Parmi
les différents aspects informatiques du knowledge
management celui de l'intégration du système
de gestion des connaissances à l'existant est sans
doute l'un des plus importants. En effet, pour qu'un tel
système puisse jouer pleinement son rôle
de support pour le transfert et le partage des savoirs
de l'entreprise, il doit être en mesure d'accéder
à l'ensemble des sources de données.
Malheureusement, la plupart
des organisations, au cours des années, ont multiplié
les systèmes pour gérer l'information
et la connaissance : GED, base de données, groupware,
intranet, etc. Au final, elles ont mis en place des
systèmes autonomes et hétérogènes,
possédant chacun un modèle de données
propres.
Aujourd'hui, les efforts
consentis sur les middleware n'ont de véritables
impacts que sur les processus et très peu sur
les modèles de données. Ceci handicape
énormément les systèmes de knowledge
management qui, pour intégrer différentes
sources de données, doivent faire l'objet de
développements spécifiques aussi coûteux
que difficiles à réaliser et à
maintenir.
Parmi les différentes
solutions possibles à ce problème, le
web sémantique semble être aujourd'hui
le moyen qui s'impose pour faciliter l'intégration
des systèmes de knowledge management au système
d'information de l'entreprise.
Un principe simple
L'idée
principale du web sémantique repose sur la séparation
des informations de leur présentation pour en
faciliter la gestion et le traitement. Ces opérations
sont d'autant plus simples que les ressources sont identifiées
de manière unique et organisées autour
d'une d'ontologie.
Concrètement, le
web sémantique peut être vu comme une infrastructure
au sein de laquelle chaque ressource est couplée
à des méta-données qui sont définies
à l'aide de langages qui permettent de décrire
les ressources ainsi que les relations qui les lient
à l'aide de marqueurs sémantiques.
Dans ce domaine, deux langages
sont aujourd'hui en concurrence : d'un côté
le couple RDF et OWL, supportés par le W3C, et
de l'autre Topic Maps, un standard proposé par
l'ISO. Ces langages constituent un socle pour définir
des ontologies, entités indispensables pour faciliter
l'exploitation automatique ou semi-automatique du contenu
par un ordinateur tout en gardant la signification du
contenu pour les êtres humains.
Du rôle central
des ontologies
Il existe un
large éventail d'ontologies qui varient en fonction
de leur complexité de représentation du
monde. Les plus simples, fondées sur le principe
des bases de données, décrivent formellement
la sémantique qui existe entre les champs d'une
base de données.
Les taxonomies ou les thesaurus
sont aussi des ontologies dites "light" car
elles se cantonnent à décrire des liens
sémantiques du type "est une sorte de"
et son inverse "est représenté par"
ou, plus spécifiquement, "est une sous-classe
de."
Des ontologies plus complexes
permettent la représentation de liens sémantiques
plus spécifiques, par exemple, "fait partie
de," "est localisé dans," "est
possédé par" ou "est associé
à ". Mais surtout les ontologies les plus
abouties permettent également l'intégration
de propriétés particulières, de
règles d'utilisation et de contraintes.
Des avancées
majeures
Dans le cadre
de l'entreprise, le web sémantique et l'utilisation
des ontologies offrent trois avancées majeures
: des possibilités de recherche améliorées,
une automatisation des tâches possibles bien plus
importante et une interopérabilité des
systèmes.
Tout d'abord, les ontologies
offrent des capacités de recherche très
puissantes. En effet, recherche et navigation prennent
en compte les liens unissant les éléments
d'informations, de même que les relations portent
les sens et contexte d'utilisation des informations.
Par exemple, la recherche des dirigeants des entreprises
pharmaceutiques européennes est beaucoup plus
simple à l'aide d'une ontologie car celle-ci
décrit les liens qui existent entre un dirigeant
et une entreprise, entre une entreprise et un secteur
d'activité, etc.
De plus, chaque élément
des documents étant représenté
à l'aide d'une ontologie, il devient très
facile d'automatiser des tâches définies
à partir des méta-données.
Enfin, les ontologies proposent
une modélisation des informations totalement
indépendante de l'application dans laquelle se
trouvent ces informations. Et c'est ce dernier point
qui fait tout l'intérêt du web sémantique
dans le cadre d'un système de knowledge management.
L'intégration
de sources d'informations
Les ontologies
fournissent les interfaces idéales entre l'information
et les diverses applications qui souhaitent les utiliser
à des fins de traitement. En effet, les ontologies
offrent la possibilité de représenter
et d'organiser la connaissance à l'aide d'un
unique modèle de données commun à
l'ensemble des applications de l'entreprise. Elles offrent
le moyen de mettre en place des référentiels
métiers partagés sur lesquels vont pouvoir
être adossées les connaissances et informations.
De plus, les ontologies représentent un moyen
efficace pour fédérer l'information ou
du moins centraliser son référencement,
quel que soit son format et sa localisation.
Le web sémantique
fournit ainsi une infrastructure facilitant l'intégration
de sources d'informations hétérogènes.
D'un point de vue opérationnel,
le web sémantique peut être utilisé
pour la mise en place de serveurs de connaissances dont
le rôle est d'unifier et d'organiser l'accès
aux différentes sources d'information disponibles
dans l'entreprise. Il s'agit en quelque sorte de systèmes
de médiation qui permettent aux utilisateurs
d'avoir une vision partagée des connaissances
de l'entreprise, malgré l'hétérogénéité
de leurs sources.
Le grand intérêt
des serveurs de connaissances réside dans leur
capacité à intégrer l'existant.
De plus, c'est un moyen simple d'adresser la gestion
des connaissances explicites en relation avec les usages
et processus métiers. Libérée d'une
importante partie de cette tâche, l'entreprise
peut, de ce fait, s'employer à réfléchir
à la meilleure façon de traiter les connaissances
tacites. Au final, le web sémantique peut jouer
un rôle central dans le cadre du knowledge management.
Que des avantages ?
Même si
le web sémantique semble promis à un bel
avenir en entreprise, il faut noter que cette approche
ne présente pas, à l'heure actuelle, que
des avantages. En effet, les entreprises qui souhaitent
se lancer dans la mise en place d'ontologies sur l'ensemble
de leur système d'information risquent de se
trouver confrontées à quelques difficultés,
essentiellement dues à la relative " jeunesse
" du marché.
D'une part, les outils
permettant de créer et de gérer les ontologies
ne sont pas encore assez matures pour permettre "
l'industrialisation " de l'utilisation des ontologies
dans les entreprises. Ils ne sont pas d'accès
faciles et il n'existe pas encore de véritables
standards. Toutefois, certains éditeurs de logiciels,
comme Mondeca, proposent des solutions complètent
qui intègrent les différents standards.
D'autre part, il n'existe
pas de méthodologies prouvées et surtout
éprouvées pour guider les entreprises
dans la création d'ontologies. La création
d'une ontologie est une affaire de spécialiste
dans la mesure où il faut avoir des compétences
à la fois dans le domaine à modéliser
mais aussi en représentation des connaissances
et linguistiques. Une pluridisciplinarité encore
rare
Gageons que les organisations
qui entreprennent dès aujourd'hui la mise en
place de serveurs de connaissances basés sur
l'infrastructure du web sémantique possèderont
une avance certaine quant à l'exploitation de
leurs ressources immatérielles.
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