Joupi vend des jouets sur
Internet, un métier bien particulier : à
l'approche de noël, les déséquilibres
saisonniers atteignent des niveaux démesurés.
"Nous concentrons 70 % de notre activité
dans une période d'un mois et demi" soupire
Benoît Chopin, Directeur de Joupi.com. De mi-novembre
à fin décembre, Joupi est sur le pied de
guerre. Le commerçant en ligne répond chaque
jour à des centaines de mails, "parfois plus
de 800 - précise Benoît Chopin. Et j'insiste
pour que ces réponses soient complètes et
personalisées. C'est une valeur ajoutée
à laquelle je tiens beaucoup".
En
2001, Joupi avait tenu le choc en mobilisant l'intégralité
de ses cols blancs : "nous sommes sept dans
les bureaux, et nous avons passé des heures à
répondre chaque jour aux courriers des clients
derrière notre Outlook. Mais nous ne pouvions
plus continuer ainsi : cette année notre
chiffre d'affaires a doublé, et nos effectifs
sont restés stables. Il nous fallait une solution
pour absorber le surplus de mails".
De
l'art de doser les automatismes
D'où l'idée
d'introduire des outils d'aide à la gestion des
mails. "Je ne voulais surtout pas opter pour un
système de réponse automatique :
en terme
de satisfaction client, ç'aurait été
une grossière erreur". La solution ?
Primo : analyser les mails pour les router automatiquement
vers la personne compétente. Secondo : fournir
aux utilisateurs un système de réponses-types
ergonomique et efficace. Tertio : automatiser l'insertion
d'informations pertinentes en provenance du logiciel
de CRM.
Pour ce qui est du tri
des mails, la SSII Sight'Up - choisie par Joupi.com -
a opté pour un moteur d'analyse sémantique
poussé. "Nous avons dû le développer
ex-nihilo : impossible de trouver un moteur réellement
efficace sur le marché. Dans un e-mail, la syntaxe,
le vocabulaire et la ponctuation sont bien trop différents
de ceux d'un texte classique" - argue Franck
Bigalet, PDG de la SSII.
Chaque mail entrant passe
donc à la moulinette de MailRelations, qui compare
la "signature sémantique" de
chaque courrier à celle de chaque employé
de Joupi. "Dans 70%des cas, le mail atterrit dans
la boite aux lettres du bon spécialiste -
rapporte Benoît Chopin. Et ce pourcentage d'efficacité
ne cesse de s'améliorer". Pourquoi ?
"Car le moteur sémantique est doté
d'une fonction d'apprentissage, qui lui permet d'améliorer
son taux de reconnaissance au fil du temps" nous
éclaire Franck Bigalet.
Opération
rentable
Deuxième béquille : les réponses
type. MailRelations permet de classer les réponses
récurrentes dans une arborescence, qui facilite
l'étape de la recherche de la bonne réponse,
et qui permet ensuite de la réutiliser en quelques
clics. Un système que les employés enrichissent
en permanence, et qui remplace avantageusement son prédecesseur :
"l'année dernière, mes employés
stockaient leurs réponses types dans Word pour
pouvoir les copier/coller dans Outlook".
Troisième auxiliaire :
les champs automatiques. "A chaque fois que nous
écrivons un mail, nous pouvons y insérer
automatiquement le récapitualtif de la commande,
le nom du client, son adresse, son identifiant, etc. -
se réjouit Benoît Chopin. Toutes ces informations
sont puisées dans notre base de données
de CRM, qui est un outil propriétaire, précisons
le".
Le jeu en valait-il la
chandelle ? Certainement : "Nous avons
multiplié par deux notre chiffre d'affaires sans
augmenter la charge de travail de nos équipes.
Le bénéfice est donc incontestable. Si
nous le souhaitons, nous pourrons même externaliser
cette tache : MailRelations fonctionne sous interface
Web, et n'importe qui pourrait accéder à
notre application à distance". Reste à
connaître le coût de la solution :
"le tarif est de 40 000 euros, implémentation
incluse mais serveur non compris (un PIII au minimum)
précise Franck Bigalet. Pour Joupi, la note a
bien entendu été plus légère
car ils sont notre premier client".
Plus
près du logiciel que du service
Ce qui nous ramène à l'aventure de Sight'Up,
la petite SSII qui a édité MailRelations.
Suite à la rencontre de Joupi.com, Sight'Up a
décidé d'investir deux ans de travail/homme
dans un logiciel de messagerie avancé, avec l'espoir
de proposer le fruit de son labeur à d'autres
clients.
"Il y avait de la
place sur le marché - se justifie Franck
Bigalet. Entre les modules d'e-mailing propriétaires
des géants du CRM et les clients mail un peu
faibles des spécialistes de la linguistique,
nous avons identifié une niche. MailRelation
est conçu pour être profondément
interfaçable avec n'importe quel outil de CRM,
il dispose d'un moteur sémantique très
robuste - qui a été récompensé
par l'Anvar -, il est complet et fonctionne sous
interface Web".
Quant aux choix technologiques :
"nous avons renforcé notre moteur sémantique
avec le moteur de messagerie de Lotus. Tous nos développements
ont été faits en C, en Java et en Lotus
Script". MailRelations n'est pas un produit commercialisé
en boite : il demande de 5 à 10 jours de
travail pour fonctionner. Les premiers clients de MailRelations
seront sans doute "des marchands en ligne".
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