Du côté des boitiers justement, la taille est encore et toujours synonyme de puissance. Les plus gros serveurs occupent l'espace de plusieurs armoires à glace quand les petits tiennent à plusieurs dans une boite à chaussures. Mais la taille peut être trompeuse : à puissance égale, un serveur d'entrée de gamme occupe indifféremment la place d'une tour imposante, d'une grosse boite de pizza, ou même d'une simple carte - une "lame" - à glisser dans un rack prévu à cet effet. D'ailleurs, certains fabriquants déclinent leurs produits phares sous les deux premiers formats.

On l'aura compris : le meilleur indicateur des capacités d'un serveur, c'est plutôt la puissance du processeur. Mais là encore, les choses ne sont pas simples : un Sun Ultrasparc à 1 000 Mhz ne tournera pas forcément moins vite qu'un Pentium 4 à 2 000 Mhz.

Quatre familles de processeurs
Tout est affaire d'architecture : l'Ultrasparc tourne en 64 bits - ce qui lui permet de ne pas se noyer dans une grosse base de données -, il dispose d'une grande mémoire cache, et son fonctionnement est optimisé pour les serveurs. En dépit d'une vitesse d'horloge plutôt lente, il se sort donc très bien des tests. Voici classés par ordre de puissance les quatre familles de processeurs qui occupent la place :

Evidemment, la puissance a son coût : on trouve des serveurs bi-processeur Intel bien calibrés pour 7 000 euros. Chez Sun, on aura pour ce prix un serveur mono-processeur Ultrasparc nettement moins bien équipé. Une différence qui ne se justifie plus, de l'avis général. Les configurations à base de processeurs Intel ont désormais un rapport prix/performances le plus souvent imbattable en entrée de gamme.

Mais "les processeurs Ultrasparc et Power4 n'ont rien à craindre : ils continueront de tenir tête aux plate-formes Intel dans les 5 à 10 ans qui viennent" assure Karen Benson, Principle Analyst au Gartner pour la zone EMEA. Quid de l'Itanium, le processeur 64 bits d'Intel conçu pour contrer les poids lourds de la catégorie ? "L'Itanium ne va pas changer grand chose" juge Karen Benson (voir son interview).

Longue vie à l'Ultrasparc
La cause de cet insuccès ? L'inertie des acheteurs, bien sûr. Eudes Moulanier dirige la gamme Primergy chez Fujitsu. Il est bien placé pour juger, puisque Fujitsu propose à la fois des serveurs Intel, et des serveurs Ultrasparc.

Eudes Moulanier constate que "les clients mettent rarement en concurrence Intel et Ultrasparc, et ce pour une simple et bonne raison : dans une entreprise, les responsables qui achètent du Intel et ceux qui achètent de l'ultrasparc sont rarement les mêmes. En d'autres termes, lorsque l'on est équipé en Sparc, on ne prend pas la peine de se renseigner sur Intel".

Et pour cause : le choix des acheteurs est bridé par plusieurs contraintes. Celle du parc installé, puisqu'il est incohérent d'investir dans une plate forme Wintel lorsque l'on maîtrise parfaitement la plate forme Ultrasparc-Solaris. Mais aussi la contrainte de l'applicatif, puisque bon nombre de progiciels sont développés pour un certain type de plates-formes, et ne tournent pas sur les autres.