Une pression mise par l'entourage...
Il serait presque de mauvais ton, lorsqu'on est cadre aujourd'hui, de ne pas
être constamment "sous pression". Une charge de travail très forte sur la durée,
des objectifs ambitieux à atteindre en toujours moins de temps. Tels sont les
griefs qui sortent le plus souvent de la bouche des managers. "Les cadres souffrent
du zapping que leur impose leur hiérarchie, témoigne Françoise Lauer, psychologue
et consultante senior pour Stimulus. Elle leur donne des objectifs multiples et
des ordres qui parfois se contredisent." Difficile de garder le cap et sa motivation
face à des impératifs qui de plus en plus leur échappent.
"Les cadres souffrent du zapping que leur impose
leur hiérarchie" |
"C'est le manque de contrôle qu'ils ont sur ce qui leur est demandé qui pose
le plus problème, poursuit la spécialiste. Il est possible de donner un coup de
collier pour remplir ses objectifs, mais sans la capacité de contrôle, on aboutit
à du mauvais stress." A cela, il faut ajouter le rôle de certaines personnalités
difficiles à gérer parmi les supérieurs du cadre, des gens qui ont besoin
de la pression pour travailler et être performants et qui ne comprennent pas que
tout le monde ne fonctionne pas de cette manière. Les sources d'un sentiment de
pression trop important sont donc bien entendu à chercher dans sa hiérarchie,
mais aussi les autres donneurs d'ordres tels que les clients et les actionnaires.
... mais pas seulement
Néanmoins, il serait illusoire de croire que toute la pression que l'on ressent
ne provient que de sources exogènes. Un des principaux donneurs d'ordres
reste en effet le manager lui-même. "Chacun a en soi un outil de contrôle
qui agit en externe comme en interne, note Laurence Saunder, directrice de
l'Institut français d'action sur le stress (Ifas). Le premier nous fait dire
'les choses devraient être différentes de ce qu'elles sont', par exemple
'l'ascenseur ne devrait pas être si long à arriver quand je suis pressé'.
Le second se réfère plutôt à des contraintes que l'on s'impose à soi-même
et qu'on ne remet pas en question : 'je ne suis pas à la hauteur', 'je n'ai
pas le droit de dire non'
" Il faut donc tout particulièrement se
méfier des petites voix intérieures qui se révèlent parfois pires que son
propre chef. Elles sont d'autant plus pernicieuses qu'on en a rarement conscience
d'emblée.