Depuis 1995, la mondiale envisage la migration de son système
mainframe Bull GCOS 8 qui gère ses applicatifs de gestion de
contrats individuels (retraite, prévoyance, santé et assurance
vie) vers des systèmes ouverts.
"La question de la migration s'est posée à partir de 95 et
jusqu'en 1999 mais jusqu'alors, la réponse avait été assez
simpliste : soit nous migrions tout, soit rien. En 1999, nous
avons fait un choix autre, celui de s'engager dans une stratégie
d'urbanisation et de rénovation du SI par opportunité en déclarant
qu'il y avait des bouts d'applications qu'il faudrait réécrire,
d'autres à passer en progiciel et d'autres encore à garder.",
affirme Vincent Béhague, directeur adjoint des systèmes d'information
de La Mondiale.
Le
démarrage du projet de migration technique des applications
restantes sur Bull Gcos8 vers un environnement middleframe
basé sur un serveur d'applications BEA Weblogic, une base
de données Oracle et une plate-forme Unix n'était envisagé
qu'à l'issue de ses travaux soit à horizon 2004 ou 2005.
Mais dès 2001, la direction générale presse le démarrage
du projet de migration technique afin de se prémunir contre
les problèmes financiers que connaît la société Bull, ceux
ci pouvant entraîner un abandon du système GCOS 8. "Dans une
logique de gestion de risques, nous avons commencé une étude
préalable en novembre 2001 qui a débouché sur une validation
des délais et du budget en mai 2002. L'ensemble a été respecté
et le passage en production s'est déroulé le premier septembre
2004", indique Vincent Béhague.
"Les migrations réussies sont celles qui ne mélangent
pas les genres" |
Pour y parvenir, la DSI se concentre sur une migration purement
technique et non fonctionnelle. "Dès le début nous avons dit
aux utilisateurs que le système allait être reconduit à l'identique.
C'est un point critique de la réussite du projet. Toutes les
migrations réussies sont celles qui ne mélangent pas les genres.
Par exemple, il existait un projet de refonte sur une application
de gestion du commissionnement des commerciaux. Nous avons
préféré migrer l'ancien code afin d'éviter d'être prêt et
de devoir attendre que le projet de refonte soit fini. Bien
nous en a pris puisqu'il était terminé deux mois après la
migration.", note le DSI adjoint.
Autre critère clé de la réussite du projet, l'intégration
très tôt des exploitants dans l'équipe projet, dès sa validation
par la direction générale. "il fallait les intégrer car l'exploitation
était intimement liée à ce projet", déclare Vincent Béhague.
Pour les utilisateurs, la migration a nécessité de limiter
le volume de la maintenance même si elle leur a été
bénéfique au final.
Du coté de la direction générale, la communication s'est
axée sur le respect des budgets et des délais. Chaque étape
majeure a ainsi été validé par la direction générale après
présentation d'un état des lieux et des risques encourus.
Pourtant, le projet a connu quelques soucis. "Au début le
temps de réponse était de trois fois ce que nous attendions.
Après avoir réussi à optimiser l'architecture, le temps de
réponse était divisé de moitié par rapport aux prévisions.",
souligne Vincent Béhague.
Mais la principale difficulté du projet n'a pas porté sur
la technique mais sur les relations humaines. Ainsi le directeur
adjoint décrit ses relations avec MetaWare, la société chargée
de convertir le code, comme "parfois tendues". De cette migration
en ressort trois leçons selon Vincent Béhague. "Tout d'abord,
il faut mettre un peu d'argent sur la table dans l'étude préalable
pour avoir une idée précise du déroulement du projet. Ensuite,
il faut veiller à ce que l'esprit initial du projet soit respecté.
Enfin, il est nécessaire de bien choisir ses prestataires
et leurs domaines d'intervention puis faire en sorte que
tout le monde aille dans le même sens", conclut le DSI adjoint
de la Mondiale.
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