Avec Liberty
Surf, Free se dispute la première place des FAI gratuits
français. Son PDG, Xavier Niel, se montre sceptique sur
les offres ADSL telles qu'elles se présentent aujourd'hui,
annonce le déploiement de son réseau télécoms
et promet une baisse du prix de la hotline. (Voir aussi l'interview
vidéo avec RealPlayer).
Propos recueillis par Alain
Steinmann le 4 novembre 1999
.
JDNet
: Vous
vous qualifiez de premier fournisseur d'accès internet gratuit...
Combien avez-vous d'abonnés?
Xavier Niel. On ne se qualifie de rien... Ce sont les études
qui nous donnent aujourd'hui comme leader, mais je ne sais pas
si on peut toujours croire les études. Aujourd'hui, nous avons
une base d'environ 360.000 personnes qui se connectent chez Free.
Ca
représente combien d'abonnés réellement actifs?
C'est très dur à quantifier. On n'a pas de définition précise
du nombre de personnes "actives"...
Tous vos concurrents proposent des forfaits de connexion internet.
Allez-vous vous aussi vous y mettre?
Aujourd'hui,
pour tous les forfaits qui sont proposés, on s'aperçoit que les
tarifs reviennent plus chers que les offres de France Télécom
qui peuvent exister aujourd'hui. Donc, pour l'instant, nous ne
proposons pas de forfait. Les gens qui créent des forfaits aujourd'hui
prennent le pari qu'ils seront soit sous-consommés de 40% soit
sur-consommés de 40%. Et donc que personne ne consommera le forfait
de manière moyenne. Un peu à l'image de ce qui se passe sur les
téléphones mobiles. On a un prix frontal qui peut paraître moins
cher mais un prix réel qui est plus cher.
Vous
avez expérimenté l'ADSL à Paris. Quels sont les premiers résultats?
Sans préjuger de la fin des tests, on a aujourd'hui deux types
de soucis: le premier est un souci qualitatif. France Télécom
nous permet d'accéder au client final avec un débit garanti de
3,6 kbts. C'est quinze fois plus lent qu'avec un modem 56 K par
exemple. C'est un problème majeur puisque nous ne sommes pas à
même de garantir au client final la qualité du service. Le deuxième
problème est un problème de prix. A titre d'exemple, je crois
qu'un lien 2 mégas pour relier les clients ADSL à notre site nous
coôte 40.000 francs par mois, c'est quatre fois plus cher que
le même lien transatlantique pour aller chercher de l'IP à New
York ou Washington.
Si
vous faites de l'ADSL est-ce que ce sera aussi du "free"?
Aujourd'hui si on devait faire de l'ADSL, on ferait obligatoirement
du "free" parce qu'on ne peut pas garantir la qualité de service.
Si nous faisions de l'ADSL, le service étant plus complexe, nous
aurions une offre qui intégrerait un forfait. Si on veut qu'un
produit fonctionne auprès du grand public, il convient d'avoir
un prix inféireur à 3,38 francs, intégrant à la fois les communications,
la qualité de service et l'accès à internet.
Votre
concurrent Liberty Surf a récemment acquis un opérateur télécoms.
Allez vous vous aussi devenir un "telco"?
Le groupe auquel appartient Proxad dispose d'une
structure qui a une licence L33- L34A. Ce sont les plus grandes
licences possibles pour exploiter des télécommunications en France.
A partir de ce moment-là, nous disposons à l'intérieur même du
groupe de l'ensemble des ressources pour déployer en propre cette
activité.
Depuis
quand avez-vous acquis votre licence et allez-vous proposer des
forfaits?
Cette licence, nous l'avons depuis tout récemment et
nous sommes en cours de déploiement du réseau qui va nous coôter
un peu plus de 100 millions de francs. Je pense que sous serons
totalement déployés en France avant le mois de juin de l'année
prochaine, peut-être avec une bonne surprise avant. Actuellement
vu les prix d'interconnexion avec France Télécom, nous ne sommes
pas à même de proposer des forfaits. D'autre part le principe
du forfait me gène parce qu'il intègre un principe de surfacturation
pour le client final. Je préférerais des facturations transparentes
à la seconde et sans forfait temps. Dans ce cas, le client sait
ce qu'il paye et il paye uniquement ce qu'il consomme.
Lorsqu'on
s'inscrit chez Free on remplit un questionnaire. Qu'allez vous
faire de ces données?
Sur ce formulaire, les questions sont minimalistes. C'est le nom,
l'adresse le code postal, le début du numéro de téléphone afin
que nous puissions affecter le compte à un de nos points d'accès.
Nous sommes le fournisseur d'accès qui pose le moins de questions
à nos clients. Nous n'avons pas de proxy transparents qui nous
permettraient de savoir sur quels sites vont nos clients. Nous
ne traçons pas nos clients. Ces bases de données nous ne les utilisons
pas et nous ne les utiliserons pas.
Quelles
sont les prochaines nouveautés sur Free?
Il y a des choses qui me déplaisent encore aujourd'hui sur Free
et sur lesquelles nous avons besoin de travailler. C'est entre
autres le prix de la hotline. Nous avons une hotline à 2,33 francs
la minute, ce qui est un prix qui me parait beaucoup trop élevé.
Nous avons à tout prix besoin de faire baisser ce coup d'accès
au renseignement technique.