Eric Chiquet est responsable produit IBM en charge de l'offre
stockage sur la région ouest (France, Belgique, Luxembourg).
Il détaille sa vision du mid-market et la stratégie
de partenariat d'IBM face à son concurrent principal
: EMC.
JDN Solutions : Les principaux constructeurs
ont lancé récemment de nouvelles gammes de produits destinées
au marché des PME, ce secteur est-il la clé de la croissance dans
le domaine du stockage ?
Eric
Chiquet : Très clairement, quand on regarde les courbes
d'évolution, les croissances les plus importantes en termes
de part de marché se situent sur deux segments : les produits de milieu de gamme et le stockage sur disque. Il devient toutefois de plus en plus
difficile de qualifier le milieu de gamme, cette offre présentant désormais
un niveau de qualité presque équivalent au haut de gamme. Ce secteur
croit très très vite et sa progression ne s'affaiblit pas. Ce
phénomène de croissance est renforcé par une technologie
qui devient de plus en plus accessible.
Le
stockage sur disque prend de l'ampleur pour certains clients
qui avant n'envisageaient que le stockage sur cartouches ou
bandes. Cette croissance du stockage sur disque s'explique
par la conjonction de plusieurs éléments. Aujourd'hui, la
technologie permet de mettre 300 Go sur 3,5 pouces de surface.
D'autre part, sur la partie serveur, l'iSCSI et le NAS
ont démocratisé le stockage en réseau. Enfin, nous assistons
à une prolifération des serveurs d'entrée de gamme. Ces serveurs,
qui auparavant disposaient de leurs propres systèmes de stockage
sur disque, sont devenus trop contraignants à gérer. Nous
assistons à un phénomène de consolidation.
La contrainte de la consolidation obligeait jusqu'à présent
de passer par le Fiber Channel, une technologie trop chère
pour un client disposant seulement de petits serveurs Windows.
Mais maintenant que nous disposons d'autres technologies à
moindre coût, la consolidation attire car elle facilite la
gestion du stockage au quotidien. Ceci étant aidé par la mise
à disposition d'autres technologies telle que la virtualisation
afin de consolider et mutualiser l'environnement de stockage.
"La
virtualisation simplifie la gestion des environnements
de stockage hétérogènes". |
Les clients ont tendance à évoluer dans des environnements
de stockage hétérogènes combinant des équipements EMC/HP par exemple.
Cela nécessite des subtilités dans l'administration qui se
traduisent par des contraintes. La virtualisation simplifie
la chose et joue le rôle d'outil d'unification sur le court
ou moyen terme en offrant une vision de l'ensemble
comme un espace de stockage unique. Cela facilite également la gestion
de fonctions avancées comme la copie à distance ou entre
unités hétérogènes.
En conséquence, quels sont vos
objectifs et comment vous positionnez-vous sur ce marché ?
IBM est passé d'une position de quasi-monopole, période qui
a duré jusqu'à la fin des années 80, a une situation concurrentielle
aujourd'hui. L'entreprise a connu un gros recul dans les années
90 avec l'arrivée de nouveaux acteurs, notamment EMC qui
désormais prend beaucoup de place sur le marché. Notre stratégie
n'a pas été toujours très claire et nous avons connu des revers
sur certaines technologies.
Vers la deuxième moitié des années 90, le groupe a pris conscience
de cette situation. Un plan de développement de nouveaux produits a été lancé en s'appuyant
sur les solutions déjà existantes chez IBM, la
gamme pSeries par exemple sur le terrain des contrôleurs de stockage.
Notre deuxième décision a consisté à lancer des partenariats en OEM. Aujourd'hui, lorsqu'on se penche sur le portefeuille produits d'IBM, on s'aperçoit que l'offre est très différente de ce que nous proposions il y a 10 ans. Les accords OEM comme ceux que nous avons signés avec NetApp ou Engenio, nous permettent d'adresser l'ensemble du marché. Ajouté à cela la partie logicielle et la virtualisation, nous sommes armés pour reconquérir les parts de marché perdues ces dernières années.
"Notre
objectif consiste à redevenir le numéro
un du stockage dès 2007". |
Notre objectif consiste à redevenir le numéro un du stockage
dès 2007, notamment face à notre concurrent principal EMC.
HP est un acteur que nous rencontrons beaucoup sur l'entrée
de gamme mais sa stratégie me paraît beaucoup moins claire
que celle d'EMC. Nous ne le voyons pas se positionner sur
la virtualisation ni sur les solutions complètes regroupant
matériels, services et logiciels.
Vous venez de lancer vos premiers
produits compatibles Fiber Channel 4Gbits, quel intérêt apporte
cette nouvelle technologie aux clients ?
L'intérêt c'est la performance. Les utilisateurs
doivent gérer des capacités de plus en plus importantes. Aujourd'hui,
toutes les unités commercialisées fournissent un débit de
2 Gbits, personne n'envisage d'acheter du 1 Gbits. Pendant
un certain temps, le marché pensait sauter du 2 Gbits au 10
Gbits mais le 10 Gbits nécessite des modifications qui vont
plus loin : il faut modifier directement la trame réseau ce
qui implique un risque d'incompatibilité entre équipements.
Alors tout le monde s'est positionné sur le 4 Gbits. D'ici
la fin de l'année, les constructeurs proposeront des disques
en 4 Gbits et des adaptateurs. Brocade propose déjà des switchs.
EMC, Hitachi, et HP aussi je suppose, l'ajouteront à leur
catalogue dès la fin de l'année. De son côté, le client adoptera
la technologie s'il peut acheter du 4 Gbits au prix du 2 Gbits.
Cela ne signifie pas l'enterrement du 10 Gbits pour autant
et nous travaillons toujours à rendre compatible le 10 Gbits
avec le 2 Gbits. Cet objectif devrait être atteint à l'horizon
2007/2008.
Les clients réalisant de la copie à distance vont pouvoir
l'utiliser tout de suite d'ailleurs. Il suffit de connecter en liaison
Fiber Channel deux unités identiques à 4 Gbits pour de meilleures
performances.
Dans les applications, le gain est immédiat sachant que l'unité
s'adapte automatiquement à l'environnement : si l'ensemble
est en 2 Gbits, elle travaille en 2 Gbits, sinon elle exploite
le 4 Gbits partout où cela fonctionne.
|