INTERVIEW 
 
Ludovic Lecomte
Directeur
Ask France
Ludovic Lecomte
"Notre ambition : installer Ask dans le duo de tête des moteurs de recherche"
Le moteur de recherche racheté l'an dernier par Barry Diller arrive en France, avec le lancement d'une version bêta. La version définitive est prévue avant la fin de l'année. Le directeur d'Ask France, Ludovic Lecomte, explique la stratégie du nouveau venu sur le marché hexagonal.
(01/03/2006)
 
JDN. Vous venez d'être nommé directeur d'Ask France. Pourquoi Ask ouvre-t-il une filiale en France ?
  Le site
Ask France
Ludovic Lecomte. Cela fait partie de la stratégie internationale d'Ask, qui a ouvert des filiales un peu partout en Europe, au Royaume-Uni, puis récemment en Allemagne ou en Espagne. Nous avons constitué une équipe en France, comme partout ailleurs, afin de répondre à la volonté de localisation d'Ask. La direction était très attachée à ce que des équipes spécifiques développent chacune des sites.

Quand le moteur de recherche sera-t-il opérationnel en France ?
Pour l'instant, il est en version bêta. Le lancement commercial aura lieu entre la fin de l'été et la fin de l'année 2006.

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots ce que représente Ask, anciennement Ask Jeeves, aux Etats-Unis ?
Ask détient la cinquième place en matière de recherche sur Internet aux Etats-Unis. Au Royaume-Uni, il s'agit du troisième moteur de recherche. Autour d'Ask.com, il existe toute une galaxie de sites, comme Bloglines, un site de gestions de blogs et de flux RSS, Smiley Central, qui répertorie 10.000 smileys, ou encore My Way. L'ensemble de ces sites génère 150 millions de visiteurs uniques chaque mois dans le monde, ce qui en fait la septième "property" au niveau des audiences. Barry Diller a racheté Ask Jeeves l'été dernier (lire l'article du 23/03/2005). Le moteur a donc été incorporé dans le conglomérat IAC qui regroupe, entre autres, le site de rencontres Match.com, le voyagiste Expedia ou encore Hotels.com.

Quelle est, depuis ce rachat, la stratégie d'Ask ? Aux Etats-Unis, elle a semblé très offensive.
Durant toute sa carrière, Barry Diller a répété qu'aucun marché n'était condamné au monopole. Il tente donc de reproduire cette pensée pour les moteurs de recherche, en essayant de prouver qu'il y a une place pour plusieurs moteurs. Le changement de nom correspond au passage à une nouvelle phase de la vie d'Internet. Le Jeeves, avec un majordome qui apportait l'information à l'internaute, correspondait à l'image d'une époque particulière . De plus, Ask est sans doute beaucoup plus facile à retenir, aux Etats-Unis mais aussi ailleurs.

Nous souhaitons rendre la recherche sur Internet plus simple"
Quel sera votre positionnement ?
Nous souhaitons avant tout rendre la recherche sur Internet plus simple. Tous les outils que nous développons vont dans ce sens. Ainsi, lors d'une requête, nous proposons sur la droite de l'écran une série de recherches approchées, en liaison avec ce que peut rechercher l'internaute. Nous proposons également, sur certains sites, des "jumelles" : en y passant la souris, l'internaute peut déjà avoir un aperçu de la page d'accueil du site sans cliquer dessus. Nous fonctionnons aussi via des partenariats. Nous allons donc rencontrer différents types d'acteurs du monde de l'Internet français dans les semaines à venir, pour nos chaînes actualité, météo, cartes, etc.

Ce fonctionnement par partenariats ne vous rapproche-t-il pas de certains grands portails ?
Non, notre coeur de métier reste la recherche pure. Nos partenariats servent à améliorer la recherche des internautes. Nous proposerons des échanges avec ces partenaires : du contenu contre de la visibilité et du trafic supplémentaire. Mais, pour le moment, nous ne nous positionnons ni comme un agrégateur de contenus, ni comme un portail.

Avec qui le site américain travaille-t-il ? Est-ce que les contenus sont intégrés à Ask ou renvoyez-vous vers les sites des éditeurs ?
Parmi les partenaires d'Ask.com, on trouve AP, Reuters, ESPN, CBS ou encore USA Today. Ensuite, l'intégration à Ask ou le renvoi vers les sites en question dépendent de négociations au cas par cas.

Pas plus de trois ou quatre liens sponsorisés par requête"
Proposerez-vous des liens sponsorisés ?
Oui, mais notre politique en la matière sera la même que celle en vigueur sur le site américain : nous ne voulons pas que les liens promotionnels gâchent l'expérience de l'utilisateur, ils doivent apporter un plus et ne pas être considérés comme une intrusion. Nous proposons donc moins de liens que les autres moteurs. En général, nous limitons le nombre à trois ou quatre. Aucun n'est situé dans la partie droite de la page, nous les plaçons en haut. De plus, les liens vers l'encyclopédie ou vers l'actualité sont proposés avant les liens sponsorisés.

Votre moteur de recherche utilise un algorithme légèrement différent des autres moteurs du marché. En quoi diffère-t-il et est-ce que cela aboutit à des résultats vraiment démarqués ?
Oui, nous avons développé notre propre technologie. En fait, au début des moteurs de recherche, pour simplifier, on indexait les sites selon les mots qu'ils contenaient et leur pertinence par rapport à la recherche. Puis Google est arrivé et le critère dominant dans l'algorithme a été le nombre de liens pointant vers un site. Nous ajoutons une couche supplémentaire : nous gardons le fait que le nombre de liens est important, mais en plus, nous vérifions si les sites faisant des liens vers un autre appartiennent bien à la même famille de sites. En effet, on peut très bien effectuer un lien vers un site en n'ayant rien à voir avec celui-ci. Cela affine donc les recherches et, si l'on compare avec d'autres moteurs, on arrive en effet à des résultats sensiblement différents.

Tous les services proposés sur Ask.com seront-ils déclinés en France ?
Oui, c'est notre volonté. Le site français bénéficiera aussi, prochainement, du service de cartographie, de météo, de l'encyclopédie. Déjà, la version bêta propose Bloglines, la recherche d'images ou encore le service de personnalisation : "MyAsk" permet de sauvegarder des recherches, soit en créant un compte, si l'on veut emporter son espace personnel sur un autre ordinateur, soit simplement en activant un cookie. Sur une requête précise, par exemple, l'option "enregistrer" est proposée. Elle permet de sauvegarder plusieurs résultats et de les retrouver tels quels dans plusieurs mois.

Il y a de la place pour de nouveaux acteurs en France"
Le marché semble déjà bien établi en France, entre Google, Yahoo et MSN. Comment comptez-vous vous différencier ?
Nous nous différencierons d'abord dans la qualité du produit. La meilleur communication, c'est la qualité. Mais il faut souligner que l'on observe, entre la France et les Etats-Unis, d'importantes différences de comportement. En France, les internautes ne consultent qu'un à deux moteurs de recherche, alors qu'aux Etats-Unis, ils ont l'habitude d'en utiliser quatre ou cinq. On peut imaginer que les Français vont rejoindre les habitudes de consommation des Américains et il y a donc de la place pour de nouveaux acteurs.

Quels sont vos objectifs sur le marché français ?
Il s'agit de gagner rapidement plusieurs points de parts de marché. Disons que notre ambition est de nous installer dans le duo de tête des moteurs de recherche à long terme, d'ici trois ans.

Une importante campagne de communication vient de commencer aux Etats-Unis pour promouvoir Ask, à la télévision et sur Internet. Agirez-vous de la même façon en France ?
Il y aura sans doute, au moment du lancement commercial, un important plan de communication offline et online. Mais les campagnes seront différentes, puisqu'en France il s'agira du lancement d'un nouveau produit, tandis qu'aux Etats-Unis, AskJeeves était déjà bien implanté et il s'agissait surtout de faire de la communication de rebranding.

  Le site
Ask France
A titre personnel, cela peut paraître surprenant de vous retrouver à la tête d'un moteur de recherche, vous qui avez été directeur des contenus de e-TF1 et qui avez effectué toute votre carrière au sein du groupe Bouygues ?
Mais ces deux domaines ne sont pas si éloignés ! Les moteurs de recherche sont une forme de média. Entre le contenu pur et la recherche, les passerelles sont nombreuses. Et puis les manières de penser restent valables pour tous les types de contenus.
 
 
Propos recueillis par Nicolas RAULINE, JDN

PARCOURS
 
 
Ludovic Lecomte, 38 ans, est le directeur de la filiale française d'Ask Jeeves, ouverte en février 2006. Il est chargé de lancer le moteur de recherche en France et d'en assurer le développement.

Avant de rejoindre Ask France, Ludovic Lecomte occupait, depuis mars 1999, le poste de directeur des contenus puis directeur éditorial, marketing et commercial au sein de e-TF1.

Il a commencé sa carrière en 1994 chez Bouygues en tant que chargé de communication, où il contribua à la création du site Internet du groupe. Puis il rejoint la chaîne d'information LCI en qualité de rédacteur-commentateur des journaux télévisés, avant d'accéder au poste de rédacteur en chef adjoint du site TF1.fr.

Et aussi Ludovic Lecomte est diplômé de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris. Il a également obtenu un DESS en Droit et Administration de la communication. Il a séjourné pendant deux ans aux Etats-Unis où il a effectué un master de communication à l'Annenberg School of the University of Southern California de Los Angeles.

   
 
 
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