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L'informatique
a ses modes. L'une d'elles a consisté, à la fin des
années 1980, à tenter d'éliminer tous les ordinateurs
centraux. L''argument du coût était le plus souvent
avancé : le prix d'achat d'un mainframe était devenu
prohibitif comparé à ce qu'il fallait débourser pour
obtenir la même puissance de calcul théorique sur des
batteries de serveurs Unix ou de PC. Mais ce raisonnement
économique, souvent simpliste, cachait en fait quelque
chose de beaucoup moins rationnel : les systèmes centralisés
appartenaient à un autre âge, l'informatique distribuée
sur des serveurs représentait la voie de la flexibilité,
de la proximité avec les utilisateurs, bref le progrès
et l'avenir.
Les
arguments en faveur de la décentralisation semblent
aujourd'hui tourner court. Même au plan économique,
bien des entreprises réalisent que des infrastructures
centralisées - matériel, systèmes d'exploitation, réseaux
et support - reviennent moins cher que leurs équivalents
répartis. Elles se montrent également plus fiables.
Le modèle idéal se situe certainement entre ces extrêmes,
comme l'affirme le cabinet McKinsey : il faut donc mettre
en place une structure qui permette un contrôle financier
aisé des systèmes informatiques installés dans les différents
départements de l'entreprise. Ainsi, on conservera la
souplesse d'une informatique départementale mais on
fournira aux responsables de ces divisions les moyens
de gérer efficacement leurs infrastructures techniques.
Pour
que ces nouvelles organisations fonctionnent, le cabinet
Mc Kinsey recommande la mise en place de responsables
de services informatiques, sorte de consultants internes.
Ils posséderont un bon bagage technique mais seront
rompus à la gestion. En effet, leur rôle consistera
à recueillir les demandes émanant des différents départements,
à proposer des options et à fournir un tarif pour chacune
d'elles. Ils évalueront également le coût de la qualité
de service (par exemple, le fait qu'un serveur doit
être opérationnel 95% du temps). Leur fonction sera
particulièrement importante en période de prévision
budgétaire : ils devront fournir à tous les responsables
de départements des cotations précises pour que ces
derniers s'engagent en toute connaissance de cause.
Ce
type d'organisation donne une grande souplesse et beaucoup
d'autonomie aux départements. En contrepartie, ils doivent
assumer totalement leurs choix. Le service informatique
ne sera là que pour gérer les achats de produits et
de services auprès des fournisseurs spécialisés (opérateurs,
constructeurs, éditeurs de logiciels, etc.) et pour
fournir un support technique au niveau demandé. Cet
engagement sur la qualité de service informatique est
primordial : c'est lui qui désamorcera les vieilles
querelles où l'on prétend que l'on est moins bien servi
que le voisin. Au delà de cet effet psychologique, l'entreprise
pourra vérifier que ce type d'organisation est générateur
d'économies : selon le cabinet Mc Kinsey, des réductions
de coûts de 30% ont été constatées sur la gestion des
infrastructures informatiques.
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