Des opérateurs étrangers investissent la boucle locale radio

La libéralisation du marché des télécoms est une réalité dans les textes. Dans les faits, elle est effective sur le marché des communications grandes distances. Au niveau local, France Telecom est encore extrêmement présent. En effet, pour un opérateur de télécoms, le réseau local représente la plus grande partie des coûts d'infrastucture (environ 80 %), ce qui explique la difficulté des opérateurs à s'implanter sur ce segment. La boucle locale radio peut permettre à un opérateur de construire un réseau local à des couts bien moindres (pas de frais de génie civil et de droits de passage). L'Autorité de Régulation des Télécommunications devrait ainsi attribuer avant la fin du mois de juillet les licences nécessaires aux opérateurs pour commercialiser ces services. Par ailleurs, les technologies de boucle locale radio permettent de fournir des accès Internet allant facilement jusqu'à 8 Mbit/s (et même jusqu'à 34 Mbit/s en utilisant des technologies point à point), pour des coûts inférieurs à ceux d'une liaison louée.

De nombreux opérateurs ont demandé leur licence. Parmi eux, plusieurs sociétés sont l'émanation d'opérateurs de boucle locale radio ayant déployé leurs services depuis plusieurs années aux Etats-Unis. C'est notamment le cas de Winstar, un opérateur présent dans soixante villes outre atlantique, et qui compte ouvrir un réseau européen, basé sur un réseau de transport loué à un opérateur (location de fibre noire et technologies DWDM/SDH), et des réseaux d'accès radio. Il sera présent notamment à Amsterdam, Bruxelles, Londres, et Paris à partir de la rentrée. La société compte en particulier offrir des accès permanents à Internet à coût fixe, avec une augmentation de la bande passante à la demande, jusqu'à 8 Mbit/s. Un portail de services pour les PME devrait aussi être mis en place dans l'avenir.

On peut aussi citer Landtel, un opérateur qui compte un investisseur commun avec Winstar. Il compte lui se concentrer sur les villes de moins de 50.000 habitants, et proposer aussi des services aux particuliers. Cette société a aussi en projet le déploiement d'un réseau pan-européen. Elle compte commercialiser des connexions Internet à des tarifs de l'ordre de 170 francs par poste pour un débit garanti de 125 Kbit/s par poste, (pour moins de 5 postes). La filiale française a été créée par Laurent Abril et Thierry Othnin-Girard, auparavant dirigeants de Cité Interactive, un câblo-opérateur appartenant maintenant au groupe UPC.

L'apparition de ces nouveaux acteurs pourrait entraîner une concurrence accrue sur le marché de l'accès internet, et donc une baisse des prix. Quelle sera alors la réaction d'opérateurs bien implantés sur le marché français tels Cegetel, 9 Telecom ou encore Tele2 ? [Ludovic Blin, JDNet]