La démotivation d'un
ou plusieurs collaborateurs est un phénomène qui doit être
surveillé de près par le manager car elle est contagieuse. Pourtant,
dans le flot quotidien des tâches et urgences à régler, prendre
conscience d'un changement insidieux dans l'état d'esprit d'une personne
que vous côtoyez tous les jours est difficile. Il faut rester attentif aux
signes qui peuvent mettre la puce à l'oreille.
Les
changements de comportement qui en disent long
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Bruno César, César Consulting |
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"Une baisse de l'activité
du collaborateur est un signal d'alerte que l'on peut déceler au travers
des tableaux de bord, remarque Bruno César, directeur général
du cabinet de conseil en management César Consulting. Il faut étudier
des statistiques comme le taux de présence des collaborateurs, la qualité
des prestations qu'ils ont rendues, l'atteinte ou non de leurs objectifs."
Il faut ainsi être attentif aux cas de personnes qui font du sur-place dans
leur travail, qui tournent en rond : ne plus apporter d'idées nouvelles
pour un collaborateur traditionnellement proactif, se cantonner à entretenir
la relation avec des clients existants pour un commercial sont autant de signes
dont il faut se méfier. Enfin, "même dans une entreprise peu
à cheval sur la question des heures de travail, le manager doit être
attentif aux horaires d'arrivée et de départ de ses collaborateurs
s'ils sortent de leurs habitudes", ajoute le consultant.
Des
situations à surveiller de près
Cette vigilance doit être
renforcée lors de certaines périodes plus spécifiquement
propices à la démotivation. Une entreprise rachetée par un
concurrent, une réorganisation suite à une baisse d'activité,
un projet qui a échoué sont autant de circonstances dans lesquelles
le manager doit se méfier. D'une manière générale,
toute absence de résultat, quelle qu'elle soit mais surtout si elle suit
une période de fort investissement des salariés, génère
quasi systématiquement de la démotivation.
"C'est un vrai enjeu pour le manager de s'assurer
que ses collaborateurs récupèrent" |
Attention cependant : tous
les cas d'échec ne sont pas obligatoirement évidents aux yeux du
manager. Il peut s'agir d'une déception ressentie par quelques collaborateurs,
par rapport aux autres ou à ce qu'ils s'étaient eux-mêmes
fixé comme objectifs. Par exemple, le cas d'un département qui s'investit
fortement dans son travail et obtient des résultats corrects mais néanmoins
moins bons que ceux d'autres services.
La récupération
n'est pas la démotivation
Il faut enfin savoir discerner la démotivation
du relâchement suite à une importante charge de travail ponctuelle.
"Après un gros coup de collier, il est nécessaire pour l'hygiène
mentale des équipes de laisser un temps de récupération,
prévient Bruno César. C'est un vrai enjeu pour le manager de maîtriser
la pression et de s'assurer que ses collaborateurs récupèrent. Il
faut en particulier être vigilant avec les jeunes, souvent prêts à
trop donner et qui veulent se prouver à eux-mêmes ce dont ils sont
capables." Au-delà de laisser partir plus tôt le soir, une demi-journée
de récupération après un travail nocturne sera par exemple
beaucoup plus efficace.