L'ancien directeur Internet du Printemps et ex-directeur conseil de Business Lab a créé en 2003 Performance Interactive, société de conseil opérationnel spécialisée sur les supports interactifs. Observateur privilégié de l'évolution des technologies Web, il pointe l'écart entre l'équipement des internautes, désormais bien équipés en accès haut débit, et les infrastructures des sites Internet qui n'ont pas suivi.
JDN
Solutions. Pourquoi a-t-on l'impression que les infrastructures Web ne suivent pas le développement du haut débit ?
Paul-Emile Cadilhac.
Pour des raisons budgétaires. Le prix de la bande passante a diminué du côté des internautes et non du côté des entreprises. Je comprends relativement mal aujourd'hui pourquoi les fournisseurs d'accès ne proposent pas également une baisse des prix pour les éditeurs de sites Web. Par exemple, si l'on veut mettre en place sur son site de la vidéo pour une audience de quelques centaines de milliers de personnes par mois, cela revient à entre 15 000 à 20 000 euros chaque mois. De fait, certains de nos clients se plaignent de ces limites imposées.
On assiste à un déséquilibre inverse de celui de la situation passée. Auparavant, c'était les internautes qui n'étaient pas équipés de haut débit et les sites Internet qui devaient être réalisés en tenant compte de cette contrainte. Aujourd'hui, alors que la plupart des internautes disposent du haut débit, ce sont les sites qui n'ont pas les moyens de s'en servir. Pour le moment, le seul bénéfice pour les internautes réside dans un affichage plus rapide des pages.
Que faut-il faire pour que les infrastructures s'adaptent malgré la contrainte budgétaire ?
L'augmentation du nombre de requêtes simultanées favorise les projets d'évolution d'infrastructure machine. Quand l'affichage grâce au haut débit se fait à la seconde, on augmente le nombre de requêtes. On assiste à des problématiques serveur, la qualité des développements peut également être à revoir pour répondre aux problèmes de charge - comme les bases de données qui peuvent être mal utilisées. Les clients réfléchissent à la question et tentent de mettre en place des infrastructures pour absorber les charges qui augmentent à audience constante.
Avez-vous des exemples ?
Auchandirect a essayé de tirer parti du haut débit, le groupe a refait son site en se centrant sur les interfaces visuelles pour la reconnaissance des produits. Cela part du principe que pour la présélection d'un produit en magasin, l'essentiel se fait sur le visuel, il n'y a lecture qu'au moment du choix définitif. Ils réfléchissent également aux impacts charge / machine pour produire davantage de pages. Pour le moment, l'impact sur la bande passante est raisonnable car le site est essentiellement de l'image, moins du multimédia.
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