Les gros clients de WorldCom
sont pour la plupart fidèles, mais pas pour autant
téméraires : ceux d'entre eux qui sont
restés sur le navire en déroute ont décidé
de s'assurer que WorldCom continuerait à mener
chaque jour leurs flux d'information à bon port.
Doutes
justifiés
Il faut dire que - depuis quelques semaines -
les clients de l'opérateur large bande ont toutes
les raisons de se plaindre. A l'origine de leur mécontentement :
la gigantesque interruption de services dont a souffert
le réseau WorldCom au début du mois d'Octobre.
Cette
coupure s'est soldée par des ralentissements
considérables chez la plupart des clients, mais
aussi par des erreurs de routage sur de nombreux mails,
et surtout par un blackout pur et simple chez
20 % des clients de l'opérateur. Le tout
aurait coûté des millions aux entreprises
américaines.
On comprend dés
lors qu'une partie des plus gros clients de WorldCom
ait
senti poindre le danger d'une dégradation globale
des services de l'opérateur, et qu'elle se soit
constituée en comité pour faire entendre
ses intérêts.
De très
gros clients
Le comité en question est composé de dix
sept très gros clients emmenés par DaimlerChrysler
et Procter & Gamble. Chacune de ces firmes
dépense chaque
année plus de cinq millions de dollars dans les
services de WorldCom, et l'ensemble du comité
pèse près de 300 millions de dollars dans
le CA de l'opérateur. Pourtant, la justice américaine
rechigne encore à donner un statut officiel à
ce groupement de clients.
De l'autre côté
de la barrière, les créanciers de WorldCom
sont - eux - dûment représentés
dans le processus de négociations. Les intérêts
des actionnaires de WorldCom passent donc avant ceux
des clients du groupe.
La première cible
du comité nouvellement constitué est ici
toute trouvée. Et pour cause : les décisions
inspirées par les créanciers de WorldCom
sont susceptible de peser sur la qualité du service
rendu par l'opérateur. Les clients de WorldCom
craignent aussi que certains produits de l'opérateur
soient sacrifiés sur l'autel de la rentabilité.
Conflit
d'intérêts
Les revendications du comité sont difficilement
conciliables avec les pressions des actionnaires, qui
souhaitent tout simplement perdre le moins d'argent
possible en restructurant énergiquement le groupe.
Worldcom devrait notamment se débarrasser de
2000 employés en Europe - soit 25 %
de ses effectifs - dont 200 postes en France, si
l'on en croit le plan de restructuration dévoilé
par la direction francaise.
Dorénavant, le groupe
sait qu'il devra compter avec la surveillance rapprochée
de ses clients pour alléger avec doigté
ses effectifs : le comité veille au grain.
|