Acteurs
Saga Netscape/Microsoft: histoire d'un renversement
Ou Comment Microsoft, contre vents et marées, a imposé son Explorer face au Navigator de Netscape. (Vendredi 23 août 2002)
     
Indicateurs
Parts de marché des navigateurs en juin 2002
La saga Netscape/Microsoft est unique en son genre. Par l'ampleur du renversement du rapport de force entre les deux acteurs, d'abord, par son caractère emblématique, ensuite. Concernant au départ les navigateurs Internet, l'opposition Netscape/Microsoft il a pris une autre dimension à cause des procès antitrust intentés au géant de Redmond. La machine Microsoft, malgré une image écornée et des procès à n'en plus finir, s'est mis en branle et a écrasé l'ex-géant Netscape. Ce dernier est aujourd'hui extrêmement marginal sur le marché des navigateurs, et son avenir est bien incertain.

Netscape, le pionnier des navigateurs
Ce sont les travaux de Tim Berners-Lee, en 1990, qui ont donné naissance au Web. Le premier véritable navigateur fut créé en 1992 par le NCSA (National Center for Supercomputing Applications), un département de l'Université de l'Illinois. Il s'appelait Mosaic. Le projet était dirigé par Marc Andreessen. Ses études à peine terminées, ce dernier se rendit dans la Silicon Valley, où il participa à la création de l'entreprise "Mosaic Communications". Le terme "Mosaic" étant la propriété du NCSA, l'entreprise fut rebaptisée Netscape.

Au milieu de l'année 95, le navigateur de Netscape régnait en maître, car il n'avait pas de concurrent sérieux. Sa part de marché de l 'époque tournait autour de 80 %. Microsoft prend alors conscience de l'importance du Web et crée son propre navigateur, Internet Explorer. La première version fut distribuée gratuitement avec Windows 95. Netscape Navigator coûtait alors $ 39,95.

Une lente descente aux enfers pour Netscape
Ainsi, dès 1996, la part de marché du navigateur de Netscape commence à décroître, au rythme de 1 % par mois environ. Selon la justice américaine, Microsoft abuse alors de sa situation de monopole dans le domaine du système d'exploitation pour imposer son navigateur aux constructeurs de micro-ordinateurs. Mais il faut également souligner que, à partir de la version 4, Internet Explorer l'emporte sur le plan technique, et que cette avance ne se démentira ensuite plus. Sa première grande innovation est d'avoir permis un accès aux services en ligne MSN (Microsoft Network) directement depuis Windows, l'OS prenant toutes les opérations en charge. Avec la mutation des services propriétaires en World Wide Web, l'OS le plus répandu sur le marché devient également le moyen le plus simple pour accéder à Internet. Des liens vers Internet sont désormais présents sur toutes les applications Microsoft, et Internet Explorer 4 est complètement intégré à Windows.

Lorsque Netscape publie ses résultats pour l'année 1997, l'ambiance n'est pas à la fête, la société californienne s'attend à une perte nette de 85 à 89 millions de dollars pour 1998. Le chiffre d'affaires est inférieur à celui de 1996, et les raisons invoquées par la société désignent clairement le coupable : Microsoft. Le communiqué évoque alors les "pressions exercées par la concurrence", ou les "politiques de prix agressives adoptées par [les] concurrents". Netscape reproche notamment à Microsoft d'avoir totalement intégré Explorer à Windows.

Le long procès intenté à Microsoft ne change pas la donne
Netscape se focalise sur sa bataille contre Microsoft. Pour le concurrencer, Netscape commence à fournir lui aussi un navigateur gratuit, tout en faisant travailler le maximum de développeurs dessus. Netscape court à la faillite et se fait racheter par AOL en 1998, qui utilise et fournit à ses clients un navigateur Internet Explorer " habillé AOL " (seul l'icône AOL fait la différence).

La même année, Netscape décide de poursuivre Microsoft en justice. Le procès est ouvert le 19 Octobre 1998, Netscape accuse Microsoft de lui avoir proposé un accord de non concurrence en échange d'un partage du marché des navigateurs. D'autres sociétés (Apple, Intel) emboîtent la pas à Netscape, et Bill Gates vient finalement témoigner à la barre. Avec le rachat par AOL qui intervient à la fin de l'année, Microsoft demande l'abandon du procès. Reconnu coupable en Avril 2000 d'avoir violé la loi antitrust. Bill Gates fait appel et un accord à l'amiable est conclu entre Microsoft et la justice américaine le 2 novembre 2001. Cependant, 9 des 18 Etats qui avaient porté plainte auc côtés de Netscape rejettent cet accord et continuent de poursuivre la société. Ils veulent imposer une version allégée de Windows (sans Explorer, Outlook ni lecteur multimédia). Le verdict de ce "second procès" n'a pas encore été rendu.

Netscape cherche son salut dans le libre
C'est aussi en 1998 que Netscape décide de suivre la tendance logiciel libre. Le code du navigateur Netscape est rendu public. Les logiciels libres et Netscape ont en effet un ennemi commun : Microsoft. En donnant à des bénévoles la possibilité de participer à l'évolution de son navigateur, Netscape pense probablement pouvoir accélérer et améliorer sa production. C'est tout le contraire qui se passe. La version 5 du navigateur ne verra jamais le jour, et la version 6 fut, à ses débuts, très décevante et surtout très tardive. Dès 1999, les parts de marché de Netscape et Microsoft sont respectivement de 29 et 69 %, selon Statmarket.

Au début de l'année 2000, la part mondiale de marché du navigateur de Netscape était de 18 %. Au milieu de l'année 2001, elle descend vers les 12 %, mais qu'elle était stabilisée. Cette dernière baisse coïncide avec l'apparition de la version 6 du navigateur de Microsoft. La chute va alors s'accélérer de manière exponentielle. Une étude sur l'année 2001 crédite Navigator de 4,5% de parts de marché, contre 94,2% à Explorer.

La dernière version du seul, et pourtant en mauvaise posture, concurrent de Microsoft est Navigator 6.2. Netscape a misé sur la différence, en concevant son produit selon les standards du W3C (World Wide Web Consortium). Netscape a abandonné les technologies propriétaires (JavaScript) au profit de technologies standardisées (ECMAScript). Microsoft est, quant à lui, complètement en marge des recommandations du W3C.
[Serge Descombes, JDNet]
 
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