Les apparences sont parfois
trompeuses. Le WiFi est déployé dans de
nombreux pays dépourvus de réseau 3G, mais
peut-il raisonnablement prétendre concurrencer
l'UMTS ? Le WiFi offre des débits supérieurs
à l'UMTS en allégeant les factures :
mais est-il pour autant technologiquement plus avancé
que la 3G ? Une petite mise au point s'impose.
Remontons aux origines :
le WiFi a été conçu pour relier
des ordinateurs sans fil dans un rayon de 50 mètres,
tandis que l'UMTS a pour objectif de transporter voix
et données à l'échelle d'un pays.
Tel quel, le WiFi n'est donc pas adapté à
la construction d'un réseau de plusieurs bornes
piloté par un opérateur télécom.
Il faut, pour parvenir à ce résultat,
lui rajouter quelques modules.
Le
spécialiste et l'opportuniste
Entamons une rapide comparaison. L'UMTS est conçu
pour prendre en charge
de nombreuses connexions simultanées,
puis les suivre de cellule en cellule. De son côté,
le WiFi éprouve parfois des difficultés
à maintenir la connexion d'une cellule à
l'autre : le passage de témoin ne se fera
pas si l'on tente de se connecter depuis une voiture
en mouvement.
De même, L'UMTS est
conçu dés l'origine pour fonctionner avec
des systèmes d'identification, de facturation,
de suivi de la qualité de service et de sécurisation.
Autant de solutions qui commencent seulement à
être disponibles pour le WiFi.
Mais c'est sur un autre
terrain que l'UMTS marque le plus de points : au
delà d'une portée de 50 mètres,
le WiFi rend les armes. La faute au contexte réglementaire,
qui limite la puissance des bornes à 100 MW ?
Aucunement : la norme fixée par l'ART n'est
pas arbitraire, elle correspond à une réalité
empirique. Plus on s'éloigne des 100 MW, plus
il devient difficile de faire cohabiter plusieurs bornes
WiFi dans un petit espace. Or, pour accueillir un grand
nombre d'utilisateurs sur un HotSpot, il faut justement
multiplier les bornes d'accès. Augmenter la puissance
d'une borne, c'est limiter le nombre d'utilisateurs
simultanés.
Pas
de norme supérieure à l'autre
En matière d'accès sans fil, il n'y a
pas de solution miracle : tous les systèmes
sont confrontés aux mêmes contraintes.
Ils doivent parvenir à un juste équilibre
entre portée, puissance et largeur de bande.
Le WiFi n'est pas une solution miracle : il multiplie
les débits au prix de certaines concessions,
dont celle de la portée.
L'UMTS se révèle
ici plus ingénieux : la 3G exploite différentes
techniques de connexion. En rase campagne, les bornes
portent à plusieurs kilomètres mais les
débits chutent. En pleine ville, les bornes portent
à seulement 300 mètres, avec des débits
optimaux. L'UMTS prévoit ainsi une palette de
solutions là où le WiFi campe sur son
modèle de base.
Le WiFi n'est pas à
lui seul un modèle de télécommunications
exploitable tel quel. Mais sa simplicité est
aussi un atout. C'est elle qui lui permet d'atteindre
des débits supérieurs à l'UMTS,
même s'il faut rester très prudent sur
ce point : l'UMTS est censé plafonner à
1 Mbit/s tandis que le WiFi atteint 11 Mbit/s.
Complémentarité
et/ou compétition ?
Mais peut-on comparer ce qui n'est pas comparable ?
On présente couramment à propos de l'UMTS
son débit moyen par utilisateur, tandis que le
WiFi annonce son débit total, à diviser
pas le nombre d'utilisateurs réel - une
unité qui correspond mieux à l'utilisation
originelle du WiFi. Heureusement, British Telecom dispose
d'un chiffre crédible : le WiFi serait ainsi
quatre fois plus rapide que l'UMTS.
Le même opérateur
avance un autre argument : le WiFi serait dix fois
moins cher que l'UMTS, ce qui en fait un concurrent
redoutable pour la 3G. Ces deux atouts - prix et
rapidité - pourraient priver les résaux
UMTS d'une partie importante des revenus qu'ils escomptait
générer : les consommateurs urbains
soucieux de leur porte monnaie et friands de haut débit
pourraient être tentés d'utiliser le plus
souvent possible le WiFi, plutôt que l'UMTS.
Le WiFi a deux autres avantages :
son terrain d'élection est l'intérieur
des bâtiments, une zone où l'UMTS pénètre
difficilement, puisqu'il bute sur les murs et les surfaces
réfléchissantes. Qui plus est, il suffit
de quelques milliers d'euros pour mettre en place un
HotSpot. Ce qui ouvre la voie à une série
de petites initiatives, lancées par des hôtels,
des cafés et autres lieux conviviaux soucieux
d'offrir un service supplémentaire à leur
clientèle.
Mais la simplicité
du WiFi est aussi une source d'anarchie : tout
un chacun peut déployer un HotSpot. Les acteurs
les plus sérieux le dimensionneront avec soin,
tandis que les autres commettront des erreurs -
en sous-estimant le nombre de bornes nécessaires,
en les reliant mal à Internet, en accompagnant
imparfaitement la qualité de service...
Projetons nous dans dans trois ans. Le consommateur
aura alors probablement le choix entre une connexion
WiFi - dont il ne pourra pas toujours prévoir
la qualité à l'avance - et une connexion
UMTS à débit relativement stable et fiable.
L'UMTS et le WiFi seront donc complémentaires.
Mais depuis que le WiFi est entré en lice avec
des atouts majeurs, l'UMTS est condamné à
jouer la carte de la qualité et de l'universalité.
|