immobilière a déjà largement touché
l'ensemble de l'économie qui vraisemblablement est en très faible croissance.
L'immobilier en Europe va toucher principalement le Royaume Uni et l'Espagne
en ralentissant de manière significative leur croissance. En France et en
Allemagne, l'immobilier sera moins touché, la banque le sera faiblement en
France, fortement en Allemagne et on peut imaginer que sauf aggravation,
la zone euro verra sa croissance baisser de 0,5%.
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