Au sommaire de Ça
existe ?
Le 5 septembre 2001, Bill
Gates en personne est venu évoquer l'avenir de
l'informatique lors du "Future Forum" organisé
par Microsoft
Research (5 milliards de dollars d'investissement
sur l'année fiscale en cours) au siège
du groupe à Redmond, Etats-Unis. Or, ses propos
élogieux n'ont pas dessiné les contours
de la prochaine évolution de la plate-forme .Net.
Loin même de s'apesantir sur ce sujet, la vision
du co-fondateur, président du conseil d'administration
et chief software architect de la firme, a porté
sur un autre champ applicatif qui pourrait s'insinuer
dans nos vies d'ici une dizaine d'années environ.
Le laboratoire avancé Microsoft Research a été
fondé en septembre 1991, avec pour objectif de
"se focaliser sur des objectifs de trois à
dix ans après le cycle produits actuel"
selon le communiqué
portant sur ledit forum.
Dans
sa structure qui se répartit entre 40 domaines
de recherche différents, figure un
centre fondé en 1997 situé à Cambridge
près de Londres, spécialisé entre
autres dans la recherche matérielle. Celui-ci
s'intéresse tout particulièrement à
l'informatique mobile, les interfaces utilisateurs et
les ordinateurs "mettables" (wearable), c'est
à dire portables sous forme de stylos, de montres
ou autres accessoires de l'habillement.
De
l'informatique "mettable" aux ordinateurs-vignettes
Cité
en exemple lors de la conférence, un PocketPC
made in Cambridge doté de senseurs s'avère
capable de capter les ordres d'un périphérique
sans fil pouvant "ressentir" le toucher, les
variations d'inclinaison et le mouvement. Les précédents
exemples du stylo et de la montre existent d'ores et
déjà sous forme de prototypes réels,
habillés des noms de code respectifs XWPen et
SmartMoveX. Une vidéo
de 24 secondes datée de mars 2001 offre
une démo du premier, agrémentée
de plusieurs
photos des deux simili-accessoires sur la page de
l'entité chargée de la recherche matérielle.
La nouvelle version du stylo, XWPen Plus, était
en cours d'élaboration l'an dernier, avec une
capacité de transmission de 64 Kbps (kilobits
par seconde) des données enregistrées
sur l'inclinaison, la pression et le mouvement pour
la prise en compte informatisée de l'écriture
manuelle. Suivant ce principe, le papier et l'encre
classiques n'ont pas besoin d'être remplacés
par des succédanés. Qui plus est, l'engin
ne pèse que 5 grammes et s'avère
doté d'une batterie de 22 heures. On n'arrête
plus le progrès...
Toujours au programme des travaux de Microsoft Research,
le projet
EasyLiving va beaucoup plus loin.
Ici,
ce ne sont plus seulement des stylos et des montres
qui communiquent avec des assistants personnels, mais
tout l'environnement de l'utilisateur qui constitue
une nouvelle matrice. Des schémas explicatifs
dans un document Word qui s'affiche dans le navigateur
montrent des personnes en situation. D'aucunes portent
des "vignettes radio ID" (ID signifiant IDentification)
ou des ordinateurs "mettables" plus complexes
qui les aident à communiquer entre elles, et
permettent par exemple à une lampe de s'allumer
lorsqu'elles se déplacent. Même sans ces
puces placées sur le corps, des capteurs dans
l'environnement pourraient "écouter"
la conversation et servir des images sur un écran
en fonction des mots employés.
Nanotechnologies de sondes
et transmission radio
Derrière ces prouesses de miniaturisation, la
transmission par micro-ondes et les technologies MEMS/NEMS
(Micro/Nano-ElectroMechanical Systems) dont IBM Research
apporte une définition technique sur le portail
de son entité de recherche zurichoise. L'autre
géant a de son côté fabriqué
et mis en service ce qu'il qualifie de plus grand ensemble
de sondes d'acquisition intégrées, soit
1 024 aggrégées en 32 rangées
de 32, le "Millipede". Un simple film polymère
autorise simultanément la lecture et l'écriture
à l'aide d'un procédé thermomécanique
dans des densités d'espace de 200 Gigaoctets
maximum sur un pouce au carré.
Sur le site
de Sun, l'on retrouve aussi mention d'une entreprise,
Microcosm
Technologies, travaillant entre autre sur des licences
du Massachusetts
Institute of Technology avec la DARPA,
l'entité de recherche du Pentagone. C'est donc
toute une partie de l'industrie informatique qui travaille
sur les nanotechnologies de sondes sans lesquelles le
rêve de Bill Gates serait réduit à
de la pure science-fiction.
Plus loin que la
domotique, l'informatique omniprésente est contextuelle
et "intelligente" avec ses capteurs multiples
et ses puces disséminées dans l'environnement,
y compris sur le corps humain. S'agit-il de la technologie
idéale ? Il faudrait tout de même
s'assurer d'en maîtriser et d'en interdire les
abus potentiels. Car ceux-ci, dont la liste pourrait
être longue mais que nous n'allons pas énumérer
ici, font littéralement froid dans le dos. Certains
chercheurs d'universités américaines,
comme Marcia Riley du College
of Computing qui forme des Ph.D au centre Georgie
Tech (à Atlanta) soulignent l'importance de mettre
en place un cadre
législatif strict notamment pour ce qui concerne
le respect de la vie privée. Et ceci, avant de
lancer les produits en question sur le marché.
Auquel cas, il faudra probablement attendre plus longtemps
que ne le prévoient les programmes de Microsoft
ou autres. Une tendance plus responsable apparemment
aussi plébiscitée par le M.I.T. à
travers les articles de son magazine en ligne TechReview.
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