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Michaël Boukobza
Directeur
général
Iliad-Free |
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Michaël
Boukobza
"Free est un acteur indépendant et le restera"
Conflit sur les tarifs de VoIP avec Neuf Cegetel, retard de livraison des lignes dégroupées, plaintes de l'UFC-Que Choisir, quadruple play : retour sur l'actualité souvent mouvementée du FAI avec son directeur général.
(06/06/2006) |
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JDN.
L'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques
et des postes) a publié, le 30 mai 2006, sa décision relative
au règlement du différend opposant Neuf Telecom et France
Télécom sur les tarifs de la terminaison d'appel (lire
l'article
du 12/05/2006). Une décision en faveur de France Télécom.
Free est-il également concerné par cette décision ? Qu'en
est-il de la demande de règlement de différend également
déposée auprès de l'Arcep par Iliad sur ce sujet ?
Michaël Boukobza. Nous sommes très satisfaits
de cette décision qui aura un impact financier positif.
La baisse imposée par l'Arcep des tarifs de la terminaison
d'appel sur le réseau de Neuf Telecom profitera en effet
à tous les opérateurs. Notre litige avec Neuf Telecom
n'a donc plus lieu d'être et nous allons abandonner notre
plainte. Toutefois, Neuf Cegetel risque de faire appel
de cette décision car, pour la société, le manque à gagner
est très significatif.
Qu'en est-il de l'augmentation,
annoncée par Free en janvier 2006, du coûts des appels
en VoIP depuis la Freebox vers les abonnés NeufBox ?
Rappelons que ces règlements de différend, de Free puis
de France Télécom, avaient été déposés à la suite de l'augmentation
brutale fin 2005 et début 2006 des tarifs de terminaison
d'appels pratiqués par Neuf Cegetel. Cette augmentation
unilatérale a été extrêmement préjudiciable pour Free
en termes d'image au premier trimestre 2006, nous obligeant
à annoncer la facturation des appels en VoIP vers cet
opérateur. Nous ne l'avons toutefois jamais mis en pratique.
La décision de l'Arcep permet en effet à Free de ré-affirmer
la gratuité dans son forfait des appels émis depuis la
Freebox à destination des opérateurs de boucle locale
tiers et de leurs "Box".
Depuis plus d'un
mois, les messages de plainte se multiplient sur les forums
de l'Aduf (Association des utilisateurs de Free) et de
Freeks (Association des Freenautes) concernant un blocage
des demandes de dégroupage total sur lignes France Télécom
actives en "étape 2", à savoir l'installation des DSLAM
de Free dans les répartiteurs de France Télécom. Comment
justifiez-vous ce retard de livraison des lignes dégroupées ?
Je rappelle que l'écrasante majorité des abonnés Free,
c'est-à-dire plus de 50 % sont servis dans un délai
de dix jours, câblage inclus. Pour les autres, en effet,
il arrive ce qu'on appelle des engorgements sur les répartiteurs
de France Télécom. Il faut savoir que nous avons un nombre
limité de câblage par site de l'opérateur historique,
à savoir une trentaine par jour. Ces engorgements sont
donc indépendants de la volonté de Free. Je dis cela sans
polémique car nous avons quotidiennement des discussions
constructives avec France Télécom sur ce sujet pour améliorer
et optimiser les conditions d'accès aux répartiteurs et
l'installation de nos équipements dans les DSLAMS.
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La
production de la Freebox HD tourne à
plein régime." |
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Ce problème ne serait donc
pas lié à une ruptude de stocks de la dernière version
de la Freebox, la Freebox HD ?
Absolument pas, la Freebox HD est en stocks suffisants
et sa production tourne à plein régime.
Combien en avez-vous vendu
depuis son lancement sur le marché le 20 avril dernier ?
Je ne peux vous communiquer aucun chiffre. Tout ce que
je peux dire, c'est que Free progresse beaucoup plus en
termes de nouveaux abonnés sur le deuxième trimestre 2006
qu'il y a un an.
A la veille de la Coupe du
monde de football, n'est-ce pas un désavantage pour Free
de ne pas offrir dans son bouquet de TV sur ADSL TF1 et
M6, les deux principales chaînes hertziennes qui détiennent
les droits de diffusion du football ?
Pas du tout puisque justement, la nouvelle Freebox HD
permet d'accéder aux 18 chaînes de la TNT dont TF1 et
M6. Par ailleurs, l'offre Freebox permet de s'abonner
au bouquet de chaînes du groupe Canal Plus, qui détient
également les droits du foot.
Où en est le conflit qui vous
oppose à TF1 et M6 sur la diffusion du bouquet TPS sur
Freebox ?
Je rappelle que Free est tout à fait disposé à diffuser
TF1 et M6, mais gratuitement sur le bouquet Freebox. Ce
qui n'est pas envisageable, c'est la diffusion de TF1
et M6 limitée à TPS, donc payante. La procédure engagée
en 2003 contre TF1 et M6 est toujours en cours auprès
du Conseil de la Concurrence qui doit se prononcer sur
le fond. Nous espérons toutefois une solution positive
à l'issue de la fusion Canal Satellite/TPS.
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Les
offres de MVNO n'apportent rien au consommateur." |
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La tendance actuelle du marché
de l'Internet français est aux offres quadruple play,
combinant l'accès Internet, la téléphonie sur IP, la télévision
sur ADSL et une composante mobile. Comment Free se situe-t-il
par rapport aux annonces récentes de quadruple play de
vos deux principaux concurrents, Orange et Neuf Cegetel ?
La composante mobile est disponible chez Free depuis le
20 avril. Grâce à la technologie Wi-Fi de la nouvelle
Freebox, les abonnés peuvent émettre des communications
à partir de tout téléphone Wi-Fi ou hybride Wi-Fi/GSM,
situé à portée du réseau Wi-Fi d'une Freebox HD, en profitant
de la grille tarifaire Freebox. En France, entre 30 et
40 % des communications mobiles sont passées depuis
le domicile. Cette nouvelle option permet donc à nos abonnés
de réaliser une économie réelle de l'ordre de 30 à 40 %
sur leur forfait mobile, contrairement aux offres des
MVNO
qui n'apportent rien au consommateur en termes de concurrence.
C'est cela le vrai quadruple play.
C'est-à-dire ?
Le quadruple play chez Free, c'est offrir tous les services
du fixe, à savoir l'accès Internet, la téléphonie, plus
les composantes télévision et téléphonie mobile, à un
prix unique. Car chez Free, l'innovation technologique
n'a qu'un objectif : faire économiser le consommateur.
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La
plainte de l'UFC-Que Choisir est une démarche
politique ." |
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Tous vos concurrents sont soit
adossés à un opérateur mobile, soit issus d'un opérateur
historique européen disposant d'une filiale mobile. Cela
ne risque-t-il pas, à terme, d'affaiblir la position de
Free ? Quels commentaires faites-vous des rumeurs
récurrentes sur un éventuel rachat d'Iliad par le groupe
Bouygues ?
Iliad-Free est un acteur indépendant depuis sa création
en 1999, et le restera. Cette indépendance nous permet
d'être toujours plus innovant et de ne pas avoir de conflit
d'intérêt face aux logiques de groupe qui favorisent les
recettes des filiales au détriment de l'intérêt du consommateur.
L'UFC Que choisir a récemment
orchestré une vague de plaintes contre Free. 170 consommateurs
adhérents de l'association de consommateurs ont ainsi
saisi la justice, un peu partout en France et réclament
des dommages et intérêts. Comment réagissez-vous à ces
plaintes ?
C'est une réelle question : pourquoi un tel acharnement
contre Free de la part des associations de consommateurs,
alors que le nombre de plaintes est extrêmement faible
au regard du nombre d'abonnés Free ?
Je crois que malheureusement, les associations de consommateurs
françaises sont sorties de leur rôle, à savoir celui de soutien
et d'aide du consommateur, et sont entrées dans une logique
politique. Ces 170 cas, nous nous engageons à les résoudre
un par un, mais aucun ne nous a été présenté. L'action
de l'UFC Que Choisir est au final une démarche politique
à l'heure où il est question en France de voter une loi
instaurant des "class actions" comme aux Etats-Unis. |
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Propos recueillis par Emilie LEVEQUE, JDN |
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