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Jean-Noël Tronc
Directeur
général France
Orange
Mobile |
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Jean-Noël Tronc
"Le développement des MVNO contribue à la croissance d'Orange"
Multiplication des accords de MVNO ou de licence, croissance du nombre d'abonnés haut débit, déploiement du DVB-H, quatrième licence 3G : le directeur général d'Orange mobile dresse le bilan du premier semestre 2006 et revient sur les enjeux futurs du secteur.
(06/10/2006) |
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JDN.
Quel premier bilan
tirez-vous de l'activité d'Orange mobile au premier semestre
2006 ?
Jean-Noël Tronc. C'est un bilan très satisfaisant.
Orange France compte 22,4 millions de clients mobiles
actifs au 30 juin 2006, soit une hausse du parc de 4,4 %
sur un an et une part de marché de plus de 46 %.
Ces résultats sont en ligne avec notre stratégie de maintenir
Orange dans sa position de leader historique sur les mobiles,
tant en termes de parc d'abonnés, de qualité que de taille
du réseau.
Où en êtes-vous de la couverture
du territoire national en haut débit mobile (Edge, 3G
et HSDPA) ?
Orange revendique le réseau mobile le plus étendu : nous
couvrons 90 % de la population en 2G, 60 % en 3G.
Orange renforce aujourd'hui progressivement sa couverture
haut débit mobile avec la 3G+, qui s'appuie sur la technologie
HSDPA, dans les plus grandes agglomérations françaises,
notamment Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier,
Nantes, Nice, Toulouse et Paris. Mi-septembre, nous avons
lancé à Lyon, Nice et Marseille une offre 3G+ pour les
clients entreprises Orange Business Services.
Près
de deux ans après le coup d'envoi de la 3G par Orange,
quel bilan tirez-vous aujourd'hui de la commercialisation
de ces offres auprès du grand public ? Maintenez-vous
l'objectif de deux millions d'abonnés 3G à fin 2006 ?
La 3G est un véritable
succès commercial. Nous constatons un véritable engouement
de la part des clients Orange : plus de 1,9 million
d'entre eux sont abonnés à des services mobiles haut débit
à la fin du premier semestre 2006, contre 182.000 un an
plus tôt. L'objectif de deux millions d'abonnés haut débit
mobile sera donc largement dépassé à la fin de l'année.
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Pas
de lancement commercial de la TV sur mobile
avant 2008." |
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Où
en sont les projets sur le DVB-H ? Le lancement commercial
en France de la TV sur mobile aura-t-il lieu en 2007,
comme l'annonce Michel Combes, PDG de TDF (lire l'interview
du 28/09/2006) ?
Les expériences sur le DVB-H nous ont confirmé
deux points : le vrai défi pour le développement
de la télévision sur mobile est la qualité. Et pour cela,
il faut déployer un réseau très dense. Grâce à ces expérimentations,
les groupes audiovisuels ont compris que les opérateurs
mobiles et les prestataires techniques de diffusion comme
TDF étaient des acteurs inévitables de cette future télévision.
Par ailleurs, il faut absolument trouver un marketing
de masse pour que le modèle soit rentable. Or, je ne pense
pas que le marché décolle avant 2008.
Orange
a multiplié les accords de MVNO ou de licences au cours
des douze derniers mois. Combien d'accords de ce type
comptez-vous aujourd'hui ?
Le développement
du chiffre d'affaires réalisé avec les opérateurs de réseaux
mobiles virtuels a contribué pour une bonne part au premier
semestre à la croissance du chiffre d'affaires du réseau
et qui va continuer à progresser. Orange détient 60 %
de part sur ce marché de gros. Nous avons des accords
avec un opérateur local, Breizh mobile, et avec trois
opérateurs nationaux : Tele2, Virgin Mobile et Ten.
Nous avons en outre huit accords de licence : M6
Mobile, Fnac Mobile et six clubs de foot de la Ligue 1.
Ce marché connaît une croissance spectaculaire depuis
un an. A tel point qu'à Noël, nous pensons que les MVNO
vont réaliser 30 % des ventes sur le mobile.
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Orange
détient 60 % du marché de gros
sur les MVNO." |
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Quels
sont les avantages pour Orange de ce type d'accords ?
Premier
élément-clé : ces nouveaux entrants favorisent la dynamique
de croissance du marché dans son ensemble. Les offres
commerciales et marketing des MVNO s'adressent en général
aux primo accédants. Rappelons que le taux de pénétration
du mobile en France n'est que de 81 % - un chiffre
sensiblement proche de la réalité - et qu'il reste
encore des millions de Français qui ne sont pas équipés.
Autre avantage stratégique : le développement du
chiffre d'affaires réalisé avec les opérateurs de réseaux
mobiles virtuels contribue désormais pour une bonne part
à la croissance du chiffre d'affaires du réseau et devrait
encore continuer de progresser. Orange détient aujourd'hui
60 % de part sur ce marché de gros. Certes, ces revenus
de gros sont moins élevés que les revenus de détail, mais
ce type d'accords permet à Orange de toucher des cibles
auxquelles elle n'avait pas ou peu accès auparavant, via
de nouveaux réseaux de distribution ou un positionnement
marketing différent. C'est notamment le cas avec l'accord
de licence de marque avec M6, qui nous permet à la fois
de toucher une cible jeune et de bénéficier du réseau
de distribution des NMPP.
La concurrence avec les autres
opérateurs mobiles, SFR notamment, semble d'ailleurs aujourd'hui
se reporter sur les réseaux de distribution ?
En effet, il y a
une guerre actuellement sur les réseaux de distribution.
C'est pourquoi nous sommes ravis d'avoir passé un accord
de MVNO avec Carrefour, qui compte plus de 200 grands
magasins en France, en réponse à l'accord SFR-Auchan.
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La
France est le pays européen le plus
cher à couvrir en réseau mobile." |
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L'Arcep
(Autorité de régulation des télécommunications) lancera
à l'automne une consultation publique afin de sonder le
marché quant à son intérêt pour la quatrième licence 3G
encore disponible. Les candidats ne semblent pas se bousculer...
Effectivement, à
première vue, aucun opérateur français ou étranger ne
semble vouloir de cette licence. Il faut savoir que la
France est certainement le pays d'Europe le plus cher
à couvrir en réseau mobile : 550.000 km² de territoire
pour moins de 70 millions d'habitants
la densité
de la population est très faible comparée à l'Allemagne
par exemple. La France compte notamment plus de 20.000
communes de moins de 1.000 habitants. Or nous avons une
politique publique d'aménagement du territoire qui oblige
les opérateurs détenteurs de licences à couvrir 100 %
de la population. La couverture des zones blanches en
France, qui sont par ailleurs structurellement déficitaires,
coûte plusieurs dizaines de millions d'euros d'investissements
pour Orange. Un exemple concret est que le réseau 3G que
nous déployons au Royaume-Uni coûte 40 % mois cher
qu'en France.
La licence 3G d'Orange en France
n'est-elle donc pas rentable ?
Ce n'est pas tant
que la licence n'est pas rentable, elle le sera à plus
long terme quand les usages de l'Internet mobiles se seront
multipliés. Nous l'avons achetée pour 620 millions d'euros.
Au total, entre les licences française, allemande et britannique,
la 3G représente un investissement de plusieurs milliards
d'euros. Mais la France a ceci de spécifique qu'elle possède
l'une des redevances annuelles d'utilisation des fréquences
les plus chères d'Europe. Elle s'élève à 1 % du chiffre
d'affaires annuel, soit pour France Télécom une centaine
de millions d'euros pas an en 2005 pour la 3G et la 2G
en France, contre une moyenne dans les autres pays européens
de 5 millions d'euros.
Comment Orange mobile s'inscrit-il
aujourd'hui dans la convergence des réseaux fixes et mobiles,
principale ambition du plan stratégique NeXT de France
Télécom pour 2006-2008 ?
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En
savoir plus |
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Je voudrais juste rappeler que la
stratégie d'opérateur intégré a été annoncé par Thierry
breton dès 2003 et poursuivie par Didier Lombard en 2005.
A l'époque personne n'y croyait. Or depuis quatre ans,
le marché mondial des télécoms a subi d'importantes transformations,
tous les opérateurs se positionnant aujourd'hui sur le
créneau de
la convergence ! Le rachat des activités
fixe et ADSL de Tele2 France par SFR en est l'illustration
parfaite. Chez France Télécom, la stratégie de convergence
NeXt est déjà pleinement à l'uvre, avec notre offre entreprises
Business Everywhere par exemple, ou Unik pour le grand
public. Ces deux offres, loin de baisser les revenus par
clients d'Orange mobile, apportent un bénéfice marketing
incontestable, tant en termes de conquête que de fidélisation
des clients.
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Propos recueillis par Emilie LEVEQUE, JDN |
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