"Il y a certainement de moins en moins d'affaires [en cours] et nous les
réglons les unes après les autres. Avec un peu de chance, nous pourrons bientôt
consacrer toute notre énergie à l'innovation technologique plutôt que d'en dépenser
une partie en cours", a déclaré lundi le Président de la filiale canadienne
de Microsoft, Frank Clegg, lors d'une visite au Cercle canadien (propos recueillis
par nos confrères québécois de Le Devoir.com).
Cette
déclaration illustre parfaitement la politique actuellement suivie par
le géant de Redmond qui est en train d'éteindre, un à un,
les incendies judiciaires qu'ont allumés certains concurrents, Etats, institutions
ou organismes de protection des consommateurs durant les cinq dernières
années.
Dernière
transaction en date, celle conclue avec un groupe de consommateurs du Minnesota
qui avait déposé une plainte en nom collectif contre l'éditeur
pour abus de position dominante, précisément pour surfacturation
de ses logiciels Windows et Office. Le montant n'a pas été révélé
car les modalités de l'accord doivent encore recevoir l'aval de la justice
et ce, avant le début de l'été.
Cet accord intervient alors que Microsoft s'est lourdement fait sanctionner
par la Commission Européenne il y a presqu'un mois pour abus de position
dominante (amende de 497,2 millions d'euros et mesures de "protection des consommateurs
et de l'innovation" selon les termes de Mario Monti, Commissaire européen
à la concurrence).
1,5
milliard de dollars déjà versés aux Etats américains |
Il intervient également deux semaines après la signature d'un accord
historique - d'un montant de 1,6 milliard de dollars - avec Sun Microsystems,
dont la plainte constituait l'un des principaux piliers du dossier anti-trust
de la Commission européenne, lui enlevant de ce fait quelque peu de sa
substance. Et une semaine après la signature d'un autre accord avec Intertrust,
société détenue par Sony et Philips (montant : 440 millions
de dollars) pour clore toute poursuite dans un procès pour violation de
brevets.
Aux Etats-Unis, où de très nombreuses procédures anti-trust
ont été initiées, Microsoft a déjà versé
pas moins de 1,5 milliard de dollars à neuf Etats et au district de Columbia,
dont un milliard de dollars au seul Etat de Californie.
Un procès intenté par RealNetworks en décembre dernier
est en cours, il pourrait porter sur des montants là aussi pharaoniques
(un milliard de dollars). Un portail sud-coréen - Daum - accuse lui aussi le géant
de profiter de son monopole pour imposer son service de messagerie instantanée,
la procédure vient a démarré il y a uen semaine.
"Je crois que nous avons appris, comme organisation, à mieux expliquer ce
que nous entendons faire. [...] Nous sommes meilleurs à annoncer dès le départ
les secteurs où l'on entend concentrer nos investissements de manière à ce que
les autres compagnies ne soient pas surprises", a ajouté Frank Clegg,
Président de Microsoft Canada, toujours cité par Le Devoir.com. Même
informés des intentions de Microsoft, les concurrents de l'éditeur
n'entendent apparemment pas se laisser submerger par la déferlante... |