Toujours en quête de nouveaux
marchés, les constructeurs de système de
stockage se sont mis en tête de faciliter la vie
des administrateurs. La raison ? Les clients des
grands noms du secteur se sont plaints de difficultés
recontrées en tentant de faire cohabiter des îlots
de stockage dits 'hétérogènes' -
composés de produits de marques différentes,
et de normes à priori incompatibles.
Les poids lourds du secteur
se sont donc alliés pour créer une norme
ouverte - Bluefin - définissant les
principes de l'interopérabilité. Ils ont
aussi investi des sommes considérables dans la
R&D pour créer des logiciels de monitoring,
réputés pour être la nouvelle poule
aux oeufs d'or de l'industrie du stockage.
Bluefin
n'a pas été retenu par Sun
Bluefin
n'est pas encore arrivé à maturité,
mais Sun dégaine déjà sa console
d'administration interopérable. En fait, son
Enterprise Storage Manager (ESM) s'appuie sur un standard
ouvert antérieur à Bluefin, le CIM (Common
Interface Manager) - qui est en voie d'être
adopté par de nombreux acteurs du stockage, ainsi
que par ... Bluefin. En étant le premier
à sortir un produit compatible CIM, Sun espère
bien se faire remarquer, et se ménager une place
au soleil sur un marché des consoles de monitoring
déjà bien tenu par quelques leaders.
L'ESM 1.0 de Sun est-il
la solution miracle pour gérer au mieux un parc
de stockage ? Pas certain : "A l'heure
actuelle, seule une partie de nos produits, ainsi que
ceux de nos partenaires les plus proche sont compatibles
CIM" explique Jean-Francois Marie, Architecte Stockage
Senior chez Sun. Ce qui signifie que l'essentiel des
produits disponibles sur le marché ne pourront
à priori pas être monitorés depuis
l'ESM.
Cavalier
seul ?
Sun voudrait-t-il vendre ses consoles aux entreprises
équipés en matériels Sun, Qlogic
ou Hitachi seulement ? Probablement pas :
"Il est très facile de rendre un SAN (Storage
Area Network) compatible CIM : il suffit de reprogrammer
son API (Appications Programming Interface) - à
condition bien sûr qu'il soit administrable à
distance. Si un gros client nous demande de reprogrammer
l'API d'un SAN concurrent, nous pouvons le faire".
Sauf que celà représente un travail considérable,
à peu près équivalent à
ce qui se pratiquait avant ...
Mais il y a mieux :
la norme CIM n'est pas propriétaire, et bon nombre
de fabriquants sont en train de développer des
produits compatibles. Sun ne joue pas cavalier seul,
et sa console d'administration devrait être compatible
avec les SAN qui sortiront dans les années qui
viennent - toutes marques confondues. Et pour cause :
Sun n'avait aucune raison de jouer la carte de la technologie
propriétaire. Le fabriquant est un challenger :
il vient à peine de prendre le train du logiciel
de monitoring.
Un
produit complet
Cela
mis à part, l'ESM est-il un bon produit ?
La console de monitoring de Sun répond à
la plupart des attentes des adminstrateurs : il
regroupe trois fonctions indispensables, autrefois éclatées
en trois logiciels différents. La topologie,
qui permet de dresser un inventaire et un plan des matériels
installés, l'adminstration au sens strict -
qui permet de configurer et de faire communiquer des
systèmes de stockage à distance, et la
gestion des alertes - qui automatise le
recueillement et hiérarchisation des incidents.
On regrettera seulement que
le module de gestion des alertes ne prenne pas en compte
les dépassements d'espace disque : il faut
opter pour un autre logiciel de chez Sun pour pouvoir
monitorer la capacité des disques. Toutefois, le
"capacity planning" devrait être incorporé
dans la prochaine version de l'ESM. D'ici là, à
Sun de faire ses preuves.
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