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 Rubrique / Bonnes feuilles - "Le Bal des initiés" (1/3)
Mardi 7 octobre 2003
Bonnes feuilles - "Le Bal des initiés" (1/3)
Le mythe de l'ère nouvelle
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"Le Bal des initiés",
par François Roche, Dunod, octobre 2003, 234 pages, 20 euros.

Dunod : la fiche du Bal des initiés
Il est remarquable que les prophètes contemporains de "l'ère nouvelle" viennent des marchés financiers. Laurent Mauriac, un journaliste [et auteur de "Les Flingueurs du Net", Calmann-lévy, 2002. Lire les bonnes feuilles dans le JDN], qui a suivi de près l'économie Internet dès ses origines, identifie le premier zélateur en la personne de Mary Meeker, analyste financier chez Morgan Stanley. En février 1996, elle publie une volumineuse étude intitulée "The Internet Report". Il est peu usuel que les banques d'affaires rendent publics leurs travaux internes, mais cette fois, cette étude est largement diffusée et deviendra même un "best-seller".

Mary Meeker propose à ses lecteurs une approche de l'analyse économique en se basant sur la jeune histoire de la société américaine Netscape. Netscape est en réalité le nouveau nom de Mosaïc Communications (savoureux clin d'œil de l'histoire, puisque le virus qui "cassait" les tulipes hollandaises s'appelait aussi mosaïque), créée en 1994 par Jim Clark, un habitué des start-up puisque c'est lui qui avait déjà lancé Silicon Graphics, spécialisée dans les logiciels d'images de synthèse. Qu'est-ce que Mosaïc ? Un logiciel développé par une petite équipe d'étudiants dont le leader est Marc Andreesen, alors âgé de 22 ans et qui permet aux non informaticiens de naviguer plus facilement sur ce nouveau réseau de bases de données, baptisé Internet, qui était alors un outil au service des chercheurs, des universitaires, et des militaires. Au fond, ce logiciel permettait l'accès du grand public à la "toile".

Stupéfaction générale
L'alliance entre l'homme d'entreprise et l'étudiant fait merveille. Le logiciel fait des millions d'adeptes, la société est rebaptisée Netscape, et Jim Clark fait appel aux investisseurs en capital-risque pour la financer, ce qui constitue une innovation à l'époque. Il tente un pari audacieux : introduire la société en Bourse après moins de deux ans d'existence. Il parvient à convaincre une banque d'affaires… Morgan Stanley, de réaliser l'opération.

Le 9 août 1995, c'est chose faite, et à la stupéfaction générale, le cours d'introduction double le jour même. Jim Clark se retrouve subitement à la tête d'une fortune de 565 millions de dollars et les fonds de capital-risque voient leur investissement de départ de 3,5 millions de dollars valorisé à 256 millions. En une journée…

(...) Du coup, Mary Meeker, tente de "modéliser" l'expérience. Dans l'approche financière classique, une introduction en Bourse sanctionne plusieurs années d'existence, un "historique" financier sans failles, une antériorité du management. Netscape est de ce point de vue un contre-modèle. Pour Mary Meeker, c'est le premier épisode d'une révolution annoncée. Il est désormais établi que l'Internet change la vision économique, qu'il va remodeler le paysage des entreprises, qu'une affaire en pertes peut aller en Bourse et y réussir et que seuls compteront désormais la notoriété et les parts de marché.

Sur une centaine de pages, Mary Meeker multiplie les prédictions du genre, "en 2000, il y aura davantage de gens devant leur ordinateur personnel à 20 heures que devant la télévision" ou "au cours de la prochaine décade, Internet deviendra aussi indispensable que le téléphone".

Analyse autocentrée
Beaucoup de ces intuitions ne sont d'ailleurs pas fausses, mais ce sont les anticipations de la taille des marchés potentiels et leur vitesse de développement qui vont s'avérer fantaisistes. Il est frappant de constater qu'aucun raisonnement macro-économique ne vient tempérer l'enthousiasme de la jeune analyste. Son analyse est autocentrée comme si l'Internet allait constituer un monde à part, sans connexion avec la réalité, avec les habitudes de consommation, les arbitrages de bon sens que réalisent les ménages en matière d'allocations de ressources, les retards fréquents dans le développement des nouvelles technologies. Cent pages d'un enthousiasme débridé, sans recul ni mise en perspective.

En tout cas, c'est un argumentaire suffisamment convaincant pour que dès avril 1996 trois sociétés Internet fassent leur entrée en Bourse, Lycos, Excite et Yahoo, suivis par Amazon.com en mai de l'année suivante, puis par la multitude que l'on sait.

En juillet 1997, l'hebdomadaire américain "Business Week" arrive dans les kiosques avec cette bouleversante révélation : le monde entre dans une nouvelle ère. Il se fait ainsi l'écho d'une inflexion significative des analyses économiques. Les propos d'Alan Greenspan, le président de la Réserve Fédérale américaine le 5 décembre 1996 qui dénonçait "l'exubérance irrationnelle" des marchés n'ayant provoqué aucun effet sur les cours de Bourse, il faut bien attribuer la hausse des marchés, qui s'accélère depuis quelques mois, à un facteur quelconque.

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"Le Bal des initiés",
par François Roche, Dunod, octobre 2003, 234 pages, 20 euros.

Dunod : la fiche du Bal des initiés

L'expliquer par la reprise de la croissance des économies américaine et européenne est insuffisant et… ennuyeux. Le boom des marchés est inattendu, il lui faut une explication inattendue. Ce sera celle de l'ère nouvelle et de la "nouvelle économie". Elle a déjà servi dans le passé, mais pas grand monde ne s'en souvient. En réalité, c'est parce que l'étude des fondamentaux de l'économie et des entreprises ne justifie pas une telle euphorie boursière, que la thèse de l'ère nouvelle reprend du service, comme en 1901 et en 1929. Évidemment, on ne parle plus de l'électricité ou de l'automobile, mais de l'Internet.

A lire également:
2. Le mouvement perpétuel (08/10/03)
3. Eté 2003 : le début du recommencement?
(09/10/03)

© Editions Dunod
* : les sous-titres sont de la rédaction
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