La saga SCO se poursuit. Alors
qu'un juge américain attise l'affaire en donnant
raison à l'éditeur américain sur
sa dernière plainte contre IBM (parce que ce dernier
ne s'y serait tout simplement pas opposé), Fyodor,
le développeur de l'outil nmap
(scanner de réseau Open Source) dénie à
SCO, à l'occasion de la sortie de la version 3.5
de la solution, le droit d'utiliser le logiciel, au vu
d'un article de la licence GPL.
Appui
sur la clause 4 de la GPL
La communauté Open Source, de manière compréhensible,
avait déjà vivement réagi aux revendications
de SCO : on se souvient d'une partie de ping pong épistolaire
entre Darl McBride, directeur de SCO, et les figures emblématiques
de l'Open Source que sont Linus Torvalds, Bruce Perens
et Eric Raymond (lire l'article).
Aujourd'hui, c'est donc le développeur d'une solution
Open Source très utilisée (nmap scanne les
ports à des fins de cartographie réseau
et de sécurité) qui monte au créneau,
en mettant fin au droit d'utilisation de son logiciel
par SCO dans les produits de ce dernier
(dont OpenLinux, Skunkware, OpenServer, and UNIXWare).
Pour
justifier cette décision, Fyodor s'appuie sur la
clause
4 de la licence GPL. Cette
clause précise en effet qu'il ne faut pas "copier,
modifier ou redistribuer un programme sous une autre licence
que sa licence d'origine. Et que toute atteinte à
cette règle met automatiquement fin aux droits
d'utilisation de la licence. Ainsi, les parties qui ont
reçu les copies perdent elles le droit d'utilisation
des licences incriminées jusqu'à ce qu'un
accord soit conclu entre les parties concernées".
Un an
de polémiques
Petit rappel rapide de l'histoire qui a commencé
en janvier 2003, lorsque SCO a revendiqué
pour la première fois des droits sur Linux,
puis s'est poursuivie en mars de la même année
quand l'éditeur a
porté plainte contre IBM pour détournement
de secrets de fabrication et concurrence déloyale
: IBM aurait rompu, en distribuant du matériel
tournant sous Linux, la confidentialité du code
source du noyau Unix (Unix System V), système dont
SCO a racheté les droits en 1995. Or, jusqu'à
présent, SCO n'a toujours pas apporté de
preuve tangible à ses accusations, qui reposent
sur des portions de code prétendument identiques
dans Linux et dans Unix System V.
La défense du monde
de l'Open Source a commencé à s'organiser pendant l'été
2003, en réponse à l'annonce de SCO de taxer les utilisateurs du
noyau Linux. Red Hat a ainsi créé l'Open Source Now Fund, un fonds
destiné à couvrir les éventuels frais judiciaires que devront
supporter les utilisateurs de Linux (lire l'article).
Initiative récemment suivie par IBM et Intel qui ont à leur tour
versé au pot de l'Open Source Development Labs.
Et comme prévu en
effet, en décembre 2003, SCO a demandé par courrier aux titulaires
de licences Unix de prouver qu'ils n'utilisent pas illégalement des logiciels
Unix sous couvert de Linux
. Première étape avant de réclamer
des droits (lire l'article).
Fin février, Big
Blue a ainsi embrayé sur une nouvelle attaque en justice. Face aux cinq
milliards réclamés par SCO, le constructeur demande également
des dommages et intérêts (encore non déterminés) et
veut interdire la commercialisation par SCO des produits concernés.
A suivre, donc.
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