31/05/01
Marché
du progiciel intégré : le marché français sature... malgré
les offres e-business
Fidèle
à ses thèmes de prédilection, la
filiale française du cabinet d'études
IDC
vient de publier son dernier baromètre sur les
ventes en France
de progiciels de gestion intégrés en 2000.
Alors que l'année dernière devait être
synonyme de relance du marché après la
mise à jour des systèmes en vue de passer
le cap du nouveau millénaire, la croissance ne
s'est finalement pas opérée dans la direction
escomptée. Pire, le ralentissement s'avère
encore plus conséquent qu'entre 1998 et 1999,
ce qui tend à démontrer selon IDC que
les limites du marché ont été atteintes
sauf pour les nouvelles catégories de modules
e-business.
Ainsi, l'évolution de la croissance entre 1997
et 2000 illustre clairement le sujet. D'année
en année, celle-ci est passée de 38,3 %
à 17,6 %, pour atteindre finalement 3,7 %
entre 1999 et 2000. Au total, la vente des licences
d'ERP dans l'Hexagone a généré
un chiffre d'affaires d'environ 2,065 milliards
de francs l'an dernier. Début 2000, Gartner
Group prévoyait déjà la mort
du progiciel de gestion intégré au profit
du système d'informations de l'entreprise étendue,
et ne s'était en apparence pas trompé.
Mais dans les faits, l'ERP s'apprête aujourd'hui
à entrer dans la peau de ce nouveau rôle.
L'étude d'IDC le montre par des chiffres concrets,
tout en relativisant la croissance modérée.
Car les disparités peuvent s'avérer importantes
selon les éditeurs et les segments du marché
considérés.
Les grands éditeurs
ont anticipé la faible croissance
Du côté
des éditeurs, la croissance consolidée
des sept premiers, non cités par IDC dans son
résumé public (l'étude est évidemment
payante), correspond à peu près au triple
de la croissance de tout le marché. Toutefois,
dans l'ordre alphabétique, notre interlocuteur
nous a bien confimé lors d'un contact téléphonique
que les dix principaux acteurs étaient Baan (racheté
par Invensys PLC), Geac France, Generix, Intentia Consulting,
JD Edwards, Mapics, Oracle, Peoplesoft, QAD France et
SAP. Dans leur majorité, ceux-ci paraîssent
avoir justement profité de l'engouement du marché
envers leurs nouveaux modules e-business au sens large.
Ces composantes, qui sortent de la ligne traditionnelle
(comptabilité/finance, GPAO...), intègrent
le commerce électronique b-to-b et b-to-c (côté
achat et vente), la gestion de la relation client (CRM),
le décisionnel et l'optimisation de la chaîne
logistique (SCM).
Ceci dit, en dehors des sept premiers et de certains
autres, il apparaît que ces modules n'ont pas
drainé la majorité des ventes malgré
leur croissance supérieure aux composants traditionnels.
Ainsi, la partie opérationnelle retranchée
derrière le sigle ERM (Enterprise resource management),
qui intègre les aspects comptabilité/finance,
ressources humaines et gestion commerciale, compte encore
pour une bonne moitié des ventes. Derrière
suit toujours la GPAO (gestion de la production), pour
environ un cinquième des licences nouvelles.
Certains secteurs saturés,
d'autres sous-équipés
Pris dans un contexte
général, le tassement progressif des ventes
entre 1997 et 2000 pourrait apparemment souligner le
fait que le marché tout entier arrive à
saturation. Mais selon les secteurs d'activité,
les disparités se montrent très importantes,
tant au niveau des taux d'équipements réels
que des croissances observées. Déjà
en possession d'un ERP depuis plusieurs années
pour la majorité d'entre elles, les entreprises
du secteur de l'industrie comptent pour plus de la moitié
des licences. Mais certains sous-ensembles sur-équipés
comme l'industrie manufacturière jouent sur le
ralentissement de la croissance.
Parmi les secteurs qui connaissent la progression d'équipement
la plus forte, l'on retrouve les produits de grande
consommation, les télécommunications,
l'énergie et les services financiers. Derrière,
d'autres activités constituent encore un potentiel
important de ventes de licences pour les éditeurs.
Le commerce, les institutions et la santé restent
sous-équipés et n'ont pas encore influé
positivement sur la croissance du marché.
Les ERP pour le midmarket :
un "flop" marketing ?
Au cours de l'année
1999, de nombreux analystes persuadés de la reprise
des projets ERP en 2000 pensaient alors que celle-ci
serait significativement drainée par les entreprises
moyennes de 500 à 2 000 salariés,
regroupées derrière le vocable marché
"midmarket" ou "middlemarket". Cette
analyse tenait compte du fait qu'une partie conséquente
des grands comptes disposent déjà de la
colonne vertébrale opérationnelle de leur
système d'information. De fait, le tournant 1999-2000
a vu nombre de grands éditeurs cibler leurs annonces
de progiciels taillés à l'attention de
ce fameux "midmarket".
Mais après observation, IDC constate qu'en dessous
d'un effectif de 1 000 personnes, les entreprises
ont boudé ces offres, parfois au profit de progiciels
plus spécialisés. En revanche, la partie
haute du midmarket semble avoir montré un intérêt
certain, représentant près d'un quart
des licences vendues. Ici, les modules traditionnels
ont trouvé preneurs. Au delà de 2 000 personnes,
les grands comptes ont finalement joué un rôle
plus important que prévu, soit plus du tiers
des ventes. Les ERP déjà en place ont
accueilli les composants e-business cités plus
haut, en particulier dans le cadre de la transformation
vers le concept d'entreprise étendue (collaborateurs,
clients, fournisseurs, partenaires...).
Le véritable renouvellement
attendu à partir de 2005
De fait, la croissance
très ralentie du marché des ERP signifie
bel et bien une saturation du marché pour les
catégories opérationnelles de modules
de gestion plus anciens, du moins concernant une majorité
de grandes entreprises. Et avant de prévoir le
retour de la croissance, il faut considérer les
cycles de renouvellement de ces systèmes. En
général, leur investissement n'est remis
en cause que tous les 5 à 10 ans, notamment
selon le progiciel choisi et l'évolution du mode
de gestion de l'entreprise en rapport avec son activité.
Et comme les années précédant 1997-98
ont témoigné d'un véritable engouement
à l'égard de ces progiciels, la croissance
ne devrait repartir a priori que vers 2005.
D'ici là, il apparaît que les éditeurs
d'ERP concentrent leurs forces sur la vente des nouveaux
modules e-business et des API d'intégration avec
les autres systèmes. Mais en matière d'e-business,
ils se trouvent concurrencés par d'autres géants,
comme Siebel en matière de gestion de la relation
client, et I2 Technologies sur l'optimisation de la
chaîne logistique. La partie s'annonce donc toujours
rude. Et il faudra probablement attendre, pour voir
arriver une véritable refonte du système
d'information, que les entreprises clientes en expriment
réellement le besoin.
La
croissance des ventes
de progiciels ERP par modules
(Revenus des
licences, en % sur 1999/2000)
|
Types
de modules
|
Croissance
|
e-business
(e-commerce btob/btoc, CRM, SCM) |
+
91,1 %
|
Décisionnel
(extraction de données, datawarehouse, applications
analytiques) |
+
12,1 %
|
GPAO
(gestion de production) |
- 11,4 %
|
ERM
(comptabilité/finance, ressources humaines,
gestion commerciale) |
-
16,5 %
|
Tous
les modules confondus |
+
3,7 %
|
Source
: IDC France ("Le marché français
des éditeurs d'ERP", mai 2001)
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