Quelle est la situation sur le marché des semi-conducteurs ? Difficile d'y voir clair alors que les analyses et les avis sur le secteur divergent. Différents facteurs semblent indiquer un repli du marché : hausse des stocks, réduction des dépenses d'investissements, diminution des tarifs, prévisions en baisse, licenciements
Pour Morgan Stanley, le marché des semi-conducteurs présente des risques avec une détérioration de certains fondamentaux du secteur. La plupart des acteurs ont connu un tassement de leurs revenus et une décélération de la croissance de leurs chiffres d'affaires au second trimestre 2004. Et malgré des résultats satisfaisants sur le troisième trimestre de l'année, les prévisions pour la fin 2004 sont plutôt moroses. De nombreux acteurs du marché des semi-conducteurs anticipent une baisse de la demande mondiale au début 2005.
Ainsi si STMicroelectronics a réalisé 2,23 milliards de dollars de chiffre d'affaires au troisième trimestre 2004 (contre 2,27 anticipés - soit une croissance de +2,7% par rapport au T2 2004 et de +23,7% par rapport au T3 2003), les prévisions de croissance pour le dernier trimestre de l'année sont revus à la baisse (5% contre 7% estimés auparavant) et le groupe a indiqué vouloir réduire de 10% ses investissements.
"Nous partageons l'opinion de nombreux analystes selon laquelle le quatrième trimestre 2004 sera une période de croissance relativement modeste pour l'industrie des semi-conducteurs, en raison d'une croissance plus faible que prévue de la demande ce qui a entraîné la constitution de stocks dans certains segments de marché et a limité la capacité d'imposer les prix" avait indiqué Pasquale Pistorio, le président de STMicroelectronics dans un communiqué.
Les stocks sont également mis en cause par Fairchild, un autre acteur du marché des semi-conducteurs. Là encore les ventes pour le troisième trimestre sont en hausse (+25%, CA de 409,7 millions de dollars) mais les prévisions pour le dernier trimestre de l'année sont également en baisse pour cause de "diminution de l'utilisation de la capacité". Les niveaux de production devraient être réduits et la société s'applique à corriger ses stocks. Les sociétés Intel et Philips - lequel s'attend à une stagnation de ses ventes - ont annoncé également des résultats en hausse au troisième trimestre mais des prévisions prudentes ou en baisse pour le quatrième.
| De nombreux acteurs du marché prévoient des licenciements |
Malgré souvent des bons résultats, de nombreux acteurs du marché prévoient aussi des licenciements. Ainsi si le fournisseur de semiconducteurs Freescale (ancienne division de Motorola) signale la suppression de 1 000 emplois dans le monde et enregistre une restructuration d'un montant de 65 millions de dollars au quatrième trimestre, la société a pourtant enregistré une hausse de ses bénéfices au troisième trimestre (57 millions de dollars) et amélioré ses marges brutes. Il s'agit surtout selon Michel Mayer, son PDG, de générer des économies pour accélérer "le développement d'un nouveau produit, d'optimiser notre prépondérance technologique et de mener une relation client plus étroite dans toutes nos activités".
D'autres sociétés annoncent des suppressions d'emplois, 100 pour Agilent Technologies aux Etats-Unis, 70 pour Recif en France. Les licenciements font suite à la baisse de la demande et visent à réduire les dépenses.
Néanmoins, la nuance s'impose car malgré une baisse relative, le secteur continu à être en croissance. Ainsi, un rapport Gartner Group d'août dernier prévoyait pour 2004 un chiffre d'affaires pour le secteur en hausse, représentant 226 milliards de dollars, soit 27,4% d'augmentation depuis 2003. Et cela malgré l'augmentation notable des stocks et la baisse de la demande. Les analystes de Gartner rappellent qu'en 2001 la hausse des stocks avait été le premier signe du ralentissement du secteur des télécoms mais le cabinet d'études ne juge pas cette fois la hausse inquiétante dans la mesure où le marché est également en croissance.
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