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Un
ultime tour de table (à hauteur de 27 millions
d'euros) conclu en février n'a pas empêché Reef
de déposer le bilan.
Menée
la semaine dernière dans la plus grande discrétion,
cette opération nous a été confirmée
aujourd'hui par une ex-employée de l'éditeur
belge. Fondé en
1997, Reef se spécialise dès l'origine dans
la gestion de contenu Web. Ciblant notamment le créneau
des intranets et des extranets, son offre est bâtie
autour d'une plate-forme modulaire adossée à
un socle applicatif Java.
Une série
de tours de table de grande ampleur
Dès
son lancement, Reef appuie sa stratégie de développement
sur des fonds externes. En octobre 1999, il lève plus
de 14 millions d'euros - auprès des investisseurs
Cisco Systems
et Viventures. Des fonds qui viennent s'ajouter à ceux
accordés par son actionnaire historique Profrigo.
Grâce à ces apports, la société
amorce la commercialisation de sa suite. Dans les mois
qui suivent, cette dernière est déployée
par plusieurs grands noms : General Motors, Siemens
France et le groupe Hurwitz figurent parmi les plus prestigieux.
Cette réussite, du moins sur le papier, permet
à Reef de conclure un second tour de table en octobre
2000. D'un montant de 40 millions d'euros, il est notamment
finalisé auprès de la banque d'affaires Goldman Sachs
et de l'investisseur 3i. Sans compter Profrigo et Viventures
qui en profitent pour renforcer leur participation dans
le capital de l'entreprise. Objectif affiché par
l'éditeur : se lancer à l'international,
avec à la clef l'ouverture d'un centre de recherche
et développement aux Etats-Unis. "Nous allons procéder
à des acquisitions pour renforcer notre produit et aller
plus vite dans les développements de nouvelles fonctions",
nous déclarait à l'époque Cécile Féront,
co-fondatrice de Reef.
Une levée de fonds pour
financer une restructuration
Les
difficultés débutent fin 2001. "Suite
à un très bon début d'année,
nous n'avons pas anticipé la détérioration de l'environnement
économique au second semestre, ce qui a entraîné
mécaniquement une baisse des ventes", nous
expliquait alors Cecile Feront. Présentée
comme "critique", cette situation oblige le
comité de direction à revoir ses
objectifs opérationnels. C'est dans ce contexte
que Reef réalise sa troisième et dernière
levée de fonds. A hauteur de 27 millions d'euros,
six investisseurs y participent en février 2002 :
The Carlyle Group, IDG Ventures, 3i, Viventures, KBC Investco
et SG Cowen Securities.
Recentrage commercial sur l'Europe et les Etats-Unis -
avec notamment un retrait de la zone australienne -, et
des regroupements d'équipes (développement,
marketing, etc.) autour d'unités produits :
Reef compte alors sur cet argent pour financer
une restructuration à grande échelle...
et atteindre son point de profitabilité fin 2002.
Le tout en conservant son positionnement initial...
Un dépôt de bilan
inattendu
Peine perdue. Après avoir dépensé
85 millions d'euros en trois ans, l'éditeur belge
tire sa révérence 4 mois plus tard jour
pour jour. Une disparition qui résonne comme un
coût de canon dans le secteur de la finance et des
capitaux-risqueurs... Certes, Reef qui enregistrait un
chiffre d'affaires de 10 millions d'euros en 2001 (dont
65% réalisé aux Etats-Unis, 30% en Europe
et 5% en Asie) se montrait plutôt optimiste. D'ailleurs,
c'est sans doute cet optimisme qui a permis à son
comité de direction de convaincre encore de nouveaux
investisseurs début 2001. Cependant, les
27 millions d'euros apportés en février
n'ont apparemment pas été à la hauteur
des projets amorcés.
Qu'en sera t-il du futur ? Liquidation ou redressement
judiciaire ? Pour élucider cette question, nous
avons tenté de contacter Philippe Brawermann, PDG et fondateur
de Reef, qui n'a pas donné suite à notre demande.
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