De qui le milieu du cinéma ne cesse-t-il plus de vanter les mérites ? Quelles sont les thématiques qui interpellent ces nouveaux talents ? Si le monde francophone est une plate-forme incontournable de la création cinématographique, le renouveau explosif du cinéma espagnol mérite un coup de projecteur tout particulier. Pour se tirer avec brio d'un débat de cinéphiles, voici ce qu'il faut absolument savoir des nouvelles tendances du cinéma français et hispanophone.

 


Les nouveaux auteurs français

En France plus que jamais, le cinéma est un cinéma d'auteurs. Le plus souvent aux Etats-Unis, le "director" réalise des films dont le scénario a été écrit ou adapté par d'autres. Le plus frappant exemple en est certainement Alfred Hitchcock, même si le phénomène se poursuit aujourd'hui. Mais en France, la considération portée à un réalisateur est souvent fonction de ses talents de scénariste, qui font de lui un "auteur" à part entière. En conséquence, un bon nombre de réalisateurs apparus dans les années 90 et 2000 avaient déjà officié auparavant en tant que scénaristes. Et aujourd'hui, continuent d'écrire les films qu'ils réalisent.

 

Peindre ou faire l'amour, du Arnaud et Jean-Marie LarrieuAinsi, chacun des frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu (nés en 1965 et 66) est ou a été : réalisateur, acteur, scénariste, assistant réalisateur et directeur de production. Mais s'ils tournent de nombreux courts métrages du milieu des années 80 jusqu'en 1993, leur premier long, Fin d'été, ne sort qu'en 1999. En 2000, Mathieu Amalric joue dans La brèche de Roland, règlement de compte familial décalé, très remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs. Les trois hommes poursuivent leur collaboration en 2004 dans Un homme, un vrai, comédie saluée par la critique, rythmée par les ruptures de ton autant que par les chansons de Katerine. Les réalisateurs dont l'"idée a toujours été de filmer des corps dans le paysage ou des corps comme des paysages" quittent alors les Pyrénées pour les Alpes où ils tournent en 2004 Peindre ou faire l'amour. Doucement subversifs sur le thème "y a-t-il une vie après 30 ans de mariage ?", ils mettent en scène Daniel Auteuil, Sabine Azéma, Sergi Lopez, Amira Casar… et Philippe Katerine. Et décrochent ainsi une sélection officielle à Cannes en 2005.

 

Flandres, de Bruno DumontAncien professeur de philosophie, Bruno Dumont (né en 1958), qui écrit et réalise tous ses films, est pour sa part un enfant chéri du Festival de Cannes. En 1997, son premier long métrage La vie de Jésus y reçoit la Caméra d'Or ainsi que le Prix Jean Vigo. En 1999, L'humanité remporte les deux prix d'interprétation et le grand prix du jury à Cannes. Ces deux films auront suffi à imposer le cinéaste comme celui qui filme l'ordinaire avec une intensité à la limite de l'insoutenable. L'humanité au quotidien, jusque dans son abjection, est montrée sans complaisance mais sans jugement. Pas question de laisser le spectateur à sa paresse : les premiers plans durent et mettent le public en condition. Auteur de films exigeants à l'écart de tout spectaculaire, Bruno Dumont fait sans conteste partie de ceux qui créent. En 2003, Twentynine Palms est sélectionné au Festival de Venise. Et c'est la consécration en 2006, où le très sombre Flandres, dans lequel une guerre dans un pays lointain mène deux amoureux aux extrémités de leur condition, lui offre son deuxième grand prix du jury au festival de Cannes.

 

Rois et reine, d'Arnaud DesplechinNé en 1960, Arnaud Desplechin est aujourd'hui l'un des chefs de file de la nouvelle génération de réalisateurs et scénaristes français. Son premier moyen métrage, La vie des morts, met en scène toute une troupe de jeunes acteurs, dont sa future ex-femme Marianne Denicourt et sa future égérie Emmanuelle Devos. Récompensé en 1991 par le prix Jean Vigo, ce premier essai relate les retrouvailles maladroites d'une famille endeuillée et pose déjà son auteur comme un spécialiste des portraits de groupe. La sentinelle en 1992 et Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) en 1996 lui apportent la reconnaissance du public. En 2000, il s'atèle à Esther Kahn, histoire en anglais d'une jeune femme (Summer Phoenix) qui s'ouvre à la vie en devenant comédienne. Et en 2004, retrouve Mathieu Amalric et Emmanuelle Devos pour Rois et Reine, qui lui vaudra prix Louis Delluc, acclamation de la critique… et procès de son ex-femme. Arnaud Desplechin prépare pour 2007 Un conte de Noël, qui réunira Catherine Deneuve, Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos, Chiara Mastroianni et Melvil Poupaud.

 

Ressource humaines, de Laurent CantetParmi les incontournables du cinéma d'auteur français, Laurent Cantet, né en 1961, est peut-être celui qui est apparu le plus récemment. Auteur de courts métrages, son premier long, en 1999, n'est autre que Ressources humaines. Dans ce manifeste social, un étudiant d'école de commerce, en stage au service RH de l'usine où son père travaille depuis trente ans, découvre qu'il sert de paravent à un plan de restructuration dont son père va être victime. En 2001, Laurent Cantet tourne L'emploi du temps et en 2005 Vers le sud.

 

Dans cette nouvelle génération d'auteurs, citons enfin Pascale Ferran, née en 1960 (Petits arrangements avec les morts en 1994, L'Âge des possibles en 1995, Lady Chatterley en 2005 et bientôt Paratonnerre), Abdellatif Kechiche, né en 1960 (La Faute à Voltaire en 2000, L'Esquive en 2003 et bientôt aussi La Graine et le mulet) et enfin Dominik Moll, né en 1962 (L'intimité en 1994, Harry, un ami qui vous veut du bien en 2000, Lemming en 2005). Lire la suite

 

 

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