Infrastructure/Chantiers
Les progiciels peuvent-ils vraiment s'adapter à une architecture orientée services ?
L'émergence des services Web et de la vision orientée processus des systèmes d'information conduit les éditeurs de progiciels (CRM, ERP...) à non plus seulement proposer une alternative à l'hétérogénéïté, mais bien à s'adapter à elle. Quel chemin leur reste t-il à parcourir ? (Mardi 15 avril 2003)
     
En savoir plus
Opposer progiciels et modules applicatifs spécialisés n'est semble t-il plus de mise: à l'ère des Web Services, se dégage un modèle d'architecture où les premiers agissent non plus comme un tout cloisonné, se suffisant à lui-même, mais bien comme une plate-forme applicative intégrant des composants (objets métiers) "maisons", mais aussi capable de s'ouvrir sur des composants extérieurs.

Faire avec l'augmentation de "l'entropie des SI"
Mais employer le terme "plate-forme applicative" peut induire en erreur. Sur le modèle "traditionnel" trois-niveaux, centré sur le serveur d'application - lequel a pour fonction stricto sensu de distribuer des composants sur un réseau - tend à se greffer l'approche basée sur le service applicatif. Très schématiquement, il s'agit d'invoquer telle fonctionnalité d'une application A, telle autre d'une application B, etc., et d'orchester ensuite (en les faisant communiquer, en les enchaînant suivant une logique appropriée...) ses "services".

Ainsi, l'accent est mis résolument sur l'intégration, ce qui revient à reconnaître que, naturellement, les systèmes d'information évoluent vers plus d'hétérogénéité, exactement comme un système physique voit son entropie croître, mesurant l'augmentation de son degré de désordre.

Par "plate-forme applicative", on entend donc avant tout "plate-forme d'intégration", à savoir la capacité à bâtir non seulement un portail cohérent de services (Web), mais également à gérer les interactions de ces derniers. Ainsi, on observe chez les grands éditeurs de progiciels une tendance à se libérer du "tout intégré" pour adopter une architecture plus proche de ce qui vient d'être décrit.

Changement de stratégie
Stratégiquement, les éditeurs de serveurs d'applications vont d'ailleurs dans le même sens, en mettant en avant d'une part leurs ateliers de développement (et donc, in fine, leur capacités d'ouverture et d'intégration), d'autre part leurs liens avec des outils de construction de portails, qu'ils soient de la même gamme (IBM Websphere, BEA Weblogic...) ou tiers.

Mais revenons aux progiciels: les éditeurs proposant ce type d'outils ne se placent pas sur le terrain de l'infrastructure serveur, mais sur celui de l'applicatif métier. A ce titre, ils apparaissent en position de faiblesse par rapport notamment aux spécialistes de l'EAI, du BPM, de la modélisation/conception logicielle, mais bénéficient à l'inverse d'une légitimité liée à leur connaissance de la réalité fonctionnelle de secteurs spécifiques. Ils sont ainsi mieux à même de parler "processus" (circulation de l'information, chaîne de validation...) que les acteurs de l'intégration applicative, lesquels sont plutôt attendus sur le traitement des "flux".

Pourtant, s'il semble naturel que les éditeurs de solutions d'EAI (voir notre dossier) communiquent autour de la gestion des processus, il est moins facile pour un éditeur de progiciels de parler de flux d'intégration. En effet, s'ouvrir vers l'extérieur (par exemple en publiant ses fonctionnalités sous forme de services Web, mais aussi et surtout en garantissant l'interopérabilité de ceux-ci avec ce que propose d'autres fournisseurs) impose une remise en question radicale des choix qui présidaient historiquement à la constitution des progiciels: en d'autres termes, là où on offrait un ensemble "tout en un" paramétrable, dans le but de simplifier la vie de l'utilisateur, mais aussi de dissuader les clients d'aller voir ailleurs, il s'agit maintenant de proposer une machinerie laissant le choix à l'utilisateur de s'affranchir de certains modules fournis par l'éditeur du progiciel, pour en choisir d'autres.

Les exemples de SAP et de Siebel
Et de fait, la nature même des progiciels a longtemps empêché ceux-ci d'être véritablement "orientés processus": configurables, verticalisés, modulaires, voire même modélisables en services orchestrables, certes, mais proposant de véritables outils de gestion souple des processus, notamment lorsque ceux-ci doivent être relayés par des flux interapplicatifs, non.

Récemment, néanmoins, des acteurs comme SAP sur le terrain des ERP ou Siebel sur celui du CRM (mais ce ne sont pas les seuls) assument la "contradiction de l'ouverture" propre aux éditeurs de progiciels. Le premier, avec NetWeaver (regroupant... un serveur d'applications et des outils d'intégration basés sur un référentiel d'objets métiers) et plus largement l'architecture ESA (Entreprise Services Architecture) personnifie ce mouvement de fond qui pourrait toucher l'ensemble du monde des progiciels. Le second, avec d'une part la fourniture dans Siebel 7.5 de processus prémodélisés (baptisés "meilleures pratiques") et d'autre part la stratégie UAN (Universal Application Network) de partenariats avec des fournisseurs de solutions d'EAI, entend également permettre de capitaliser sur l'existant en introduisant de la cohérence autour, là aussi, d'un référentiel d'objets métiers.

Méritoires, ces premiers efforts restent encore incomplets, pas tant du fait des éditeurs eux-mêmes, d'ailleurs, que du degré de maturité des technologies qui vont permettrent de réaliser informatiquement la vision d'une orientation service. Pour ne rappeller qu'un seul des problèmes qui se posent sur ce terrain, citons l'absence de standard établi pour orchestrer les services Web (malgré certaines initiatives). Par ailleurs, un processus (vu ou non comme l'enchaînement de services applicatifs) se doit de pouvoir être optimisé, ce qui passe (voir à ce sujet la chronique de Jean-François Pirus) par la modélisation, la simulation et le contrôle de la performance, toutes opérations non réalisées en propre (ou de manière limitée) par le progiciel, fut-il de la nouvelle génération décrite ici.

En savoir plus
La voie de l'architecture orientée service sera t-elle prise par l'ensemble des acteurs du monde du progiciel (ce qui n'est pas le cas aujourd'hui) ? Sans doute, si d'une part l'industrie peut s'accorder sur des socles standards, et si d'autre part, la stratégie des pionners s'avère payante. De ce dernier point de vue, l'approche qui consiste à tirer profit de l'existant autant que possible, plutôt que se hasarder dans l'implantation d'un bloc monolithique, devrait de fait séduire les clients dans un contexte de contrôle des coûts et de méfiance vis à vis des projets "big bang".

[Jérôme Morlon, JDNet]
 
Accueil | Haut de page
 
 

  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Auralog - Tellmemore | Publicis Modem | L'Internaute / Journal du Net / Copainsdavant | Isobar | MEDIASTAY

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Toutes nos newsletters