TRIBUNE 
Le web sémantique au secours des systèmes de knowledge management
par Gilles Balmisse
Directeur Associé - KnowledgeConsult (03 octobre 2003)
         
 
Parmi les différents aspects informatiques du knowledge management celui de l'intégration du système de gestion des connaissances à l'existant est sans doute l'un des plus importants. En effet, pour qu'un tel système puisse jouer pleinement son rôle de support pour le transfert et le partage des savoirs de l'entreprise, il doit être en mesure d'accéder à l'ensemble des sources de données.

Malheureusement, la plupart des organisations, au cours des années, ont multiplié les systèmes pour gérer l'information et la connaissance : GED, base de données, groupware, intranet, etc. Au final, elles ont mis en place des systèmes autonomes et hétérogènes, possédant chacun un modèle de données propres.

Aujourd'hui, les efforts consentis sur les middleware n'ont de véritables impacts que sur les processus et très peu sur les modèles de données. Ceci handicape énormément les systèmes de knowledge management qui, pour intégrer différentes sources de données, doivent faire l'objet de développements spécifiques aussi coûteux que difficiles à réaliser et à maintenir.

Parmi les différentes solutions possibles à ce problème, le web sémantique semble être aujourd'hui le moyen qui s'impose pour faciliter l'intégration des systèmes de knowledge management au système d'information de l'entreprise.

Un principe simple
L'idée principale du web sémantique repose sur la séparation des informations de leur présentation pour en faciliter la gestion et le traitement. Ces opérations sont d'autant plus simples que les ressources sont identifiées de manière unique et organisées autour d'une d'ontologie.

Concrètement, le web sémantique peut être vu comme une infrastructure au sein de laquelle chaque ressource est couplée à des méta-données qui sont définies à l'aide de langages qui permettent de décrire les ressources ainsi que les relations qui les lient à l'aide de marqueurs sémantiques.

Dans ce domaine, deux langages sont aujourd'hui en concurrence : d'un côté le couple RDF et OWL, supportés par le W3C, et de l'autre Topic Maps, un standard proposé par l'ISO. Ces langages constituent un socle pour définir des ontologies, entités indispensables pour faciliter l'exploitation automatique ou semi-automatique du contenu par un ordinateur tout en gardant la signification du contenu pour les êtres humains.

Du rôle central des ontologies
Il existe un large éventail d'ontologies qui varient en fonction de leur complexité de représentation du monde. Les plus simples, fondées sur le principe des bases de données, décrivent formellement la sémantique qui existe entre les champs d'une base de données.

Les taxonomies ou les thesaurus sont aussi des ontologies dites "light" car elles se cantonnent à décrire des liens sémantiques du type "est une sorte de" et son inverse "est représenté par" ou, plus spécifiquement, "est une sous-classe de."

Des ontologies plus complexes permettent la représentation de liens sémantiques plus spécifiques, par exemple, "fait partie de," "est localisé dans," "est possédé par" ou "est associé à ". Mais surtout les ontologies les plus abouties permettent également l'intégration de propriétés particulières, de règles d'utilisation et de contraintes.

Des avancées majeures
Dans le cadre de l'entreprise, le web sémantique et l'utilisation des ontologies offrent trois avancées majeures : des possibilités de recherche améliorées, une automatisation des tâches possibles bien plus importante et une interopérabilité des systèmes.

Tout d'abord, les ontologies offrent des capacités de recherche très puissantes. En effet, recherche et navigation prennent en compte les liens unissant les éléments d'informations, de même que les relations portent les sens et contexte d'utilisation des informations. Par exemple, la recherche des dirigeants des entreprises pharmaceutiques européennes est beaucoup plus simple à l'aide d'une ontologie car celle-ci décrit les liens qui existent entre un dirigeant et une entreprise, entre une entreprise et un secteur d'activité, etc.

De plus, chaque élément des documents étant représenté à l'aide d'une ontologie, il devient très facile d'automatiser des tâches définies à partir des méta-données.

Enfin, les ontologies proposent une modélisation des informations totalement indépendante de l'application dans laquelle se trouvent ces informations. Et c'est ce dernier point qui fait tout l'intérêt du web sémantique dans le cadre d'un système de knowledge management.

L'intégration de sources d'informations
Les ontologies fournissent les interfaces idéales entre l'information et les diverses applications qui souhaitent les utiliser à des fins de traitement. En effet, les ontologies offrent la possibilité de représenter et d'organiser la connaissance à l'aide d'un unique modèle de données commun à l'ensemble des applications de l'entreprise. Elles offrent le moyen de mettre en place des référentiels métiers partagés sur lesquels vont pouvoir être adossées les connaissances et informations. De plus, les ontologies représentent un moyen efficace pour fédérer l'information ou du moins centraliser son référencement, quel que soit son format et sa localisation.

Le web sémantique fournit ainsi une infrastructure facilitant l'intégration de sources d'informations hétérogènes.

D'un point de vue opérationnel, le web sémantique peut être utilisé pour la mise en place de serveurs de connaissances dont le rôle est d'unifier et d'organiser l'accès aux différentes sources d'information disponibles dans l'entreprise. Il s'agit en quelque sorte de systèmes de médiation qui permettent aux utilisateurs d'avoir une vision partagée des connaissances de l'entreprise, malgré l'hétérogénéité de leurs sources.

Le grand intérêt des serveurs de connaissances réside dans leur capacité à intégrer l'existant. De plus, c'est un moyen simple d'adresser la gestion des connaissances explicites en relation avec les usages et processus métiers. Libérée d'une importante partie de cette tâche, l'entreprise peut, de ce fait, s'employer à réfléchir à la meilleure façon de traiter les connaissances tacites. Au final, le web sémantique peut jouer un rôle central dans le cadre du knowledge management.

Que des avantages ?
Même si le web sémantique semble promis à un bel avenir en entreprise, il faut noter que cette approche ne présente pas, à l'heure actuelle, que des avantages. En effet, les entreprises qui souhaitent se lancer dans la mise en place d'ontologies sur l'ensemble de leur système d'information risquent de se trouver confrontées à quelques difficultés, essentiellement dues à la relative " jeunesse " du marché.

D'une part, les outils permettant de créer et de gérer les ontologies ne sont pas encore assez matures pour permettre " l'industrialisation " de l'utilisation des ontologies dans les entreprises. Ils ne sont pas d'accès faciles et il n'existe pas encore de véritables standards. Toutefois, certains éditeurs de logiciels, comme Mondeca, proposent des solutions complètent qui intègrent les différents standards.

D'autre part, il n'existe pas de méthodologies prouvées et surtout éprouvées pour guider les entreprises dans la création d'ontologies. La création d'une ontologie est une affaire de spécialiste dans la mesure où il faut avoir des compétences à la fois dans le domaine à modéliser mais aussi en représentation des connaissances et linguistiques. Une pluridisciplinarité encore rare…

Gageons que les organisations qui entreprennent dès aujourd'hui la mise en place de serveurs de connaissances basés sur l'infrastructure du web sémantique possèderont une avance certaine quant à l'exploitation de leurs ressources immatérielles.

 
 Rédaction
 
Gilles Balmisse est Directeur Associé de KnowledgeConsult et Directeur des Etudes et de la Veille de l'Observatoire de l'e-collaboration.

 
 

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