01/10/2001
Pierre Lombardy, Matra Global Netservices :
"La combinaison de services est notre personnalisation."
Le
1er janvier 1997, la start-up Matra Grolier Network reprenait
les activités de fournisseur de services Internet
à valeur ajoutée du groupe Lagardère.
Devenu depuis filiale à 100 % d'EADS, l'hébergeur
prévoit de réaliser un chiffre d'affaires
de 87 millions de francs pour l'exercice 2000. Employant
à l'heure actuelle près de 130 personnes,
la société comptait fin 1999 un effectif d'une
centaine de salariés pour un CA de 50 millions
de francs environ. Sur le marché très vaste
des acteurs de l'hébergement, elle se déclare
faire partie des rares acteurs à pouvoir assurer
les interventions nécessaires au niveau des applications
elles-mêmes. MGN, qui signifie depuis peu Matra
Global Netservices, a été fondée
par son actuel directeur général Pierre Lombardy.
Celui-ci vient nous expliquer les raisons de ce changement
de dénomination et la stratégie associée,
ainsi que le positionnement de son entreprise sur le marché
de l'hébergement.
JDNet
Solutions : Pourquoi avez-vous abandonné votre dénomination
Matra Grolier Network au profit d'une autre ?
Pierre Lombardy : En premier lieu, la
raison tient dans la disparition du nom Grolier. Nous avons
revendu cette société en avril 2000 à
un acquéreur américain, qui a souhaité
pouvoir utiliser le nom pour ses propres besoins. De fait,
nous avons profité de cette opportunité pour
changer de nom. Pour nous, cela correspond à une
nouvelle étape de croissance. En quatre années
d'existence, nous nous sommes imposés comme l'un
des premiers hébergeurs français. Le choix
d'un nouveau nom nous ouvre une nouvelle ère de développement.
Parmi
les raisons du choix de Global Netservices, y a-t-il une
volonté de vous ouvrir à l'international ?
Il s'agit de la seconde composante
de notre choix. La première est que, durant l'année
2000, nous avons attiré un certain nombre de clients
avec nos services à très forte valeur ajoutée.
Et le nombre de contrats de ce type va être de plus
en plus important. De nombreux clients font ainsi appel
à notre palette de services à valeur ajoutée
pour gérer leurs applications, qu'il s'agisse de
l'administration d'applications et de bases de données,
de conseil en marketing, de recommandations sur la conception
de l'application ou d'amélioration des performances
des réseaux évolutifs. En fait, nous assurons
jusqu'aux développements applicatifs, mais en aval
du projet plutôt qu'en amont. Nous avons signé
de nombreux partenariats avec des SSII comme Unilog et Steria
qui développent le projet, et derrière, nous
prenons en charge l'hébergement et l'évolution
de l'application.
Quant au deuxième axe sur lequel porte votre question,
nous souhaitons être capables d'offrir des solutions
déployables sur toute ou partie de l'Europe. Dans
ce cadre, nous avons signé des partenariats commerciaux
pour échanger des solutions, et notre réflexion
comporte l'idée de mariages avec des partenaires
européens sur l'année 2001. Or, nous souhaitons
rester dans notre métier et nous cherchons des acteurs
équivalents plutôt que complémentaires.
Qu'en
est-il d'une présence physique avec des bureaux et
des centres à travers l'Europe ?
Lorsque je parlais de mariages, j'évoquais
des opérations de partenariats capitalistiques, soit
par échanges d'actions, soit dans le cadre d'une
prise de contrôle par MGN. Nous voulons être
présents dans plusieurs pays européens avec
des datacenters car j'ai la conviction que l'infogérance
e-business suppose à la fois une notion de proximité
et des aspects internationaux.
Quels
sont les premiers pays auxquels vous comptez vous attaquer ?
Cette question fera l'objet de plusieurs
annonces importantes en 2001. Nous avons commencé
à travailler dans certains pays comme l'Espagne et
l'Allemagne.
Allez-vous
proposer une infrastructure répliquée dans
vos divers centres, de type "fermes de serveurs" ?
Nous sommes confrontés à
des cas de figure assez variés. Parmi nos clients
grands comptes, nous en hébergeons certains à
l'échelle européenne de façon centralisée
à Paris. Dans d'autres cas, l'entreprise nous demande
de répliquer la même solution dans différents
pays. Et d'autres situations peuvent se présenter.
Mais quelles qu'elles soient, notre rôle consiste
à produire une vision globale sur l'ensemble des
pays.
Le
marché de l'hébergement regroupe des acteurs
aux activités très différentes. En
ce qui vous concerne, peut-on parler d'infogérance
applicative ?
Je ne vois pas beaucoup de différence
entre les deux termes. Mais le mot "hébergement"
ne me plaît pas beaucoup, car il ne rend pas compte
de toute la palette de services que nous proposons. De fait,
nous qualifions davantage notre activité de gestion
d'applications e-business. L'hébergement suggère
une connotation de bande passante, et je préfère
le terme d'infogérance e-business.
Notre objectif vise à accompagner le client dans
l'évolution de ses applications. Si nous ne proposions
que de la bande passante, tous les grands comptes pourraient
pratiquer l'hébergement en interne et sans notre
aide.
Votre
offre s'oriente-t-elle davantage vers des packages fonctionnels
ou vers du sur-mesure ?
Nous
avons quelques formules packagées pour les PMEs sur
des plates-formes mutualisées. Notre offre repose
sur un véritable catalogue de services et nos prestations
sont totalement personnalisées pour nos grands clients.
Et nous pouvons travailler avec tous les intermédiaires
possibles, car la combinaison de services est notre personnalisation.
Qui
sont vos plus proches concurrents : des SSII comme
Atos et IBM Global Services ?
Certaines SSII assurent l'infogérance
applicative dans un cadre d'informatique traditionnelle
et ne disposent pas des compétences liées
à l'IP en général. De plus, il n'est
pas dans leur nature d'assembler et de combiner des services
de natures différentes. Or, la richesse de notre
approche tient justement dans cette capacité que
nous avons à combiner les différents services
que nous proposons.
Atos est toutefois un bon exemple de concurrent. De par
son histoire, cette société dispose en effet
de tous les ingrédients pour être acteur sur
ce marché. IGS est aussi l'un de nos concurrents.
En fait, je pense que nous sommes un petit nombre d'acteurs
sur le marché à oeuvrer dans le même
sens. Au delà des deux que nous avons déjà
cités, les autres sont Colt Telecom, Fluxus, Integra
et France Télécom.
Passons
à un autre sujet. Vous deviez faire évoluer
votre centre de 300 m2 à Vélizy vers
5 000 m2. Où en est-ce actuellement ?
En fait, le centre lui-même
passe d'abord de 300 à 1 400 m2 dans un
premier temps. Mais n'oublions pas que dans la surface que
nous exploitions jusqu'à présent, nous avons
réalisé 85 millions de francs de CA car
notre valeur ajoutée ne traduit pas seulement un
nombre de racks. Après, nous aurons des bureaux sur
les deux autres étages du bâtiment, avec la
possibilité d'ouvrir le moment venu une seconde salle
blanche de 1 400 m2. Au final, le nouveau centre
ouvrira fin mars ou début avril.
Allez-vous
construire un réseau propriétaire en plus
de vos accords de peering ?
Nous disposons en effet d'une boucle
France Télécom à environ 600 Mbps
en sortie de centre pour nous relier aux sept ou huit opérateurs
avec qui nous avons des accords de peering. Mais la construction
de notre propre réseau ne figure pas dans notre stratégie.
A l'occasion de l'ouverture du nouveau centre, nous allons
utiliser une deuxième boucle du même ordre
que la première. En parallèle, la croissance
de la bande passante sera motivée par les applications
de streaming qui réclament des débits plus
importants.
Quelle
est votre politique en matière de qualité
de service ?
Il s'agit d'un sujet très vaste.
Je considère que la qualité des services que
nous délivrons est un facteur différentiel
sur des activités comme les nôtres. Nous avons
mis en place un plan de progrès, c'est à dire
un dispositif de gestion de la qualité, qui vise
à fournir aux clients un service conforme à
leurs exigences. Dans la tendance actuelle, nous signons
de plus en plus de contrats portant sur la qualité
de service.
Etendez-vous
les SLA (accords sur la qualité de service) sur un
plan applicatif ?
Autant il est facile de mesurer les
performances de nos infrastructures, ou même d'effectuer
des tests de sécurité, autant le plus difficile
à mesurer concerne les services applicatifs. Dans
ce cadre, nos seuls critères d'engagement s'expriment
en terme de réactivité, c'est à dire
la mise en place du dispositif dans un délai convenu.
Autrement, sur le fonctionnement des applications, nous
ne pouvons nous engager que sur la partie qui concerne nos
infrastructures. Car sur Internet, nous sommes tributaires
de l'extérieur.
Les
engagements avec pénalités sont-ils le seul
moyen de répondre à la garantie exigée
par les entreprises ?
Le côté stratégique
des applications qui nous sont confiées amène
les entreprises à être de plus demandeuses
en matière de qualité de service, car tout
dysfonctionnement les engage vis-à-vis de leurs propres
clients.
Bien sûr, nous proposons des engagements assortis
de pénalités, mais nous allons y associer
des notions d'assurance dans certains cas. J'ai d'ailleurs
passé mon après-midi d'hier avec des assureurs.
Dans notre palette de services, l'assurance sera très
appréciée des clients.
Vous
êtes également connus pour votre activité
d'hébergement de grands intranets. Comment voyez-vous
évoluer ces applications ?
Nous avons effectivement dans notre
portefeuille de clients une forte expérience des
intranets et des extranets, en particulier dans le domaine
des communautés virtuelles professionnelles. Dans
ce contexte, nous sommes probablement le plus important
hébergeur d'applications Lotus en France.
Les premières générations d'intranets
ont démarré de façon classique avec
des annuaires et des messageries. Depuis, les applications
se sont orientées vers la diffusion d'informations.
Aujourd'hui, nous voyons passer des caps avec l'arrivée
d'applications métier, qu'elles soient financières,
commerciales ou même génériques comme
la gestion des notes de frais. A présent, l'entreprise
organise son système d'information autour d'intranet,
et cela pose une seule contrainte pour nous : être
capables d'offrir du web-to-host pour permettre aux entreprises
d'aller chercher des données dans leurs systèmes
centraux car un système d'information ne se refait
pas du jour au lendemain.
En
janvier, Matra ambitionnait avec Net.Community de tirer
30 % de son CA 2000 des services de communauté.
Avez-vous atteint cet objectif ?
Je ne pense pas que Net.Community
représente aujourd'hui 30 % de notre chiffre
d'affaires. Nous avons développé de nombreuses
applications sur ces outils, comme l'intranet des médecins.
Je n'ai aucune déception par rapport à cette
offre qui nous a permis de rencontrer un certain nombre
de succès.
Quelles
sont les autres évolutions prévues pour votre
offre ?
Toute notre stratégie repose
sur le mariage entre notre catalogue de services que nous
essayons d'industrialiser, et notre approche combinatoire.
Nous nous orientons donc vers les grands comptes plutôt
que les PMEs, sauf si celles-ci veulent réaliser
une grosse application Internet.
Notre catalogue de services devrait se renforcer dans les
domaines de la sécurité, de l'administration
et vers des catégories nouvelles. Le tout est d'assembler
les bons services pour une prestation personnalisée.
Avant de lancer Matra Grolier Network en janvier 1997,
son directeur général Pierre Lombardy
était depuis 1994 directeur associé de la
SSII Sigo Conseil. Auparavant, il exerce la fonction de
directeur de réseau commercial et de la ligne de
produits "automates bancaires et terminaux points de
vente" chez Bull. Dans ce cadre, il dirige à
partir de janvier 1991 deux unités regroupant 450 personnes.
Diplômé d'HEC en 1971, il débute sa
carrière en tant qu'analyste à la direction
informatique de la BNP avant de rejoindre un an plus tard
la soci&e
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