Hewlett-Packard, co-développeur avec Intel de la puce pour serveur
haut de gamme Itanium 2, a annoncé jeudi 16 décembre son intention
de se retirer de la conception de ce type de processeurs. La
totalité de l'activité sera transférée à son partenaire Intel
au cours de l'année 2005. Par ailleurs, le constructeur a débloqué
3 milliards de dollars jusqu'en 2007 pour promouvoir la puce
Itanium auprès de l'industrie logicielle.
"HP réaffirme clairement son soutien à
la plate-forme Itanium avec cet investissement significatif.
Aujourd'hui l'Itanium représente 22% des livraisons
de nos serveurs d'entreprises. Nous envisageons d'atteindre
les 50% avant la fin de l'année 2005. A ce jour, 2
900 applications ont été portées sur
l'Itanium. Nous espérons porter ce chiffre à
4 500", indique Benoît Maillard, porte parole
chez HP France.
Chez
HP, plusieurs centaines d'ingénieurs sont concernés par cette
opération. Ils travailleront à concevoir des processeurs multicur
et multitâche, une technologie chargée d'optimiser le traitement
de calculs en parallèle actuellement en cours de développement
chez Intel et qui doit émerger en 2006 pour ses puces orientées
serveurs. Cette décision met fin à un accord de 12 ans signés
entre les deux acteurs et remet en cause la position privilégiée
d'HP concernant la vente d'Itanium 2.
En effet, en tant que co-développeur, HP fabriquait ses propres
jeux de composants (chipsets) ce qui le distinguait des autres
vendeurs. Mais depuis le rachat de Compaq en 2002, la société
se repositionne davantage comme intégrateur que comme concepteur.
Ainsi les développements du processeur Alpha, puce haut de
gamme obtenue grâce à Compaq, ont été transférés en partie
à Intel. Même recul concernant ses propres puces 64 Bits,
les PA-RISC, pour lesquels HP ne prévoit plus d'intégrer les
technologies de clustering et de gestion des fichiers baptisées
Tru64 et héritées de Compaq.
"Nous
ne voulons plus être développeur de processeurs." |
"Nous ne voulons plus être développeur
de processeurs. Nous sommes dans une logique industrielle,
le processeur est une technologie de base. D'ici 2006 ou 2007,
nous allons également nous désengager des processeurs
Alpha et PA-RISC. Nous avons investis à l'origine pour
établir des standards mais c'est Intel qui porte désormais
la globalité des développements", affirme
Benoît Maillard.
Cette décision d'HP s'explique également par la déception
commerciale du produit. Déjà en septembre dernier, la firme
retirait de son catalogue l'Itanium 2 sur le marché des serveurs
d'entrée de gamme et des stations de travail. Un aveu d'échec
corroboré par les propos des responsables d'Intel tenus en
septembre. Les dirigeants du fondeur déclaraient alors
ne pas avoir atteint leurs objectifs sur cette puce (lire
l'article
du 21/09/2004).
Pourtant annoncé comme le remplaçant des processeurs RISC,
l'Itanium 2 ne représente en 2003 que 14 161 serveurs vendus
selon le cabinet d'études Gartner sur un marché total de 544
810 serveurs 64 bits. Au troisième trimestre 2004, HP se positionnait
comme le deuxième revendeur de serveurs au monde selon les
analystes IDC avec 26,8% de parts de marché, derrière IBM
(31,7%) et devant Sun (10,2%).
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