A l'origine de la passe d'armes
que se livrent les deux géants : la volonté
de Microsoft de mettre des bâtons dans les roues
de Java, ce langage de programmation "universel"
créé par Sun, et pour tout dire fort dérangeant
du point de vue du géant de Redmond : Java permet
en effet, théoriquement, "d'écrire
une application une seule fois, et de la faire tourner
sur n'importe quel système d'exploitation".
On comprend donc aisément que Microsoft ait tenté
de barrer la route à cette technologie qui pouvait
menacer son hégémonie sur l'industrie du
logiciel.
Par quels moyens ?
Sun reproche notamment à Microsoft d'avoir développé
une version spécifique de Java, conçue
pour être en partie incompatible avec la sienne.
Sun est également très mécontent
que Microsoft ait retiré sa "machine vituelle
Java" - un "moteur" sans lequel
les programmes Java ne tournent pas - de Windows
XP.
Verdict
sans ambages
Des accusations justifiées ?
Le juge fédéral américain Frederick
Motz donne en tout cas raison à Sun sans la moindre
ambiguïté. Les attendus du
jugement en attestent : "[Microsoft a] délibérément
fragmenté la plate-forme Java pour la rendre
moins attractive aux yeux des développeurs et
des utilisateurs".
Et le geste suit la parole :
Frederick Motz condamne en première instance
Microsoft à "embarquer la version la plus
récente de Java par défaut dans tout produit
compatible .Net, Windows XP et Internet Explorer inclus".
C'est la deuxième fois que la justice américaine
rend raison à Sun contre Microsoft dans un procès
Java : une première bataille juridique s'était
soldée par la victoire de Sun en 2001, après
quatre ans de procédures.
Victoire
médiatique
La présente
décision a été rendue en un peu
moins de 10 mois. Pour le juge, le temps presse :
chaque mois qui passe donne un avantage de poids à
Microsoft : "il est absolument certain que
si l'on ne traduit pas le jugement dans les faits, Sun
aura à jamais perdu la possibilité de
se battre - et l'opportunité de prendre
le dessus - dans un marché rigidifié
par les violations anti-concurrentielles de son concurrent".
Sur le plan symbolique,
la victoire de Sun est donc spectaculaire, voire inespérée :
elle offre au fabriquant la garantie que sa machine
virtuelle sera présente sur toute la gamme Microsoft -
c'est à dire la majorité des ordinateurs
professionnels et grand public.
Mais Sun devra prendre
son mal en patience : Microsoft a immédiatement
fait appel, "en demandant à la cour d'accélérer
au maximum la procédure". Qu'est-ce
à dire ? Au meilleur des cas, la cour d'appel
rendra son jugement dans un peu moins d'un an. Ce qui
laisse largement le temps à Microsoft de prendre
encore quelques longueurs d'avance.
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