XPDL, BPML, BPEL
Ces langages de modélisation de processus sont des langages dédiés à lexécution de processus. Ils ne sont généralement pas utilisés directement dans les phases de conceptions. Exprimés dans une syntaxe XML, ils disposent ainsi dun format déchange natif. Aucun dentre eux ne propose une notation graphique standardisée. Par définition, ils nont pas vocation à couvrir les niveaux danalyse des chaînes de valeur et de lorganisation.
Le premier standard dexécution est apparu sous légide de la WFMC Workflow Management Coalition. Une nouvelle version XML du langage de la WMFC a été publiée en 2002 sous le nom de XPDL.
Le groupe BPMI Business Process Management Initiative a lancé un langage concurrent en 2001 : BPML Business Process Modeling Language. Cette initiative a relancé les travaux sur les langages dexécution de processus et a apporté de nombreuses contributions à son successeur, le langage BPEL.
Le langage BPEL Business Process Execution Language a été lancé à linitiative de Microsoft et IBM en réponse à linitiative de BPMI. Depuis, ce langage a reçu le support de la plupart des acteurs du marché, y compris de BPMI. BPEL est devenu le standard de facto. Il vient en complément de la spécification sur les services webs. Depuis 2003, cest lorganisme de standardisation OASIS qui a en charge lévolution du langage BPEL.
UML vs BPMN
Proposé par lOMG pour la conception orientée objet, UML 1.X (1.1, 1.2, 1.3, 1.4) dispose dun modèle dactivité qui présente certaines fonctionnalités pour la modélisation des processus. Il présente lavantage doffrir à la fois un métamodèle, une notation et un format déchange pour les modèles avec XMI 1.x. Cependant, sa portée reste limitée à la conception objet et son métamodèle comporte certaines erreurs sémantiques (activité = état) qui en réduisent dautant le caractère opérationnel. Ces faiblesses ont été reconnues par lOMG qui a profondément revu ce modèle dans la version 2 dUML.
La fin de lannée 2004 devrait voir laboutissement de la spécification UML 2.0 de lOMG, fruit dun long processus de maturation. UML 2.0 est une spécification très vaste et nous ne dirons ici que quelques mots sur le nouveau « modèle dactivité ». Les modèles dactivités dUML 2.0 ont été totalement revus par rapport aux versions 1.X. Les erreurs notables des spécifications 1.X ont été corrigées et le nouveau modèle offre une base robuste pour lanalyse des processus. Cependant, par son caractère technique, il sadresse encore essentiellement à des concepteurs de processus automatisés. Le modèle dactivité dUML 2.0 ne peut pas fournir, tel quel, un support danalyse et de communication pour les processus "métier". LOMG a conscience de ces limitations et à lancer une initiative complémentaire BPDM pour traiter spécifiquement des processus métier (voir paragraphe ci-dessous sur BPDM).
BPMN Business Process Modeling Notation
A la suite du langage dexécution BPML, BPMI a lancé une nouvelle initiative sur la notation graphique des processus. Cest ainsi qua été publiée la spécification BPMN 1.O en mai dernier. BPMN présente une avancée indéniable dans la formulation graphique des processus. Elle introduit, en particulier, la notion de message et de flux dinformation qui manquait à la plupart des représentations traditionnelles de processus (IDEF, SAP EPC). Certains articles se sont fait dernièrement les promoteurs de cette nouvelle spécification. Nous apporterons ici un point de vue interne au groupe de travail ayant participé directement à la spécification.
BPMN 1.0 a pour périmètre fonctionnel lanalyse des processus automatisés. Celles des chaînes de valeur et de lorganisation ne sont pas dans son cahier des charges. Cette position est dailleurs la position officielle du groupe de travail telle que votée et approuvée lors de sa dernière réunion à Londres en juin dernier : BPMN 1.0 was created with path to execution as its primary focus and as such is a lower level representation of process models than the full spectrum of BPMN as expressed by future versions of BPMN
Path to execution indique bien quun des objectifs principaux de BPMN, dans sa version 1.0, a été la possibilité de représenter les processus exécutables. Les règles de correspondance avec le langage dexécution BPEL viennent compléter le dispositif.
Une deuxième remarque important concernant BPMN est que la spécification adresse uniquement la question de la notation. BPMN ne spécifie pas un métamodèle ni un format déchange. Il sera donc difficile de parler déchange de modèles BPMN.
BPMI reconnaît que BPMN 1.0 nest quune première étape. Un nouveau chantier est en préparation BPMN 2.0 pour couvrir les besoins danalyse de lorganisation et des chaînes de valeur. Des réponses devront aussi être apportées pour la définition dun métamodèle et dun format déchange. Des relations ont été engagées avec lOMG afin de faire converger les travaux des deux organisations.
Les autres référentiels
Les normes ISO 9000/2000
LISO a été une des premières organisations à sintéresser aux processus métiers avec les normes de la famille ISO 9000. LISO fournit de nombreuses définitions très pertinentes pour les niveaux danalyse concernant lorganisation ou les chaînes de valeur. Malheureusement, lISO na jamais fourni ni une expression formelle des processus qualité ni une notation graphique associée. Conséquemment, Les normes ISO 9000 nont pas conduit à un standard de modélisation des processus. Elles restent une référence pour lanalyse des processus qualité.
BPDM Business Process Definition Metamodel
LOMG a son propre plan de développement pour couvrir la modélisation des métiers. Ce plan sinscrit dans larchitecture générale de modélisation promue par lOMG sous le nom de MDA : Model Driven Architecture. MDA est un cadre pour définir des métamodèles, les transformer, définir les notations associées et échanger les modèles et leurs diagrammes dans un format déchange normalisé (XMI). Le cadre MDA fournit ainsi automatiquement les éléments essentiels à tout standard de modélisation.
Pour la prise en compte de lanalyse des métiers lOMG a lancé plusieurs initiatives conjointes : la spécification des règles métiers BSBR : business semantic for business rules et la spécification des processus métiers BPDM. Cette dernière spécification sappuie sur les modèles dactivité dUML 2.0 mais en en simplifiant lutilisation et en prenant en compte les différents niveaux danalyse des processus : implémentation, organisation, stratégie.
LOMG et BPMI ont commencé à nouer des contacts pour coordonner leurs efforts. Le plan de travail de BPDM à lOMG inclut la prise en compte de la notation BPMN. Cependant, les deux organisations ont gardé chacune leur marge de manuvre.
Conclusion
Linconnue Microsoft
Il reste une inconnue dans lunivers de la modélisation des processus, cest lattitude de Microsoft. Il peut sembler étrange de citer la firme de Redmond sur ce sujet. Cependant, Microsoft a pris très au sérieux la place de la modélisation dans la conception des logiciels. Un projet appelé "Whitehorse" vise à intégrer la modélisation au cur de la plateforme de développement de léditeur. De la modélisation des composants à celle des services web jusquà celle des processus dintégration, on voit ici le chemin suivi depuis le code vers des spécifications de plus en plus orientées métier. En fait, Microsoft cherche à sopposer à linitiative MDA de lOMG qui est fortement soutenue par IBM et les autres acteurs de la modélisation. Les éléments de convergence entre les deux approches ne sont pas encore clairement définis.
En résumé
Lactivité de standardisation des processus métiers est en pleine effervescence et de nombreux progrès ont été accomplis. La partie exécution, sous légide de OASIS continue sa fusion avec les services web ; la partie conception remonte des préoccupations dexécution vers des problématiques plus résolument métiers. Plusieurs organismes de standardisation participent à ce mouvement : BPMI, OMG. Il faudra encore quelque temps pour que toutes les pièces du puzzle soient assemblées et rodées et quun standard complet et unifié apparaisse clairement.
Laction de Mega dans les groupes de standardisation
Les standards sont un élément majeur pour aider à ladoption dun vocabulaire commun et de représentations communes des processus dans lentreprise. Mega est une des premières sociétés à avoir rejoint lorganisation BPMI où elle a participé activement aux travaux sur BPMN. Dans le même temps, il est apparu que lOMG avait une architecture de modélisation robuste et ouverte pour le support des approches processus couvrant aussi bien la partie informatique que la partie métier. Les derniers développements en cours à lOMG ont conforté cette analyse. Mega participe ainsi aux initiatives BSBR (règles métiers) et BPDM (processus métier). Celles-ci font désormais intervenir à lOMG des acteurs du monde de lentreprise et non plus seulement des informaticiens. La standardisation des processus entre progressivement dans une phase de maturité.
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